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Mario Corti et Philippe Bruggisser se défendent

Les deux anciens dirigeants de Swissair réfutent les reproches qui pourraient leur être fait sur la base du rapport publié par Ernst & Young.

La Confédération, elle, salue le travail accompli pour déterminer les conditions de la débâcle de SairGroup.

«Je me suis toujours engagé pour Swissair et j’étais convaincu d’agir pour le bien de l’entreprise», a fait savoir Philippe Bruggisser, vendredi par voie de communiqué. L’ancien président de la direction de Swissair Group, mis à pied il y a deux ans, estime pour sa défense que la stratégie du «chasseur» a été constamment analysée.

Cette stratégie de prise de participations a été jugée réalisable jusqu´à fin 2000. La reprise de la compagnie charter allemande LTU n’en faisait par ailleurs pas partie. Elle servait de base à la création d´un pôle de vols de vacances.

«Peut-être trop optimiste»

«Il semble aujourd´hui que nous avons peut-être évalué les perspectives dans ce domaine de manière trop optimiste», concède Philippe Bruggisser. Ce dernier assume sa responsabilité. Il se dit aussi conscient que, à posteriori, des décisions différentes auraient été prises.
L´ancien président de la direction a aussi contesté la vision d´Ernst & Young, selon laquelle Swissair Group s’était assuré le contrôle des compagnies dans lesquelles il n’avait qu´une participation minoritaire grâce à des constructions juridiques risquées.

Mario Corti maintient sa version

Egalement mis en cause par le rapport de l’auditeur, Mario Corti, ancien président de Swissair et PDG du groupe, rejette quant à lui toute responsabilité dans l’immobilisation des avions du 2 octobre 2001.

«Je conteste avec véhémence la présentation des faits du rapport d’enquête d’Ernst & Young, a-t-il déclaré vendredi.

Ce 2 octobre, nous n’avions encore que quatre millions de francs sur le compte de Swissair et 10,5 sur le compte de SairGroup». Pour Mario Corti, il est donc absurde de prétendre qu’il n’avait pas épuisé toutes les possibilités financières.

L’intéressé s’en tient à ce qu’il avait déclaré à la commission de gestion du Conseil des Etats: à la différence du Credit Suisse, l’UBS avait refusé de participer à un crédit d’urgence de 250 millions de francs destiné à maintenir les activités aériennes de Swissair.

Quant à Eric Honegger, ancien président du conseil d’administration de la compagnie aérienne helvétique, il s´est dit «persuadé de n´avoir aucun manquement à se reprocher».

L´ex-conseiller d´Etat zurichois, qui n´a présidé le conseil d´administration de Swissair Group que moins d´un an, a ajouté qu´il a «bonne conscience».

La Confédération se félicite

Dans un communiqué du Département fédéral des finances, la Confédération a pour sa part tenu à rappeler qu’elle avait demandé que toute la lumière soit faite sur les opérations et les responsabilités relatives à cette affaire.

Ce rapport constitue à ses yeux une base importante pour la mise en lumière des faits. Il ne formule cependant pas d’appréciation d’ordre juridique, une telle démarche étant du ressort des tribunaux.

La décision d’engager des procédures en responsabilité relève, en premier lieu, des organes de liquidation et des organes de faillite.

La classe politique unanime

Tous les partis gouvernementaux ont été choqués par les conclusions du rapport d’enquête. L’Union démocratique du centre (UDC/droite dure) a déploré le manque de professionnalisme des administrateurs de la compagnie.

Les démocrates chrétiens (PDC/centre-droit) considèrent que Swissair n’a pas seulement tenu une comptabilité «créative» mais surtout établissait ses comptes de manière «criminelle».

Le parti regrette d´autant plus le crédit relais octroyé par la Confédération lors de l´immobilisation de la flotte que le rapport montre que le grounding aurait pu être évité.

Les radiaux refusent la commission d’enquête

Contrairement aux démocrates du centre, les radicaux (PRD/droite) ne voient pas la nécessité d’instituer une commission d’enquête parlementaire. «Cela coûterait trop cher et n’apporterait pas d’éléments nouveaux», a souligné Christian Weber, leur porte-parole.

Enfin, les socialistes (PS/gauche) estiment que les faits sont accablants. La Confédération doit poursuivre tous les responsables en justice et exiger sans délai des sûretés, écrit le PS.

Les socialistes restent consternés.

Le parti a pris acte avec consternation du rapport. La débâcle, qualifiée de catastrophe, a été provoquée par l´aveuglement, la folie des grandeurs des membres de la direction de la compagnie et des administrateurs.

La PS demande que la loi fédérale sur l´établissement et la révision de comptes soit «enfin» révisée. La procédure de consultation de la loi sur l´établissement et le contrôle des comptes annuels (LECCA) a pris fin le 31 avril, rappelle le parti.

swissinfo avec les agences

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