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Non à une militarisation de la sécurité intérieure

L'armée accomplit déjà des têches de police, comme lors du Sommet du G8 à Evian, dont une partie des paricipants dormait à Lausanne. Keystone

Le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) s’oppose à ce que les militaires accomplissent encore plus de tâches de police, en violation de la Constitution.

Pour les antimilitaristes, il s’agit là d’une manière de «légitimer l’existence d’une armée qui n’a plus d’ennemi».

Contraint lui aussi à faire des économies, le ministre de la défense Samuel Schmid envisage de spécialiser une partie des troupes dans les engagements en appui aux autorités civiles.

Parallèlement, le gouvernement s’est prononcé pour la création d’un état-major supérieur de crise, afin de mieux réagir en cas d’événement majeur.

Le GSsA voit dans ces différents projets un pas supplémentaire en direction d’une «militarisation de la sécurité intérieure» et d’une mainmise progressive de l’armée sur les tâches de police. Ils l’ont dit haut et fort jeudi à Berne.

«La mission conventionnelle de défense de l’armée perd du terrain. Et plutôt que d’en tirer les conséquences et de supprimer l’armée, on lui assigne des activités civiles de police», dénonce le GSsA.

A titre exceptionnel



«L’engagement de l’armée pour soutenir la police ne peut être envisagée qu’à titre exceptionnel et subsidiaire en cas de menace grave», rappelle de son côté Hanspeter Uster, membre du gouvernement du canton de Zoug, chargé de la justice et de la police.

Selon cet élu de l’Alternative socialiste verte (ASV), «un engagement de longue durée de soldats dans une situation normale, comme c’est le cas lors des missions de protection des ambassades, est contraire à la Constitution».

En outre, Hanspeter Uster estime que les soldats de milice ne sont pas suffisamment formés pour cette activité.

«Légitimer l’existence de l’armée»

Pour le député ASV Josef Lang, membre de la direction du GSsA, une «militarisation de la sécurité intérieure» sert avant tout à «légitimer l’existence d’une armée, qui n’a plus d’ennemi».

«Visiblement, le Bloc noir doit occuper l’immense place laissée vide par l’Armée rouge», raille Josef Lang, qui lie également «la militarisation des interventions policières» avec «la chasse idéologique aux pensées minoritaires».

Selon le GSsA, «pour justifier un engagement supplémentaire de l’armée on met pratiquement sur le même pied les opposants au Forum économique de Davos et la menace terroriste».

Les antimilitaristes ne négligent pas pour autant la question de la sécurité intérieure, qu’ils jugent «importante», à condition de bien définir les compétences.

Et Hanspeter Uster d’avancer l’idée que le problème pourrait être réglé dans le cadre de la nouvelle péréquation financière. Selon lui, «cela permettrait aussi d’avoir une vision claire des coûts des interventions – actuellement sous-évaluées – et de qui paie ou devrait payer».

Au ministère de la défense, on se contente pour l’heure d’un «no comment». Le porte-parole contacté par swissinfo n’avait rien à dire sur les reproches et les propositions du GssA.

swissinfo et les agences

– La sécurité du World Economic Forum de Davos, manifestation privée, mobilise 6500 soldats en plus des forces de police.

– Les ambassades et les consulats étrangers en Suisse sont depuis longtemps surveillés par l’armée.

– L’Etat Major aimerait affecter en permanence un millier de soldats à des tâches de sécurité intérieure.

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