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Mozambique: l’aide de la Suisse s’inscrit toujours dans la continuité

Le Mozambique est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Pourtant il a beaucoup progressé ces dernières années. Keystone / AP Photo / Enric Marti

L´ambassadeur Oskar Knapp, délégué aux accords commerciaux, est au Mozambique, accompagné d´un petit groupe d´entrepreneurs helvétiques. A Maputo, il a signé une contribution d´aide budgétaire d´un montant de 28 millions de francs non remboursables.

Cette nouvelle contribution, étalée sur trois ans, porte sur une aide budgétaire de 24 millions de francs suisses et un programme d’assistance technique de 4 millions. Il s’agit, d’un côté, de soutenir directement le train de réformes économiques du Mozambique. Et de l’autre, de contribuer à des investissements dans des secteurs-clés comme la santé et l’éducation.

Lors d’un récent passage en Suisse lors de la Conférence annuelle de la Coopération, Mme Luisa Dias Diogo, ministre mozambicain du plan et des finances, avait insisté sur l’importance d’une politique économique conçue comme un «élément-clé de la bonne gouvernance».

«Depuis une dizaine d’années, disait-elle, le Mozambique est en train de convertir son système centraliste en une économie de marché dans laquelle le gouvernement se doit de promouvoir et de faciliter l’initiative et l’investissement privés. Notre objectif est d’assurer une croissance économique rapide, durable et la plus large possible.»

Les faits sont là pour attester de cette bonne volonté mozambicaine. Depuis le milieu des années 90, l’inflation s’est largement résorbée, les taux de changes se sont stabilisés, la croissance annuelle tourne autour des dix pour cent, y compris dans l’agriculture. Les inondations catastrophiques du début de l’année ont certes douloureusement entravé cette progression, mais les perspectives d’avenir sont toujours jugées aussi prometteuses.

C’est que le Mozambique, l’un des plus pauvres de la planète (au palmarès du développement humain, il figure parmi les dix plus mal classés), bénéficie pourtant de quelques atouts solides, notamment d’une situation géographique réputée stratégique et d’un potentiel agroalimentaire, minier, énergétique et touristique intéressant.

D’un point de vue suisse, le Secrétariat d’État à l’économie (seco) soutient ses efforts depuis une douzaine d’années. D’abord en cofinançant certains programmes de réhabilitation lancés par la Banque mondiale. Puis en apportant une aide budgétaire qui permet au gouvernement d’améliorer sa gestion financière tout en continuant d’assurer le service de sa dette.

De ce nouvel accord passé entre la Suisse et le Mozambique, on retiendra un double enseignement. Le premier, c’est que Berne se veut fidèle à ses engagements. Chaque année, depuis 1996, le ‘seco’ a versé à ce pays une contribution de 8 millions de francs au titre de l’aide budgétaire. Il en ira de même au moins jusqu’en 2003. On rappellera aussi que le Mozambique figure dans la liste des priorités de la coopération suisse au développement.

Seconde leçon: dans cette continuité il y a place pour de nouvelles formes de concertation. Ce paquet d’aide budgétaire fait en effet partie d’un programme mis conjointement sur pied par plusieurs bailleurs de fonds européens qui décident de façon indépendante du montant de leurs contributions. Au total, c’est plus d’une centaine de millions de dollars qui devraient transiter par cette mise en commun des fonds d’aide budgétaire au Mozambique.

Vu sous cet angle, ce programme constitue une innovation dont le Mozambique est le premier à bénéficier, explique le ‘seco’. Il met certes en jeu des mécanismes assez complexes, mais ses avantages sont indéniables. Les pays donateurs ont élaboré certaines procédures communes d’évaluation et de déboursement, ils parlent ainsi d’une même voix, ce que le pays bénéficiaire semble lui aussi apprécier.

Quant à la Suisse, même si sa contribution est l’une des plus faibles de celles déjà annoncées par les pays participant à ce fonds commun, elle acquiert de cette manière un poids qu’elle n’aurait pas dans une simple relation bilatérale. Voilà un argument que doivent probablement apprécier les six représentants de l’économie privée suisse qui accompagnent l’ambassadeur Knapp dans sa mission à Maputo.

Bernard Weissbrodt

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