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Nouveau coup de filet contre la cyberpédophilie

La Suisse interdit de stocker des images pédophiles mais non de les visionner sur Internet. swissinfo.ch

Les polices suisses ont mené 400 perquisitions dans l'ensemble du pays, déjà arrêté une dizaine de personnes et saisi une grande quantité de matériel pornographique.

Le message adressé aux pédophiles qui sévissent sur Internet est clair. Reste à savoir s’il sera dissuasif.

Lancée le 6 septembre, cette vaste opération a été coordonnée entre la Police judiciaire fédérale (PJF), les polices cantonales et celle de la ville de Berne.

Comme pour Genesis, en automne 2002, l’enquête porte sur la vente par métier de pornographie enfantine sur Internet. Comme pour Genesis, les informations sont arrivées des Etats-Unis où, en 2003, des entreprises fournisseuses d’accès à des sites Internet ont été repérées.

Menées sur tout le territoire helvétique, quelque 400 perquisitions ont permis de saisir une grande quantité de matériel. Auparavant, à la mi-juin, les polices cantonales et celle de Berne avaient mené une première partie de l’enquête. Elle portait sur 47 cas considérés comme les plus urgents, des suspects travaillant avec des enfants ou ayant déjà été mêlés à d’autres affaires.

«A ce stade, nous avons plus de 400 suspects sous enquête et les cantons ont déjà procédé à 10 arrestations», précise Jürg Schäublin, porte-parole de fedpol.

Lequel ajoute: «L’évaluation de l’ensemble du matériel saisi prendra encore quelque temps, probablement jusqu’au printemps. Parallèlement, les 400 suspects seront entendus.»

Un signal préventif

«Pour la Suisse, c’est une opération de grande valeur, poursuit Jürg Schäublin, elle nous permet de signifier clairement que la Suisse ne tolère pas la pornographie enfantine.»

Pascal Seeger, informaticien auprès d’Action Innocence à Genève, partage cet avis. «Cette enquête a une valeur préventive, car elle ne peut qu’inciter la population pédophile à en tirer les leçons.»

Par contre, cet ancien policier craint que la valeur répressive de ce genre d’action soit insuffisante pour empêcher les criminels de récidiver. «En Suisse, l’affaire Genesis s’est soldée principalement par des contraventions ou des condamnations avec sursis. Or je sais qu’il y a déjà eu des récidives chez des personnes interpellées dans l’affaire Genesis», explique-t-il à swissinfo.

Interdit de stocker

De son côté, Jürg Schäublin précise qu’en Suisse, «il est interdit de télécharger et de stocker des images pédophiles, mais il n’est pas interdit de surfer sur un site pédophile».

La vente de ces images est passible de trois ans de prison selon la loi suisse. Quant à l’abus d’enfants, que ce genre d’enquête permet parfois de dépister, il en coûte jusqu’à cinq ans de prison.

Par ailleurs, Pacal Seeger regrette que la police suisse ne soit pas encore en mesure de découvrir par elle-même ce genre d’affaire, même si 80% des sites pédophiles sont américains.

Le représentant d’Action Innocence conclut: «Il faut espérer que, d’ici bientôt, les pédophiles suisses ne soient pas inquiétés par des opérations venant de l’étranger, mais de Suisse.»

Les enseignements de «Genesis»

Les documents saisis ont permis d’obtenir des informations sur les clients qui avaient effectué des paiements par cartes de crédit sur ces sites. Interpol avait informé les polices nationales lors d’une réunion qui s’est tenue en février 2004 à Lyon. Outre la Suisse, plus de 120 pays sont concernés par cette affaire.

Le traitement de la masse d’informations venues des Etats-Unis et la préparation des dossiers pour chacun des cantons ont nécessité de la part de fedpol un travail de longue haleine, portant sur plusieurs mois.

Les 21 sites incriminés comportaient plus de 100’000 photos et dossiers vidéo. Après un premier examen, les deux tiers de ce matériel visuel ont été classés comme relevant du droit pénal.

Grâce à l’expérience acquise lors de l’affaire Genesis, fedpol avait réuni à Berne des responsables de tous les cantons. En mai, la Confédération et les cantons ont défini une marche à suivre commune pour cette action policière nationale.

swissinfo

Depuis le 6 septembre, les polices fédérale, cantonales et de la ville de Berne ont procédé à 400 perquisitions et 10 arrestations.
A la mi-juin, 47 suspects travaillant avec des enfants ou ayant déjà été condamnés ont été interpellés.
Après Genesis en 2002, c’est la 2e opération du genre, lancée sur des informations venues des Etats-Unis.

– La loi suisse n’interdit pas de visionner des sites pédophiles sur Intenet mais punit le téléchargement d’images pédophiles par des peines allant jusqu’à un an de prison et/ou des amendes définies par le juge.

– La vente de ces images est passible de trois ans de prison.

– L’abus d’enfants coûte jusqu’à cinq ans de prison, selon l’article 187 du code pénal.

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