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Mystère et boule de neige

21 cm de neige sont tombés sur Zurich. Keystone

En Suisse, on n'a pas vu de telles chutes de neige depuis 1999. C'est un fait. Mais il ne remet pas en cause les théories sur un réchauffement de la planète.

Bien au contraire. La hausse générale des températures pourrait même expliquer les abondantes précipitations neigeuses de ces jours-ci.

Mercredi, on mesurait 60 cm de flocons à St Gall. 21 cm de neige à Zurich. Et même 71 cm à la Chaux de Fonds.

«Nous avons effectivement enregistré de très fortes chutes de neige ces derniers jours, admet le chef de la section météorologie à l’institut de météoSuisse. Mais elles n’ont rien d’exceptionnel.»

Et Jacques Ambhül de préciser: «La Suisse a connu des situations similaires en 1962 et, plus récemment, en 1999».

«Nos régions sont soumises à un afflux d’air maritime et froid qui butte sur les Alpes. A nos latitudes, poursuit le météorologue, il est normal que les précipitations tombent sous forme de neige.»

Les effets du réchauffement planétaire

Normal, peut-être, pour un expert. Mais pas pour un profane qui lit régulièrement dans la presse des théories savantes sur le réchauffement climatique planétaire.

Le retour d’un hiver blanc, rétorquent météorologues et climatologues, ne contredit nullement les hypothèses scientifiques en la matière. Bien au contraire.

En effet, à les croire, la hausse générale des températures pourrait justement avoir une incidence directe sur l’intensité des chutes de neige.

«On sait qu’une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’humidité et transporter davantage d’énergie, explique Jacques Ambhül. Ces facteurs combinés sont susceptibles de provoquer des périodes de fortes précipitations.»

«Le message est assez difficile à faire passer», admet pour sa part Martine Rebetez, climatologue à l’Institut fédéral pour l’étude de la forêt, de la neige et du paysage.

«Depuis un siècle, dit-elle, on constate effectivement une forte augmentation des températures moyennes. Mais cette hausse n’est pas linéaire. Et elle s’accompagne d’une forte variabilité des précipitations.»

L’alternance d’air humide et d’air sec

En résumé, bien que le niveau des pluies ou des chutes de neige n’ait pas augmenté, les climatologues et les météorologues notent une alternance toujours plus marquée de fortes précipitations et de périodes particulièrement sèches.

Selon Martine Rebetez, «ces conditions météorologiques reflètent de profonds changements climatiques. Et la multiplication de ces périodes extrêmes est très certainement liée à la hausse moyenne des températures qui sont enregistrées sur la planète».

Cela dit, pour l’heure, les scientifiques ne connaissent pas les détails du processus. «L’augmentation du taux d’humidité atmosphérique est probablement l’une des explications, estime Martine Rebetez. Mais la nouvelle répartition des pressions observée sur l’océan atlantique pourrait, elle aussi, participer au phénomène.»

«Mais, conclut-elle, une chose est certaine, on observe aujourd’hui des changements significatifs.»

swissinfo, Vanda Janka

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