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Manif électorale sabotée par des violences

Policiers et casseurs se sont affrontés à coups de bouteilles et de gaz lacrymogènes. Keystone

Des contre-manifestants ont empêché le cortège de la droite nationaliste de l'UDC de gagner la Place fédérale pour un rassemblement électoral. La police a dû sortir les gaz lacrymogènes.

Le cortège s’est replié vers la Fosse aux ours, où le conseiller fédéral Christoph Blocher a dénoncé ces entraves à la liberté de parole.

A quinze jours des élections fédérales, le rendez-vous de l’Union démocratique du centre (UDC) était sous haute tension après l’annonce d’une contre-manifestation par le comité «Mouton noir», issu en majorité de la gauche alternative et antiraciste.

Samedi vers midi, emmenés par la mascotte de l’UDC, le bouc Zottel, entre 7000 et 10’000 membres et sympathisants du parti nationaliste se sont rassemblés vers la Fosse aux ours avec force drapeaux rouges à croix blanche. Ils comptaient traverser la vieille ville pour gagner la Place fédérale, où une grande fête était prévue.

Dans le même temps, des contre-manifestants ont érigé des barricades sur le passage du cortège et commis de premières déprédations.

Vers 14 heures, la police anti-émeute a donné l’assaut au gaz lacrymogène, soutenue par les «Hopp Schwiiz» des partisans de l’UDC. Les opposants ont répliqué avec des jets de bouteilles.

Repli improvisé

La manifestation s’est finalement repliée à la Fosse aux Ours, où, sur une tribune de fortune qui se trouvait sur place, le président du parti Ueli Maurer et le conseiller fédéral Christoph Blocher ont pris la parole.

Le premier a déploré les événements et appelé à «faire payer la facture le 21 octobre» en votant UDC. Quant à Christoph Blocher, entouré d’une douzaine de gardes du corps, il a déclaré que «ce jour restera dans l’histoire». Des vandales ont empêché le premier parti de Suisse de se réunir sur la Place fédérale, a-t-il ajouté, dans un tonnerre d’applaudissements.

Le conseiller fédéral Samuel Schmid, lui, est resté bloqué dans le Palais fédéral et n’a pu rejoindre la manifestation, où il devait s’exprimer également. Via son porte-parole, il a condamné ces violences qui ne correspondent pas «à la conception démocratique de la Suisse». Samuel Schmid a par ailleurs loué l’engagement de la police.

Confrontation évitée

Sur la place fédérale, les stands UDC ont été détruits, des restaurants ont été endommagés, des vitrines brisées et des voitures incendiées. Les dégâts atteignent plusieurs dizaines de milliers de francs.

Les affrontements entre policiers et casseurs se sont poursuivis tout l’après-midi dans la vieille ville. Dans la soirée, la police signalait une vingtaine de blessés et des dizaines d’interpellations.

Malgré cela, une confrontation directe entre manifestants a été évitée. Le service d’ordre de l’UDC a réussi à empêcher une cinquantaine de jeunes membres de marcher sur la Place fédérale.

Quant à la présence d’une centaine de néo-nazis au crâne rasé dans les rangs de la manifestation, le vice-président de l’UDC Yvan Perrin l’a regrettée. «Mais tant qu’ils ne font rien, on ne peut pas les exclure», a-t-il ajouté.

Le maire de Berne «en colère»

De son côté, le maire de Berne Alexander Tschäppät a condamné «fermement» ces excès, estimant qu’en Suisse, la liberté d’expression est valable pour tous.

«Ce droit fondamental est un pilier de la démocratie que nous ne pouvons laisser détruire par n’importe quels groupements, quel que soit leur camp», a expliqué le maire socialiste.

Le rassemblement anti-UDC de la Place de la cathédrale s’est déroulé pacifiquement pendant ce temps. Selon ses organisateurs, 3000 personnes y ont pris part pour dénoncer le racisme. La Jeunesse socialiste, co-organisatrice, s’est distanciée des violence.

Enfin, à Genève et Zurich, des manifestations anti-UDC ont été organisées samedi, une vingtaine de personnes ont défilé dans le calme à Genève et une douzaine à Zurich.

swissinfo et les agences

Ce parti de la droite nationaliste est le plus important des quatre partis gouvernementaux.

En 2003, il avait remporté 26,7% des sièges du Parlement fédéral et devrait maintenir sa position lors des élections du 21 octobre.

Il a mené une campagne électorale très agressive, notamment en accusant les autres partis de comploter contre son ministre de la Justice controversé, Christoph Blocher.

Il a aussi créé la polémique avec une campagne d’affiches contre les étrangers criminels montrant des moutons blancs expulsant un mouton noir.

La contre-manifestation de la gauche était tolérée par la municipalité bernoise mais pas officiellement autorisée.

Ses organisateurs, regroupés dans le comité «Mouton Noir», ont appelé à un rassemblement antiraciste devant la cathédrale.

Il regroupe plus de 50 organisations, comme les Jeunesses socialistes, ACOR-SOS Racisme, attac, ou des sections du syndicat Unia. Elles se sont distanciées des violences.

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