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Le témoignage d’un membre suisse du palais d’hiver de Trump

La résidence de Mar-a-Lago a été inaugurée en 1927 dans le but d'en faire une résidence d'hiver pour les présidents américain, au même titre que Camp David. Ce qui fut le cas entre 1973 et 1983. Le gouvernement fédéral renonça ensuite pour des problèmes de sécurité et de coût. Keystone

Un promoteur immobilier suisse controversé est l'un des membres les plus récents du club exclusif Mar-a-Lago de Donald Trump. Le président des Etats-Unis en a fait son palais d’hiver. 

Urs Ledermann est un self-made man établi dans la banlieue chic de Zurich. De nombreux propriétaires ont critiqué ses tactiques d’affaires, disant qu’ils ont été contraints de vendre leurs propriétés à son entreprise, tandis que la presse a suivi de près sa montée en puissance dans le monde des affaires. En guise de consécration, le promoteur et son épouse ont obtenu l’accès à la résidence de Mar-a-LagoLien externe en Floride rachetée par Donald Trump en 1985 et accessible uniquement aux membres de ce club select.

Urs Ledermann dit qu’il a rejoint le club après plusieurs années de fréquentation avec des amis membres : «Il y a un accès à la plage, une option essentielle pour nous, alors que les autres clubs de la région sont moins accessibles et plus orientés famille.»

Depuis son entrée en fonction, Donald Trump y a passé la plupart de ces week-ends, l’occasion pour les membres d’avoir un accès privilégié au nouveau chef d’Etat américain. Mais Urs Ledermann assure que cette option n’a joué aucun rôle dans son choix: «Ce n’est pas notre intérêt. Nous sommes des Suisses et non des Américains.»

Clientèle internationale

Ce club de Palm Beach, en Floride, compte près de 500 membres payants, selon un récent article du New York Times, avec 92 nouveaux membres depuis l’année dernière. Les droits d’entrée ont doublé à 200 000 $ après la victoire de Donald Trump à la présidentielle.

«Mar-a-Lago est un club très international, relève Bernd Lembke, directeur général de la résidence. Nous avons de nombreux membres du monde entier qui possèdent déjà une propriété à Palm Beach.» Il ajoute que tous les candidats sont examinés avant d’être autorisés à s’y joindre et que de nombreux membres sont dans la construction et l’immobilier.

Selon les archives publiques, Urs Ledermann et sa femme possèdent une propriété à Lantana, une ville du comté de Palm Beach. «Ça ne me surprend pas qu’Urs Ledermann cherche à se faire des relations», commente un résident de longue date de Zollikon, la commune natale de l’homme d’affaire.

Fils du boucher du village, le promoteur immobilier a essayé d’entrer à l’exécutif de de la commune de Zollikon. «Il voulait promouvoir ses affaires personnelles», assure un habitant, qui préfère garder l’anonymat. La tentative a toutefois échoué: «Je suis trop direct. Je suis un entrepreneur. En tant que politicien, il faut être trop diplomate», commente l’intéressé.

Le roi de Seefeld

En 1979, Urs Ledermann a fondé une entreprise de conseil. L’entreprise s’est développée dans les années suivantes en construisant des immeubles dans le quartier de Seefeld à Zurich, ce qui lui a valu le surnom de «Roi de Seefeld».

«Sa firme était un symbole et un moteur dans le processus de gentrification ici», déclare Urs Frey, président d’une association de quartier à Seefeld. L’association a toujours critiqué la firme de Ledermann. Urs Frey déclare que certains résidents considéraient que l’action du promoteur «rendait difficile pour les résidents moins fortunés de rester dans le quartier».

Dans les milieux d’affaires de la région en revanche, Urs Ledermann est reconnu comme un entrepreneur immobilier astucieux qui a acheté dans l’immobilier au bon moment et a transformé une zone qui abrite maintenant certains des restaurants et des bars les plus branchés de Zurich. Jusqu’à récemment, son épouse Anna Maria possédait une boutique vintage dans la rue principale du quartier.

Un an après une introduction en bourse infructueuse de la société immobilière de Ledermann, l’assureur Swiss Life a acquis 28 des 60 immeubles qu’il possédait à un prix d’achat estimé à 150 millions de francs suisses.

Expansion immobilière

Le propriétaire de Mar-a-Lago, Donald Trump, possède, lui, un portefeuille immobilier international. Des articles de presse publiés durant la campagne présidentielle ont montré comment le magnat a exercé des pressions sur les résidents des immeubles à loyer contrôlé qu’il voulait acheter, y compris en leur coupant les services de chauffage et d’eau.

Urs Ledermann tient à dire que son entreprise est très différente de celle du président américain. Son cabinet a commencé à se développer à l’étranger avec ce qu’il décrit comme un petit portefeuille de logements en copropriété. La société – Ledermann US Real Estate Corporation – a un bureau à Boston qui transforme de vieilles maisons en luxueuses demeures.

Et que pense-t-il de la nouvelle fonction de Palais d’hiver que le président Trump a donné à la résidence de Mar-a-Lago? «Ce sont des moments spéciaux. Je ne suis pas politicien, donc c’est difficile à dire, mais peut-être qu’il est précisément un politicien différent», lâche prudemment le promoteur zurichois.

Traduit de l’anglais par Frédéric Burnand

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