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Mattel reprend ses jouets de la poche des enfants

Polly Pockets ,ils peuvent être dangereux pour les plus petits. Keystone Archive

Le rappel par Mattel de millions de jouets des gammes Polly Pocket et Doggy Day Care fabriqués en Chine touche également la Suisse, où 94'000 pièces sont en circulation.

Or les associations de consommateurs savent que ces rappels fonctionnent assez mal en Suisse. Elles demandent donc à nouveau l’adhésion du pays au système d’alerte européen RAPEX.

Depuis juillet, Mattel a déjà dû rappeler deux lots de jouets ‘Made in China’, notamment pour sa filiale Fisher-Price. En tout, deux millions et demi de pièces, dont la peinture était soupçonnée de contenir du plomb.

Cette fois, le même problème touche 430’000 petites jeeps de type ‘Sarge’, dont 600 sont en circulation en Suisse.

Mais il y a beaucoup plus: 56 objets des gammes Polly Pocket et Doggy Day Care, ainsi que certaines accessoires de Barbie, la star de la maison, contiennent de petits aimants qui pourraient se détacher et poser de sérieux problèmes aux têtes blondes qui les avaleraient.

En tout, ce sont plus de 18 millions de pièces que Mattel doit rappeler. Sur son site Internet, le grand patron Robert Eckert présente ses excuses aux familles concernées et rappelle que pour sa compagnie «rien n’est plus important que la sécurité des enfants».

A la traîne

Or il se trouve que ces rappels de produits fonctionnent assez mal en Suisse, comme l’explique à swissinfo Andreas Tschöpe, de la Fondation alémanique pour la protection des consommateurs.

«Ici, les entreprises ne sont pas obligées de rappeler les produits non-alimentaires dangereux, et les autorités n’ont aucun pouvoir pour intervenir, contrairement à ce qui se passe dans l’Union européenne», explique l’expert

Ainsi, les produits signalés comme dangereux par le système européen d’alerte RAPEX (qui ne couvre pas les aliments) sont souvent tenus pour sans risques en Suisse.

«Ce qui signifie qu’ils peuvent rester sur le marché des jours, voire des semaines ou des mois après le lacement d’une alerte RAPEX», ajoute Andreas Tschöpe.

Selon lui, cet état de fait tient d’abord à des raisons historiques. «Ici, on considère que le marché peut se réguler lui-même, alors que dans l’UE, les Etats estiment nécessaire d’édicter des normes», précise l’expert.

Et les choses ne semblent pas près de changer. En mars de cette année, une sénatrice socialiste a déposé une motion demandant notamment l’adhésion de la Suisse à RAPEX. Suivant la recommandation du gouvernement, la Chambre haute a enterré l’idée.

Réaction choinoise

Pendant ce temps à Pékin, l’Administration du contrôle de qualité affirme mercredi «porter une grande attention» au rappel de jouets annoncé par Mattel mardi et être en contact à ce sujet avec la Commission américaine de protection des consommateurs.

Les autorités chinoises, qui annoncent également l’ouverture d’une enquête sur cette affaire, en profitent pour rappeler que «la majorité des jouets des fabricants chinois sont conçus par leurs importateurs qui, avec les marques, doivent donc assumer une grande part de responsabilité quand des problèmes surviennent».

Début août, alors que plusieurs autres scandales entachaient la réputation des produits fabriqués en Chine, le ministre du Commerce Bo Xilai avait insisté sur la qualité des produits chinois à l’exportation, décrits comme «bons et sûrs à plus de 99%».

swissinfo, Faryal Mirza et les agences
(Traduction et adaptation de l’anglais: Marc-André Miserez

Le dernier rappel de jouets par Mattel concerne 18,2 millions de pièces, dont 9,5 millions circulent aux Etats-Unis.
94’000 d’entre eux se trouvent en Suisse, principalement des gammes Polly Pocket et Doggy Day Care.

RAPEX, est un système d’alerte européen pour tous les produits de consommation dangereux, à l’exception des produits alimentaires et pharmaceutiques.

Il permet l’échange rapide d’informations entre les Etats et la commission européenne sur les mesures à prendre pour empêcher ou stopper la distribution de produits qui peuvent menacer la santé ou la sécurité des consommateurs.

RAPEX inclut aussi bien les mesures prises par les pouvoirs publics que celles prises par les producteurs ou les distributeurs.

Une fois par semaine, la Commission publie une récapitulation des produits signalés comme dangereux, qui est distribuée aux 27 pays membres de l’UE, à l’Islande et à la Norvège, mais pas à la Suisse, qui ne fait pas partie de RAPEX.

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