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Merkel reçoit Poutine pour parler de la Syrie et de l’Ukraine

Angela Merkel a accueilli Vladimir Poutine au château de Meseberg. Elle a averti vendredi qu'"aucun résultat particulier" n'était à attendre de cette entrevue. KEYSTONE/EPA/ALEXANDER BECHER sda-ats

(Keystone-ATS) Angela Merkel a reçu samedi Vladimir Poutine au château de Meseberg, au nord de Berlin, pour un entretien consacré notamment aux conflits syrien et ukrainien. Autant de points de désaccords persistants entre l’Allemagne et la Russie.

“Je pense que les questions controversées ne peuvent être réglées que par le dialogue”, a déclaré la chancelière allemande avant l’entretien qui, selon elle, devait également porter sur le projet de gazoduc sous-marin Nord Stream 2 et les droits de l’homme.

Le président russe, arrivé en Allemagne après avoir assisté au mariage de la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Karin Kneissl, a quant à lui insisté sur le retour des réfugiés syriens et sur l’aide à la reconstruction.

Aide humanitaire

“Il faut renforcer la dimension humanitaire dans le conflit syrien et je veux dire par là avant tout l’aide humanitaire à la population syrienne, et aider les régions où les réfugiés se trouvant à l’étranger peuvent retourner”, a-t-il dit. Il y en a un million en Jordanie, autant au Liban et trois millions en Turquie, a-t-il rappelé. “C’est potentiellement un énorme poids pour l’Europe”.

“C’est pourquoi il faut tout faire pour que ces gens rentrent chez eux”, ce qui veut dire concrètement rétablir les services de base comme l’approvisionnement en eau ou les infrastructures médicales. Mme Merkel a estimé de son côté que la priorité en Syrie était “d’éviter une catastrophe humanitaire”, sans rentrer dans les détails.

Les deux dirigeants devaient aussi évoquer le règlement la crise ukrainienne, qui “malheureusement n’avance pas du tout”, a jugé M. Poutine.

Le processus de paix des accords de Minsk, parrainé par l’Allemagne et la France, est au point mort, a également constaté la chancelière, soulignant l’absence “de cessez le feu stable” dans l’est de l’Ukraine. Une mission des Nations unies sur place, au menu des discussions avec M. Poutine, “pourrait peut-être jouer un rôle de pacification” dans la région, a-t-elle dit.

Gazoduc contesté

Concenant le gazoduc Nord Stream 2, qui doit permettre d’acheminer le gaz russe en Allemagne via la Baltique, la chancelière a estimé que son pays devrait continuer à jouer un rôle dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe et s’est félicitée de l’ouverture des discussions entre l’Union européenne, l’Ukraine et la Russie.

Son hôte russe a de son côté tenu à “souligner que l’essentiel est que le transit via l’Ukraine – qui est traditionnel pour nous – réponde aux exigences économiques. Nord Stream 2 est exclusivement un projet économique”, a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis font pression sur l’Allemagne pour qu’elle renonce au projet, qui selon eux, va accentuer sa dépendance énergétique à l’égard de la Russie. L’Ukraine craint pour sa part que le gazoduc ne permette à la Russie de l’exclure du transport du gaz. Le projet inquiète également ses voisins d’Europe de l’Est, soupçonneux à l’égard de Moscou.

Discussions compliquées

Aucune communication officielle n’était prévue à l’issue de l’entretien. Angela Merkel a averti vendredi qu'”aucun résultat particulier” n’était à attendre de cette entrevue. “Mais le nombre de problèmes qui nous préoccupent (…) est si important que cela justifie un dialogue permanent”, a-t-elle ajouté.

Rien de concret n’est sorti de la précédente rencontre entre les deux dirigeants, qui s’est déroulée en mai à Sotchi. Plusieurs membres de la coalition au pouvoir en Allemagne ont toutefois exprimé leur optimisme avant celle de samedi.

Optimisme prudent

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas s’est déclaré “relativement optimiste sur les chances d’une mission des Nations Unies”, même si les conceptions sur sa forme et sa mise en oeuvre restent divergentes.

“Nous voulons conférer une nouvelle dynamique au processus de Minsk”, a déclaré le dirigeant social-démocrate dans un entretien à l’édition dominicale du journal Die Welt. Il rappelle toutefois que l’allégement des sanctions imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée en 2014 ne pourra être négocié que si les accords de Minsk sont mis en œuvre.

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