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Lutte contre la pauvreté: la Suisse en rangs dispersés

Há 49 "países mais pobres", 33 na África.

Troisième Conférence de l'ONU sur les pays les moins avancés (PMA), cette semaine, à Bruxelles. Les ONG helvétiques boudent l'événement. La Suisse officielle, elle, veut en profiter pour demander à la communauté internationale davantage d'engagement.

PMA. Le sigle date d’une trentaine d’années. Dans le jargon onusien, il désigne une série de pays jugés «structurellement handicapés dans leur développement». Entendez que les revenus y sont très bas, la qualité de vie insuffisante et l’économie particulièrement vulnérable. Concrètement, la majorité des gens y vivent avec moins de deux dollars par jour.

Lors de la première conférence de 1981, 25 pays figuraient sur cette liste de la pauvreté mondiale. Avec le Sénégal qui vient d’y faire son apparition, leur nombre est aujourd’hui de 49. Vus sous un autre angle, ces dix pour cent de la population mondiale ne participent qu’à un petit demi-pour-cent du commerce international. C’est dire que la réunion de Bruxelles s’ouvre sur un constat de trois décennies d’échecs.

Jean-François Giovannini, directeur-adjoint de la coopération et membre de la délégation suisse à Bruxelles y voit plusieurs explications, à commencer par la sous-évaluation des aspects politiques: «on n’a pas assez vu qu’on ne peut pas développer un pays sans de bonnes institutions démocratiques».

Et de montrer du doigt aussi le manque de coopération des pays concernés avec leurs voisins immédiats – «on ne peut pas résoudre les problèmes de manière isolée et sans intégration régionale» – ou le manque de moyens: «la dette étouffe beaucoup de pays, l’aide publique au développement est insuffisante, les flux financiers ne sont pas à la mesure des problèmes».

D’où le message que la Suisse entend faire passer à Bruxelles: «ce que nous espérons, dit encore Jean-François Giovannini, c’est que la volonté politique doit se réveiller et que la communauté internationale doit faire un effort beaucoup plus substantiel.» Autrement dit, il n’y a pas d’autre issue qu’une véritable alliance des États et des grandes institutions comme la Banque mondiale notamment.

Quid des ONG, les organisations non gouvernementales? Elles sont plus d’un millier à avoir fait le déplacement à Bruxelles, avant même l’ouverture de la Conférence. On dit aussi qu’elles auront la possibilité, chaque jour, de faire état de leurs propres discussions dans les séances plénières, ce qui marquerait un progrès dans les habitudes de l’ONU.

En Suisse pourtant, les ONG ne se sont guère mobilisées. Aucun de leurs représentants ne fait partie de la délégation officielle, alors que c’est habituellement le cas dans de nombreux rendez-vous internationaux. Du moins cela tranche-t-il avec la façon dont elles avaient été ou s’étaient impliquées dans le Sommet social de l’an dernier à Genève.

Pourquoi ce silence et cette absence? C’est une question de ressources et de priorités, répondent les principales ONG suisses concernées par ce thème. Le calendrier international aligne en effet les grandes échéances: session spéciale de l’ONU sur l’enfance, Conférence sur le racisme, Sommet de l’OMC. Et les associations ne disposent ni de l’argent, ni des personnes, ni du temps nécessaire à les suivre toutes.

S’agissant de Bruxelles, les ONG suisses ont certes été consultées par les instances gouvernementales. Mais le manque de résultats des précédentes éditions de la Conférence sur les pays les moins avancés n’a guère suscité l’enthousiasme. Et comme Copenhague, Genève et les autres récents sommets «rhétoriques» censés mobiliser le monde contre la pauvreté n’ont pas porté non plus les fruits attendus, il n’est pas difficile de deviner l’argument décisif de leur abstention.

Bernard Weissbrodt

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