Not my taylor, but Rich
Montré du doigt par le Parquet de Bologne, Marc Rich n'en est pas à sa première «affaire». Cela fait près de 20 ans qu'il gère son empire depuis la Suisse.
1983: un richissime Américain s’installe à Zoug, un canton réputé pour sa densité en sociétés financières et sa fiscalité très, très modérée. Son nom: Marc Rich, né à Anvers en 1943, dans une famille juive.
Réfugié aux Etats-Unis pour fuir le nazisme, il a bâti sa fortune dans le commerce international des matières premières, en particulier le pétrole. Il a contribué à révolutionner le marché du brut, en inventant le spot trading, l’achat de pétrole à très court terme.
Mais, lorsqu’il s’installe en Suisse, Rich est en fuite. Aux Etats-Unis, il est accusé, en autres, d’avoir soustrait de grosses sommes au fisc et d’avoir commercé avec l’ennemi, c’est-à-dire d’avoir acheté du pétrole à l’Iran, malgré la crise des otages et l’embargo américain.
Refuge en Suisse
De son côté, la Suisse, pour qui l’évasion fiscale n’est pas un délit, ne voit pourtant pas de problèmes à accueillir Marc Rich. Elle refuse en 1985 de le livrer à la justice américaine.
En deux décennies, Marc Rich s’y est d’ailleurs fait des amis. On s’en est rendu compte il y a deux ans, à la suite du scandale provoqué aux Etats-Unis par le pardon accordé à l’homme d’affaires par Bill Clinton, quelques heures avant la fin de sa présidence.
Plusieurs notables suisses, dont le socialiste Josef Estermann, maire de la ville de Zurich à ce moment là, avaient en effet apporté leur soutien à la demande de grâce déposée auprès du président américain, en témoignant notamment de la générosité de Marc Rich.
Un mécène généreux
Que ce soit dans le domaine de la musique, des arts ou encore du sport, Rich le mécène, ou Rich le philanthrope, a effectivement multiplié les largesses, de Lucerne à Zurich, en passant évidemment par Zoug, notamment à travers tout un réseau de fondations.
Pourtant, Marc Rich fuit toute publicité, tout contact avec la presse. Son adresse: Meggen, dans le canton de Lucerne, où il possède une demeure, au bord du Lac des Quatre-Cantons. Mais il dispose aussi d’un pied-à-terre dans la station huppée de Saint-Moritz.
Son empire s’est passablement transformé, ces dix dernières années. En 1993, il a vendu la majorité de son holding de négoce, Marc Rich & Co. C’est la naissance de Glencore International, toujours domiciliée à Zoug, qui a enregistré, l’année passée, un chiffre d’affaires de plus de 44 milliards de dollars.
Une fortune colossale
Fin de parcours? Non. Deux ans plus tard, en 1995, Marc Rich revient au trading et fonde Marc Rich & Co Investment (MRI). Début 2001, on annonce la vente de MRI à Crown, une société de négocie, elle aussi établie à Zoug, contrôlée par le groupe russe Alfa. Mais la transaction échoue.
Marc Rich contrôle une série de participations en Suisse, notamment dans le groupe immobilier Real Estate Group, l’ancien Feldschlösschen-Hürlimann. Et il reste l’un des hommes les plus riches du pays, avec une fortune évaluée, pour 2001, à près de 1,5 milliard de francs par le magazine Bilanz.
swissinfo/Pierre Gobet
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