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Mère, manager et consule honoraire à Pittsburgh

La nouvelle consule honoraire est aussi responsable de la filiale de l’entreprise helvétique Acutronic. swissinfo.ch

La nouvelle consule honoraire de Suisse à Pittsburgh, Dominique Schinabeck, incarne la double nationalité qui est sienne: elle parle l’anglais américain avec un accent alémanique. Et veut accroître la visibilité de la Suisse.

À 44 ans, cette nouvelle maman est aussi responsable de la filiale de l’entreprise helvétique Acutronic dont les principaux clients sont proches du Pentagone.

swissinfo.ch: Quel est le rôle d’un consul honoraire et quelles sont vos priorités à Pittsburgh et dans l’ouest de la Pennsylvanie?

Dominique Schinabeck: Le consul honoraire est une sorte d’ambassadeur non officiel de la Suisse. J’ai un rôle d’information et d’aide auprès des Suisses qui visitent ou vivent ici et auprès des Américains intéressés par la Suisse pour y voyager ou investir.

Le poste de consul honoraire a donc un aspect à la fois administratif et représentatif. Ma grande priorité, c’est placer la Suisse sur la carte, augmenter la connaissance de la Suisse, souligner que la Suisse constitue une belle opportunité d’investissement.

L’un des projets importants est de mener à son terme la construction de la Swiss Room, une salle de classe qui sera transformée en vitrine de la Suisse au cœur du campus de l’université de Pittsburgh.

swissinfo.ch: Quelle est la visibilité de la Suisse à Pittsburgh?

DS: Nous comptons 300 à 400 personnes qui ont des liens avec la Suisse. Environ 70 familles sont membres de la Swiss-American Society. Les gens de la région ont donc déjà une certaine connaissance de la Suisse. De mon côté, je succède au professeur Heinz Kunz qui fut un merveilleux consul honoraire pendant près de vingt ans.

swissinfo.ch: Le membre le plus en vue de la communauté suisse-américaine de Pittsburgh, la star du football américain Ben Roethlisberger, a été accusé de viol à deux reprises récemment. Sans être inculpé, il est réprimandé par la fédération et suspendu pour 6 matches. Sa disgrâce retentit-elle sur les relations de la communauté avec lui?

DS: Ben Roethlisberger est une idole pour beaucoup de jeunes. Il essaie maintenant de rectifier son image et il est important qu’il le fasse. Nous sommes depuis longtemps en contact discret avec lui à propos du projet de Swiss Room.

Dans le passé, il nous a fait don de T-shirts et de ballons objets autographiés que nous mettons aux enchères au profit de la Swiss Room. Mais je crois que son engagement dans des causes comme celle-ci peut l’aider à rétablir son image en montrant qu’il fait de bonnes choses.

swissinfo.ch: Devenir consul honoraire de Suisse vient s’ajouter à vos nombreuses occupations…

DS: Il s’agit en effet de combiner ce nouveau poste avec mon emploi de directeur de la filiale américaine de l’entreprise suisse Acutronic et avec mon rôle de maman d’une petite fille de 17 mois! C’est une question d’organisation. Il faut structurer les choses, déléguer et obtenir l’aide dont on a besoin.

swissinfo.ch: Quel est le profil d’Acutronic aux Etats-Unis?

DS: Nous employons 50 personnes à Pittsburgh où nous concevons et fabriquons des systèmes de tests de mesure et de simulation de mouvement qui équipent avions, satellites ou voitures. Ce sont des instruments de précision utilisés par nos clients pour calibrer leurs appareils.

Notre concurrent est la compagnie américaine Ideal Aerosmith. 60% de notre clientèle est dans l’aérospatiale, 20% dans les satellites, 10% dans l’automobile, le reste dans différents secteurs comme la marine.

swissinfo.ch: Quels sont les clients d’Acutronic les plus connus du grand public?

DS: Ce sont nos clients du domaine de la défense tels que Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, Honeywell. Il y a aussi la NASA, et puis des laboratoires de recherche et développement qui travaillent pour le gouvernement américain comme Sandia (NDLR: armes nucléaires), Lincoln (détecteurs et informatique) et Draper (espace, reconnaissance et biotech). Du reste, nos employés sont tous des citoyens américains. C’est nécessaire car une grande partie de nos activités ont trait à la défense

swissinfo.ch: Pour votre part, vous avez la double nationalité, suisse et américaine. Pourquoi?

DS: Je suis née à Boston d’une mère américaine et d’un père américain et allemand. J’avais 5 ans quand mes parents ont déménagé en Suisse. J’ai grandi à Zoug. Des années après, mes parents sont rentrés aux Etats-Unis avec mon frère. Moi, j’ai décidé d’aller à l’université de Saint Gall. Puis j’ai fait carrière en Suisse et en 2006, Acutronic m’a nommée à Pittsburgh.

swissinfo.ch: Comment avez-vous vécu votre retour aux Etats-Unis, vous, une Américaine qui parle anglais avec un accent alémanique?

DS: C’est toujours un choc de revenir quelque part parce que c’est un changement d’environnement et de mentalité. Ça m’a pris trois mois pour m’acclimater, mais aujourd’hui j’aime vraiment Pittsburgh.

Il y a du bon et du moins bon partout, et si vous vivez quelque part, il faut accepter le moins bon comme le bon. A Pittsburgh, il y a beaucoup de bonnes choses. J’apprécie les arts et la culture, or Pittsburgh est doté d’un excellent orchestre symphonique et de très bons musées.

Il y a aussi beaucoup de très bonnes installations sportives et d’activités de plein air: parcs, pistes cyclables, terrains de golf, destinations de randonnée. Mais je considère Zoug comme ma ville d’origine et j’ai la chance d’aller en Suisse quatre fois par an pour le travail et pour voir mes amis.

swissinfo.ch: Les Etats-Unis mènent deux guerres, l’une en Afghanistan, l’autre en Irak. Acutronic étant très impliquée dans la défense, le retrait des troupes américaines et la fin de ces conflits auront-ils un effet sur l’entreprise?

DS: Non, car la guerre tactique n’a pas beaucoup d’impact sur Acutronic. Nous sommes plus orientés vers la réplique aux menaces mondiales. Par ailleurs, et bien que déjà diversifiés, nous avons une stratégie qui vise à développer nos activités dans le secteur commercial non militaire.

Marie-Christine Bonzom, Pittsburgh, swissinfo.ch

Parmi les évènements montés par la nouvelle consul honoraire, figure un forum d’entreprises qui amènera cet automne à Pittsburgh des chefs d’entreprises suisses spécialisées dans les technologies et la construction écologiques.

Acutronic est la seule entreprise suisse installée à Pittsburgh.

300 à 400 habitants de Pittsburgh ont des liens avec la Suisse.

Une Swiss Room, représentation historique de la Suisse et vitrine de ses valeurs, doit ouvrir à l’université de Pittsburgh en 2011.

Pittsburgh est la deuxième ville de Pennsylvanie, l’un des 5 Etats de la fédération américaine à la plus forte densité d’habitants d’origine suisse.

Dominique Schinabeck est consul honoraire pour Pittsburgh et sa région depuis octobre 2009

Dirige la filiale américaine de l’entreprise Acutronic, dont le siège est à Bubikon

Est la mère d’une petite fille de 17 mois

Succède à Heinz Kunz, ancien professeur de médecine qui fut consul honoraire de 1990 à 2008 et qui préside le comité d’organisation de la Swiss Room

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