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Les trois châteaux de Bellinzone font désormais partie du patrimoine mondial

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Castelgrande, Montebello, Sasso Corbaro: les trois châteaux de Bellinzone, chef-lieu cantonal du Tessin, viennent d´être classés par l´UNESCO dans la liste des sites du patrimoine mondial. Retour sur l´histoire d´une forteresse unique dans l´arc alpin.

Le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui tient sa session annuelle cette semaine à Cairns, en Australie, a décidé d’ajouter 61 nouveaux sites culturels et naturels sur la Liste du patrimoine mondial. Les trois châteaux de Bellinzone, au Tessin, y ont été inscrits, comme prévu.

Le bourg et les châteaux de Bellinzone ont longtemps servi de verrou et de refuge stratégiques. Côté nord, ils contrôlaient l’accès à quatre grands cols alpins (Nufenen, Gothard, Lukmanier et San Bernardino) et plus loin aux régions du Rhin et du Danube. Côté sud, ils surveillaient l’une des grandes portes de la plaine du Pô et de la Lombardie.

Les archéologues estiment que la colline du Castelgrande constitue sans aucun doute le plus ancien des sites habités de la vallée du Tessin et qu’il a été occupé dès le néolithique. Les Romains en avait fait un point d’avant-garde et un relais de leurs conquêtes, puis un point de défense lorsque la menace barbare se fit vraiment menaçante.

Plus tard, le site de Bellinzone passa successivement aux mains des Ostrogoths, des Byzantins puis des Lombards. L’origine des premières constructions dont subsistent les plus anciens vestiges connus remonte probablement au Xe siècle. Et c’est peu à peu, notamment lorsque Frédéric Barberousse prit possession des lieux, que la bourgade, la citadelle du Castelgrande et ses remparts commencèrent à prendre forme.

Le château de Montebello (d’abord baptisé Castel piccolo) fut construit autour des années 1300, puis intégré dans le système de fortification. Sous les Visconti, Bellinzone devint alors chef-lieu des territoires alpins contrôlés par les Milanais. Une longue muraille (la Murata) fut érigée pour renforcer le dispositif de défense et permettre une surveillance accrue des mouvements commerciaux et de la contrebande.

Au XVe siècle, la pression des troupes confédérées se fit de plus en plus forte. Suite à un siège éprouvant, Milan décida à la hâte de construire un troisième château, le Sasso Corbaro, indépendant cette fois du réseau de fortification.

Mais cela ne suffit pas à contrer le cours des événements. En 1500, Bellinzone se soumit aux Suisses et fut directement administrée par les trois cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald qui donnèrent chacun leur nom à l’un des châteaux.

Cet ensemble monumental, lit-on dans le dossier présenté par la Suisse à l’UNESCO, «est le seul et unique exemple, encore visible sur tout l’arc alpin, d’architecture militaire médiévale».

Comparé à d’autres grandes forteresses européennes (de Helsingborg à Dubrovnik en passant par Luxembourg et autres lieux de garnisons), celle de Bellinzone est toutefois jugée comme un cas à part «à la fois pour la dimension de son architecture conditionnée par le site et pour l’excellent état de conservation de l’ensemble».

A ce propos, un débat, pour ne pas dire une polémique, a surgi au moment de l’établissement de la candidature de Bellinzone. Des spécialistes ont contesté certaines restaurations qui, à leurs yeux, privilégiaient le pittoresque au détriment des caractéristiques historiques des bâtiments. L’UNESCO a finalement estimé que les aménagements contestés ne remettaient pas en cause l’authenticité fondamentale du site.

Sur la Liste du patrimoine mondial, qui compte désormais 690 sites, les châteaux de Bellinzone rejoignent ainsi trois autres ensembles architecturaux suisses, à savoir la vieille ville de Berne, le couvent de Saint-Gall et le couvent bénédictin Saint-Jean-des-Sœurs à Mustaïr, dans les Grisons.

Bernard Weissbrodt

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