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Les TIC pour sortir du chômage

A l'Institut de technologie de Durban, les jeunes défavorisés peuvent apprendre l'informatique. swissinfo.ch

Permettre à des jeunes déshérités de lancer leur entreprise. C’est le défi que tente de relever un programme sud-africain soutenu par la coopération suisse.

Mais cette initiative bute sur la méfiance des banquiers et les ravages du sida.

Plus de la moitié des Sud-Africains âgés de 15 à 30 ans sont sans emploi. 61% d’entre eux sont noirs, alors que 10% de ces chômeurs sont blancs.

Ces chiffres sans appel sont avancés par la Swiss-South African Cooperation Initiative (SSACI), une organisation créée en 2001 par l’agence helvétique de coopération (DDC) et des entreprises suisses actives en Afrique du Sud.

Selon le responsable de la SSACI, ces disparités sont un héritage direct de l’apartheid.

«Les faibles moyens affectés à l’éducation des Noirs – durant l’apartheid – continue de leur porter préjudice», affirme Ken Duncan.

«En général, poursuit le responsable, leurs qualifications sont plus faibles que celles des Blancs, en particulier dans le domaine des mathématiques, des sciences et des technologies.»

«La plupart de ces jeunes, ajoute Ken Duncan, vivent dans des ghettos où l’emploi se fait rare. Une situation qui les désavantage également dans la recherche d’un emploi.»

Une chance à saisir

Loin de tout fatalisme, la SSACI estime pourtant que l’apprentissage et la maîtrise des technologies de l’information et de la communication permettent à ces jeunes défavorisés de trouver plus facilement un emploi en ville.

«En Afrique du Sud, le secteur des TIC est en pleine croissance», souligne Ken Duncan.

«Ce qui se traduit, poursuit-il, par des bénéfices et un chiffre d’affaires en hausse, mais surtout – et c’est ce qui nous intéresse vivement – cette croissance crée des emplois. Une occasion que les jeunes peuvent saisir.»

Raison pour laquelle l’organisation est en train de mettre sur pied un projet de création d’entreprises avec l’Institut de technologie de Durban.

Trente étudiants suivent ce programme qui comprend – outre l’apprentissage des TIC – des cours de gestion et des conseils pour lancer une petite entreprise.

Shirlee Parsons, responsable de ce programme, ajoute: «Nous les aidons aussi à se construire un parcours de vie. Les aspirations individuelles n’ont en effet guère de place chez la grande majorité des Noirs de ce pays.»

Forts des compétences qu’ils ont acquises cette année, les 30 étudiants tentent maintenant de lancer chacun une entreprise (fourniture d’équipement électronique, conception graphique de site web, etc.)

Une course d’obstacles

Mais, à les entendre, rien n’est gagné d’avance. Le capital risque semble hors de portée pour ces jeunes qui se voient reprocher leur manque d’expérience professionnelle.

«Les banques demandent des fonds propres. Mais lorsque vous venez d’un milieu défavorisé, il y a bien des chances que vous n’ayez pas le premier centime pour lancer une entreprise», ajoute Zaheera Patel, qui travaille au lancement de sa propre compagnie de design graphique.

«Personne ne veut se porter garant pour eux et les banques se refusent à assouplir leurs conditions», confirme Shirlee Parsons.

Cet obstacle est de taille. Mais une autre menace pèse sur la carrière de ces jeunes défavorisés.

Une bombe à retardement

Près de 12% de la population sud-africaine est infectée par le virus du sida, un des des taux les plus élevés de la planète. Selon l’ONU, 60% des jeunes actuellement âgés de 15 ans seront tôt ou tard infectés par le virus.

On s’attend donc en Afrique du Sud à voir la population active payer un lourd tribut à la pandémie.

Du reste, les effets dévastateurs du sida se font déjà sentir parmi les étudiants de Shirlee Parsons.

«Au moins huit d’entre eux ont perdu un proche en l’espace d’un mois», souligne-t-elle.

Et de conclure: «Ils vivent au milieu d’un champ de mines. Dans ce contexte, la réalisation de soi passe au dernier plan.»

swissinfo, Anna Nelson, Durban
(traduction: Frédéric Burnand)

– En Afrique du Sud, 42% de la population active est âgée de 15 à 30 ans.

– 6% des jeunes Noirs ont un diplôme universitaire. Un taux qui monte à 32% chez les jeunes Blancs.

– L’Afrique du Sud compte 10’000 enfants des rues, selon l’ONU.

– 60% des Sud-Africains de sexe masculin et âgés de 15 ans seront infectés par le virus HIV au cours de leur existence.

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