Morts vivants, ou quand les ancêtres défunts agissent sur leurs descendants
Au Musée Barbier-Mueller à Genève, une exposition illustre l'interpénétration du monde des vivants et de celui des morts dans les sociétés tribales, dans l'archipel indonésien et en Afrique.
Le culte des ancêtres est présent dans pratiquement toutes les religions tribales. Les objets qui attestent ce fait ne sont pourtant que rarement des «portraits d’ancêtres». Ce sont plutôt des stèles destinées à marquer l’emplacement d’une tombe et, surtout, l’importance sociale du défunt. Des statues réalisées du vivant même de l’intéressé, préoccupé de son futur statut dans le monde des morts. Des masques, ou encore un simple bâton qui représente le défunt.
Parmi les pièces exposées à Genève, qui appartiennent toutes à la collection du musée, les grandes sculptures de pierre de l’archipel indonésien frappent par leur majesté et leur sérénité. Plus humbles et émouvantes, les figurines de pierre tendre retrouvées par des paysans dans leurs champs, en Sierra Leone, têtes ovoïdes fortement stylisées, corps accroupis et tourmentés.
La mezzanine propose des objets fort diversifiés, masques aux traits caricaturaux, très belle tenture précolombienne, qui enveloppait une momie, et cet ornement de tombe en bois, représentant un cheval surmonté d’un symbole phallique. Pas très ancienne mais usée par les intempéries, cette pièce figure la monture qui emporte le défunt vers l’au-delà, ou qui marque, là-bas, la hauteur de son rang.
Les morts conservent ainsi leur pouvoir et sauront aider leurs descendants à affronter les difficultés de la vie. C’est pourquoi ceux-ci ont une connaissance approfondie de leur généalogie, moyen de se rattacher au fondateur du clan.
Laurence Chauvy
Musée Barbier-Mueller (rue Jean-Calvin 10, Genève, tél. 022/312 02 70). Jusqu’au 15 février.
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