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Lutte contre le blanchiment: l’administration perd ses spécialistes

A la fin de l’été, Daniel Thelesklaf avait dénoncé le manque de moyens de son service. Keystone Archive

Chef du Bureau de communication en matière de blanchiment jusqu'au 30 novembre, Daniel Thelesklaf. A peine a-t-il quitté l'administration qu'il a présenté à Genève un exposé: «Comment est-il possible d'utiliser Internet pour blanch

Grand, le cheveu très court et en costume-cravate très strict, Daniel Thelesklaf, 36 ans, diplômé de droit de l’Université de Zurich, n’a rien d’un plaisantin.

Mais, invité vendredi à Genève par Academy & Finance dans un colloque sur les «blanchisseurs» en l’an 2000, le patron démissionnaire du Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent s’est mis, d’une manière provocatrice, dans la peau d’un malfrat. Une façon de montrer que les criminels n’ont pas grand-chose à craindre de l’administration helvétique.

«A ce jour, il n’y a aucun cas connu de blanchiment de capitaux par Internet. Pourtant, je viens d’ouvrir sans aucun problème un compte au nom de Mickey Mouse sur la Cybank, un établissement totalement virtuel», annonce Daniel Thelesklaf. En effet, sans jamais rencontrer physiquement son banquier, il est aujourd’hui possible de posséder des comptes et de transférer à l’autre bout de la planète des millions de francs.

«En une nuit, un blanchisseur peut effectuer des milliers de transactions. Une enquête pénale, en revanche, prendra des mois pour reconstituer une seule opération financière», ajoute l’ancien chef du Bureau de communication en matière de blanchiment.

A la fin de l’été, il avait dénoncé le manque chronique de moyens de son service, tout juste capable d’élaborer des déclarations, mais privé de moyens pour proposer des analyses fouillées sur le blanchiment.

Mais c’est bien l’ensemble de la lutte contre le blanchiment en Suisse qui donne des signes de malaise chronique. Alors que les quatre collaborateurs du Bureau de communication ont déjà donné leur congé, l’autorité de contrôle chargée de la surveillance du secteur parabancaire se retrouve dans une situation presque similaire. En effet, cinq des six salariés ont pris la porte. Le dernier collaborateur judiciaire, Raoul Sidler, avocat de formation, a démissionné jeudi dernier.

Niklaus Huber, le chef, se retrouve seul pour surveiller l’application d’une loi sur le blanchiment qui concerne dorénavant tous les intermédiaires financiers, c’est-à-dire un nombre incalculable de professions, des petits bureaux de change, aux régies immobilières et aux hôteliers, en passant par les négociants en matières premières.

Ian Hamel

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