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Mobilisation encourageante contre la violence domestique

Le mobilhome de la campagne Amnesty. Keystone

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International tire un bilan positif de sa campagne suisse «En route contre la violence domestique».

Durant huit mois, les gens d’Amnesty ont sillonné le pays. Ils se félicitent de l’impact de leur action, surtout auprès des hommes, des jeunes et des autorités des cantons.

Dans le cadre de cette campagne, Amnesty voulait surtout toucher la gent masculine. «Avec succès puisque plusieurs milliers de jeunes ont été sensibilisés au problème et que 700 hommes ont signé un engagement contre la violence domestique», a indiqué Stella Jegher, coordinatrice de la campagne qui s’est close vendredi.

Depuis le mois de mars, l’organisation de défense des droits de l’homme a traversé le pays au volant d’une caravane. A chaque arrêt dans une ville, elle mettait un ‘forçomètre’ à disposition des intéressés. «Ce forçomètre était un moyen d’attirer les jeunes hommes, une porte d’entrée pour une discussion», souligne Stella Jegher.

Un dialogue parfois difficile à engager, a-t-elle précisé. Certains lui ont d’ailleurs déclaré que «quelques coups de temps en temps ne font pas de mal à une femme» ou que les hommes sont tout aussi nombreux que les femmes à souffrir de violence domestique.

Cette affirmation est fausse, a-t-elle rétorqué. Il existe des hommes victimes de violence de la part de leur partenaire mais ils sont moins nombreux et très peu acceptent d’en parler. Elle plaide donc pour la lutte contre ces stéréotypes et souligne la nécessité de proposer de nouveaux modèles de masculinité aux hommes.

Un meurtre sur deux lié à cette violence

Se basant sur une étude menée en 1997, Amnesty indique qu’environ une femme sur cinq âgée de 20 à 60 ans est victime de violence domestique en Suisse. L’Office fédéral de la statistique affirme par ailleurs que 45 % des meurtres commis en Suisse le sont dans le contexte domestique et touchent deux fois plus souvent des femmes.

Manon Schick, porte-parole de l’organisation, a également souligné que le nombre d’interventions policières pour des cas de violence domestique était particulièrement élevé. «Dans le canton de Genève, une intervention policière sur deux est liée à ce problème, c’est énorme».

Prévention auprès des jeunes

La prévention était également au programme de la tournée. Amnesty a visité pas moins de 16 écoles et centres professionnels dans onze cantons de Suisse où elle a organisé des ateliers et présenté quelques faits et chiffres.

Avec cette campagne, l’organisation voulait d’autre part toucher les autorités cantonales. Elle leur a soumis une série de revendications concernant notamment la législation, la protection des migrantes ou encore la mise à disposition de ressources suffisantes.

Elle a par ailleurs approché plusieurs personnalités publiques pour obtenir leur soutien. Une vingtaine d’hommes dont le président du Parti démocrate-chrétien (centre droit), Christophe Darbellay, ou le rédacteur en chef du quotidien 24 heures, Thierry Meyer, ont accepté de signer un engagement contre cette violence. Pour ce dernier, «violenter les siens, c’est se violer soi-même».

Depuis mars, la caravane de l’organisation s’est arrêtée dans 43 localités suisses. Elle y a récolté près de 5000 signatures sur des pétitions adressées aux autorités cantonales et 8500 contre la violence dans d’autres pays. Sur les onze cantons visités, six font l’objet d’une étude approfondie.

swissinfo et les agences

Selon une étude (A.Godenzi), une femme sur cinq subit des violences de l’un de ses partenaires au cours de sa vie.
Dans 5 à 10% des cas de violence domestique, ce sont les hommes qui sont les victimes.
50% des victimes et 54 à 65% des auteurs de ce type de délits sont étrangers (S.Steiner, 1999-2001).

Jusqu’en 1993, le viol entre époux n’était pas reconnu comme un délit.

Jusqu’à fin mars 2004, la violence conjugale n’était poursuivie que sur plainte formelle de la victime. Si cette dernière retirait sa plainte, la procédure était interrompue.

Depuis le 1er avril 2004, la violence conjugale est une infraction poursuivie d’office. Le code pénal suisse punit toute personne utilisant la violence, en public ou en privé, même en l’absence de plainte de la victime ou même contre sa volonté.

En 2006, le parlement a renforcé la législation civile en matière de protection des victimes de violence domestique. Lorsque la victime et l’auteur vivent dans le même logement, le juge peut prononcer une expulsion pour une durée déterminée.

Les victimes pourront demander au juge d’interdire à l’auteur de violences d’approcher trop près de leur logement ou de prendre contact avec elles.

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