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Natacha Gachnang sur les traces de Sébastien Buemi

ZVG

Natacha Gachnang sera l'unique femme à prendre le départ ce week-end du tout nouveau championnat de Formule 2. La Vaudoise de 21 ans rêve de rejoindre un jour son cousin Sébastien Buemi dans la catégorie la plus prestigieuse du sport automobile, la Formule 1.

Tout a commencé ce jour de Noël 1992, alors que Natacha Gachnang n’avait que 5 ans. «Mon père m’a acheté un kart et mon oncle en a fait de même pour mon cousin Sébastien. Nous avons d’abord tourné autour du garage familial avant de commencer la compétition. Lors de ma première course de karting, je n’avais que 8 ans», explique-t-elle à swissinfo.

Jusqu’à l’âge de 15 ans, la citoyenne d’Aigle enchaîne les compétitions de karting, chemin obligatoire pour tous les futurs coureurs automobiles. «Nous passions près de 100 jours par année sur les circuits». Durant toute leur enfance, Sébastien Buemi et Natacha Gachnang sont deux cousins inséparables.

Amis en dehors, mais rivaux sur la piste. «En 2001, Natacha et Sébastien se disputaient le championnat suisse de karting. Natacha s’est finalement imposée lors de la dernière épreuve, je peux vous dire que Sébastien râlait comme un putois», se souvient son oncle, qui s’occupe des relations de la coureuse avec la presse.

Un surplus de volonté

Ensuite, en 2003, c’est le début des courses au volant d’une monoplace. La route de Natacha est plus tortueuse que celle de son cousin. Ses voitures ne sont pas toujours très performantes. «Sébastien a été pris très jeune dans la filière Red Bull. Natacha a dû se débrouiller sans le soutien financier d’une grande équipe», dixit l’oncle de la coureuse.

Travailleuse infatigable, au talent indéniable, Natacha Gachnang a finalement réussi à se faire une place dans ce monde d’hommes et à gagner le respect de ses adversaires. «Sébastien était peut-être un peu plus doué, mais Natacha a compensé par un surplus de volonté».

Pour se mettre à niveau de ses concurrents masculins, elle enchaîne les séances d’entraînement physique. Entre 12 et 18 heures par semaine à soulever de la fonte et à mouiller le maillot sur les chemins de la campagne vaudoise.

Pas un sex-symbol

En 2008, Natacha Gachnang se fait un nom pratiquement en même temps que son cousin. Elle termine à la 3e place du championnat de Formule 3 espagnol, ce qui lui permet de décrocher un volant pour le championnat 2009 de Formule 2. Un championnat pour lequel elle ne manque d’ailleurs pas d’ambitions. «Mon objectif est de terminer parmi les cinq premiers cette saison. Je sais que ce sera difficile. Il y aura d’excellents pilotes dans cette catégorie».

Début 2009, survient la reconnaissance internationale. Mais pour des raisons bien éloignées de ses qualités de pilote. Un magazine américain la classe parmi les 60 femmes les plus sexy de la planète. Très vite, la blogosphère s’emballe. Beaucoup parlent d’une nouvelle Danica Patrick, cette pilote américaine d’Indycar à la silhouette de rêve.

«Je ne suis pas un sex-symbol. Je suis bien sûr une femme dans un monde dominé par les hommes, mais je ne vais jamais poser avec un bikini sur le capot de ma voiture, réplique Natacha Gachnang. Si je suis arrivé là où je suis, c’est grâce à un travail acharné et non pas à cause de mon physique. C’est d’ailleurs aussi le cas de Danica Patrick.»

Objectif Formule 1

Dans ce sport mis à l’indexe en Suisse – les courses sur circuit sont interdites – , Natacha Gachnang a heureusement pu bénéficier du soutien sans faille d’une famille passionnée de compétition automobile. «C’est encore perçu comme quelque chose de dangereux et d’irresponsable d’un point de vue écologique. Mais les choses sont en train de changer. Elles doivent changer», lance la jeune pilote.

Si la route peut sembler encore longue, la Formule 1 n’apparaît plus comme un rêve inaccessible pour Natacha Gachnang. «Elle a le potentiel pour courir un jour en F1. Cette volonté est également présente chez beaucoup de suiveurs, mais dès qu’il faut sortir de l’argent, les partenaires commencent à douter et se montrent frileux», affirme l’oncle de la coureuse.

Depuis les années 50, seules cinq femmes ont déjà réussi à décrocher un ticket d’entrée pour la F1. «Je sais que c’est possible. Au niveau du pilotage et de l’agressivité, il n’y a aucune différence entre un homme et une femme», dixit Natacha Gachnang.

En attendant de pouvoir peut-être un jour défier son cousin sur les circuits les plus prestigieux de la planète, c’est par petit écran interposé que Natacha Gachnant suit les débuts de Sébastien Buemi en Formule 1. «Je ne peux toujours pas y croire. Ce qui lui arrive est incroyable. Il pilote tellement bien et avec un tel sens du professionnalisme. Mais je vous rappelle que je l’ai déjà battu par le passé (rires)».

Samuel Jaberg, Simon Bradley, swissinfo.ch

Carrière. Natacha Gachnang est née le 27 octobre 1987 à Vevey. Elle a débuté sa carrière dans des compétitions de karting au niveau suisse puis européen. Elle a ensuite couru en Formule BMW-ADAC (2003), puis en championnat d’Allemagne de Formule 3 (2006), Star Mazda Series (2007) et en championnat d’Espagne de Formule 3 (2008).

Famille. Le sport automobile est une affaire familiale chez les Gachnang. Le grand-père de Natacha Gachnang a disputé les 24 Heures du Mans. Son cousin Sébastien Buemi est pilote de Formule 1 au sein de l’écurie autrichienne Toro Rosso.

Ressuscitée. La Formule 2 (F2) était par le passé l’antichambre de la Formule 1, un peu comme l’est la seconde division dans le football. En 1985, la F2 a été remplacée par la Formule 3000, qui est ensuite devenue GP2 en 2005. La Fédération internationale d’automobilisme a décidé de réintroduire la Formule 2 en 2009.

Tremplin. La Formule 2 a été conçue pour servir de tremplin vers la F1 aux jeunes coureurs talentueux qui ont souvent des difficultés de financement. Il faut débourser 200’000 livres sterling (350’000 francs suisses) par saison pour concourir dans cette catégorie.

Pilotage. Toutes les monoplaces sont identiques ce qui permet de juger les performances uniquement au niveau des qualités de pilotage. Les châssis sont conçus par Williams et le moteur de 400 chevaux par Audi. Vingt-deux courses sont programmés sur onze week-ends de compétition. Le coup d’envoi sera donné le 29 mai à Valence, en Espagne. Vingt-quatre pilotes seront au départ, dont une seule femme, Natacha Gachnang.

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