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Neuchâtel dans sa «grande illusion»

La vie serait une valse perpétuelle entre illusion et désillusion. Musée d'ethnographie à Neuchâtel.

Pour une année de rayonnement national, les trois musées d´art et d´histoire, d´ethnographie et d'histoire naturelle de Neuchâtel lancent trois expositions distinctes, mais sur un même thème, qui reflète l´illusoire en chaque création.

S’inspirant d’un poème d’Arthur Rimbaud sur le flux et le reflux du déluge, le Musée d’ethnographie a choisi un parcours initiatique pour décliner l’humanité. De l’ascension par les révolutions de tel ou tel peuple, (immense portail de photos superposées, à l’entrée du musée) au déclin inévitable de toute civilisation (cellule du vigile assailli par l’ennui, en fin de parcours).

«Et comme après chaque déluge, la vie reprend, s’enflamme Jacques Hainard, le directeur du Musée d’ethnographie, nous avons transposé la métaphore des castors bâtisseurs de Rimbaud en coiffant ces animaux d’un casque d’ouvrier de chantier. A l’image de la migration turque venue reconstruire l’ancien Berlin-Est.»

Le Musée d’art et d’histoire, lui, a fait appel à chacun de ses départements (arts plastiques, arts appliqués, histoire et numismatique). Ainsi, le palace des glaces est évidemment l’espace démontrant le plus manifestement l’illusion d’exister au travers du miroir.

Mais la salle des cubes lumineux soutient la comparaison. Blanche est sa lumière quand les trois cubes (bleu, rouge, vert) sont allumés en même temps. Alors qu’actionnés un à la fois, ils n’éclairent que dans leur seule couleur: le bleu, le vert ou le rouge.

Nous ne déflorerons pas le contenu du Musée d’histoire naturelle. Histoire d’emboîter le pas au secret qui fut gardé entre les conservateurs des trois institutions durant la préparation de leur exposition respective.

«A l’origine, cette triple exposition devait s’appeler «L’envers du décor», explique Jean-Pierre Jelmini, directeur du Musée d’art et d’histoire. Par rapport à l’Exposition nationale qui devait avoir lieu en 2001. Or, comme vous le savez, l’Expo.01 a fait faux bond, mais notre projet a été maintenu.»

Et comme Beaubourg à Paris avait entre-temps intitulé une de ses expositions «L’envers du décor», les directeurs des musées neuchâtelois sont tombés d’accord pour rebaptiser la leur «La grande illusion». Référence cinématographique que leur a accordée – en exclusivité pour deux ans – la maison de production Canal Plus.

A partir de là, et vu la longueur de la manifestation neuchâteloise (jusqu’au 21.10.2001), on imagine très vite son envergure. «Jeter un pont culturel entre la Romandie et la Suisse alémanique, lance le directeur des Affaires culturelles de la Ville de Neuchâtel, Eric Augsburger, en drainant le plus large public.» Une importante campagne de publicité quadrille, en effet, tout le territoire helvétique.

Emmanuel Manzi

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