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Les Suisses sont opposés au «tourisme de la mort»

En Europe, seuls les pays-Bas, la Suisse et la Belgique autorisent l'assistance au suicide. Keystone

L'assistance au suicide reste bien tolérée en Suisse, selon un sondage paru dans plusieurs journaux dominicaux.

Toutefois, une majorité de personnes sondées il y a quelques jours s’opposent au «tourisme de la mort».

Selon ce sondage, réalisé auprès de 500 personnes par l’institut Demoscope pour le «Matin Dimanche», le «SonntagsBlick» et «Il Caffè», seuls 15% des sondés veulent interdire l’assistance au suicide en Suisse.

Quelque 53% de la population envisage de recourir un jour à l’assistance au suicide mais seulement en cas maladie incurable et 27% y sont favorables sans restriction.

Par ailleurs, 45% des sondés aimeraient que les proches aient leur mot à dire, si la personne concernée n’est plus en état de faire part de ses volontés.

Non au «tourisme de la mort»

La question de savoir si des étrangers doivent pouvoir continuer à venir en Suisse pour bénéficier de l’assistance au suicide est beaucoup plus controversée: 54% des sondés sont contre. Les Romands sont d’un autre avis: 56% tolèrent ce «tourisme de la mort» et 37% le désapprouvent.

Parallèlement, un sondage similaire, réalisé par l’Institut Isopublic celui-ci, est publié dans la «SonntagsZeitung». Il indique que 49% des Suisses alémaniques rejettent le «tourisme de la mort» contre 46% d’avis favorables.

Difficultés pour Dignitas

Ces sondages ont été réalisés alors que l’organisation Dignitas défraie la chronique avec ses difficultés croissantes à trouver un nouveau lieu où pratiquer l’assistance au suicide.

D’abord installé dans un quartier résidentiel (contre l’avis de 74% des sondés), le groupe de l’avocat zurichois Ludwig A. Minelli a reçu en juillet sa lettre de résiliation pour l’appartement qu’il occupait depuis huit ans.

L’organisation a alors loué un autre appartement dans un quartier zurichois, mais les voisins se sont plaints, fin septembre, des cercueils quittant les lieux. Puis elle a exercé clandestinement dans un hôtel (indécent, jugent 87% des sondés) avant de se réfugier dans une zone industrielle. Mais les autorités sont cependant à nouveau intervenues pour interdire Dignitas.

Où faut-il donc exercer ces soins? 66% des sondés estiment que l’Etat devrait prendre en charge l’assistance au suicide pour les étrangers, dans des hôpitaux ou des établissements spécialisés.

Flou juridique

Il faut dire que, contrairement à l’autre importante organisation d’aide au suicide Exit, Dignitas accueille une majorité d’étrangers en provenance de pays qui l’interdisent.

Seuls la Suisse, la Belgique et les Pays-Bas tolèrent cette pratique aujourd’hui, mais le flou juridique reste important. Le ministre de la Justice Christoph Blocher a récemment refusé d’intervenir au plan national avec une loi cadre, estimant que la législation actuelle est suffisante.

Mais Dignitas a subi de nombreuses critiques ces derniers jours, notamment à propos des tarifs pratiqués. Alors que M. Minelli affirme que les frais tournent autour des 3000 francs, une ancienne collaboratrice avait parlé de factures allant jusqu’à 8000 francs.

Résultat: 83% des sondés estiment que seuls les frais courants devraient être couverts et 10% seulement qu’on puisse s’enrichir avec ce genre de service.

swissinfo et les agences

La Suisse compte cinq organisations d’aide au suicide qui accueillent environ 350 personnes par an.
Exit compte 50’000 membres et, en 2006, a aidé 150 Suisses à mourir à domicile.
Dignitas a 5000 membres et a aidé 195 personnes en 2006 (120 étrangers).

Suisse: le suicide assisté et l’euthanasie passive sont permis, mais l’euthanasie active est illégale.

Allemagne et Italie: le suicide assisté est illégal.

France: l’euthanasie passive par les médecins et les proches sera bientôt autorisée mais l’euthanasie active reste illégale.

Pays-Bas et Belgique: l’aide au suicide est permise avec l’accord express du patient.

Grande-Bretagne: la législation contre le suicide assisté est la plus sévère d’Europe.

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