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Libre circulation: la droite et la gauche au front

Ses partisans voient la libre circulation comme une chance, et non comme un danger. Keystone

A gauche comme à droite, on craint les conséquences négatives d'un refus à l'extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux pays de l'UE.

A quelques semaines de la votation du 25 septembre, deux comités inter-partis font entendre leur voix.

Les Suisses ne sont pas isolationnistes, les précédentes votations l’ont montré. «Ils savent que l’ouverture et la coopération nous apportent plus d’avantages que d’inconvénients». Hans-Jürg Fehr, député et président du Parti socialiste (PS) en est convaincu. Il l’a répété jeudi devant la presse.

D’autant que l’extension de la libre circulation aux dix nouveaux pays membres de l’Union européenne (UE) sera accompagnée d’un dispositif contre la sous-enchère salariale et sociale. Tous les représentants du comité de gauche «Oui à la libre circulation des personnes et aux mesures d’accompagnement» l’ont rappelé.

Ce comité réunit le PS, les Verts, la Jeunesse socialiste, les Jeunes Verts, l’Union syndicale suisse (USS), Travail.Suisse, Solidarité sans Frontières et le Forum pour l’intégration des migrants. Parmi ces organisations, le PS et l’USS sont celles qui disposent des budgets de campagne les plus importants, estimés respectivement à 250’000 francs et entre 400’000 et 500’000 francs.

«Splendide autogoal»

Pour le député socialiste Christian Levrat, dire «non» en septembre serait un «splendide autogoal».

«En imposant au Parlement de nouvelles mesures d’accompagnement, les syndicats et la gauche ont obtenu les moyens de faire respecter le principe selon lequel toute personne travaillant en Suisse doit recevoir un salaire suisse», a ajouté le député, également vice-président de l’USS. Toutefois, il s’agit désormais de «transformer l’essai» pour que ces règles soient effectivement mises en oeuvre.

Un souci que partage Line Rouyet, de la Jeunesse socialiste. Seule l’application stricte des mesures d’accompagnement permettra de contrer l’ultralibéralisme ambiant. Pour elle, le dumping n’est pas une conséquence de la libre circulation, mais «une volonté des milieux économiques».

Le conseiller député vert Ueli Leuenberger a souligné quant à lui son opposition aux mesures de protection de la «droite populiste, isolationniste et xénophobe».

«Aujourd’hui, les travailleurs polonais, tchèques, slovaques servent de boucs émissaires pour faire peur à des gens qui, chez nous, sont inquiets pour leur propre avenir dans un monde incertain», a-t-il critiqué.

A droite aussi


Mercredi, le comité bourgeois «Oui aux accords bilatéraux», qui prône également le «oui» le 25 septembre avait déjà donné de la voix. Pour lui aussi, la Suisse aurait tout à perdre d’un rejet de l’extension de la libre circulation.

Le comité a rappelé l’importance du marché européen pour l’économie suisse, largement axée sur les exportations. Ces accords sont «la voie royale» pour pouvoir y accéder de manière optimale, a noté le député radical Johann Schneider-Ammann, par ailleurs président de Swissmem, l’organisation faîtière de l’industrie des machines.

L’extension de la libre circulation est donc «une opportunité à saisir». D’autant que les mesures visant à éviter la sous-enchère en matière de salaires et de conditions de travail ont été renforcées.

Il ne faut toutefois pas que ces mesures entravent la compétitivité de la Suisse. Johann Schneider-Ammann ne nie pas qu’il existe une certaine pression salariale, mais selon lui, elle découle de la mondialisation et de la concurrence accrue, et non de l’Union européenne (UE) et de son élargissement.

Boom à l’Est

Le comité bourgeois a en outre souligné les bonnes perspectives économiques des «dix nouveaux», avec à la clé une amélioration rapide de la prospérité et des salaires dans ces pays. Leurs ressortissants sont toujours plus nombreux à pouvoir s’offrir des produits suisses.

D’ici la fin du régime transitoire prévu par la Suisse (en 2014), presque tous les nouveaux membres de l’UE bénéficieront d’une situation avoisinant les 70% du niveau suisse, estime la députée démocrate-chrétienne Viola Amherd.

Pour elle, il est clair que leurs habitants seront alors encore moins enclins à émigrer qu’ils ne le sont aujourd’hui. «La plupart des gens ne souhaitant pas troquer un environnement connu contre des obstacles sociaux, linguistiques et culturels», a-t-elle avancé.

De son côté, le député évangélique Walter Donzé a mis l’accent sur le lien entre le scrutin de septembre et la voie bilatérale poursuivie avec Bruxelles depuis douze ans. Pour lui, accepter l’extension de la libre circulation relève de la «décision de principe».

swissinfo et les agences

Le peuple suisse vote le 25 septembre sur l’extension de la libre circulation des personnes aux dix nouveaux pays membres de l’Union européenne.
Ces dix pays sont la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la République tchèque, la Slovénie, la partie grecque de Chypre et Malte.
Le 5 juin, les Suisses ont accepté à 54,6% l’adhésion du pays aux accords de Schengen/Dublin.

– Le comité de gauche «Oui à la libre circulation des personnes et aux mesures d’accompagnement» regroupe des personnalités du Parti socialiste, des Verts, de la Jeunesse socialiste, des Jeunes Verts, de l’Union syndicale suisse, de Travail.Suisse, de Solidarité sans Frontières et du Forum pour l’intégration des migrants

– Le comité bourgeois «Oui aux accords bilatéraux» réunit 100 parlementaires fédéraux des partis Radical, Démocrate-chrétien, Libéral et Evangélique.

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