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Nouveau tour de vis de la banque centrale

La banque nationale revoit à la hausse sa prévision de croissance pour 2006. Keystone

La Banque nationale suisse (BNS) resserre encore sa politique monétaire en relevant pour la quatrième fois en neuf mois son taux directeur d'un quart de point.

La décision de l’institut d’émission était largement attendue, alors que le franc évolue à son plus bas niveau depuis 6 ans face à l’euro.

Il s’agit de la sixième hausse consécutive du taux directeur de la BNS et de la quatrième en neuf mois. Il retrouve son niveau d’il y a quatre ans et demi.

La BNS, qui explique vouloir veiller à ce que les perspectives en matière d’inflation restent favorables, répond ainsi à l’accélération de la croissance et à la faiblesse du franc

La décision annoncée jeudi par la BNS était prévue. Les observateurs s’attendaient à ce que l’institut d’émission monétaire réagisse en premier lieu pour contrer la dévalorisation du franc face à l’euro, la monnaie helvétique évoluant actuellement à son plus bas niveau depuis six ans.

«Cet élément constitue à court terme le principal facteur de décision», explique Bernard Lambert, économiste à la Banque Pictet & Cie. Bien que favorable aux exportations, il pourrait entraîner s’il s’accentue un décrochage technique de la monnaie suisse vis-à-vis de celle de la zone euro.

Un franc faible favorise certes l’industrie d’exportation helvétique (comme les machines, le pharma ou l’horlogerie), mais le phénomène renchérit le prix des importations.

Manque de clarté

«On attendait un message sur le franc», constate Janwillem Acket, chef économiste chez Julius Bär. «En n’affirmant pas clairement dans son communiqué que la BNS souhaite une devise forte, poursuit-il, elle donne un mauvais signal au marché.»

Cet expert en veut pour preuve qu’immédiatement après la divulgation de la nouvelle orientation de politique monétaire de la banque centrale, le franc a décroché contre l’euro: peu après 15h00, l’euro coûtait près de 1,591 franc, contre 1,5835 une heure et demi plus tôt.

Pour Janwillem Acket, la poursuite de l’affaiblissement du franc pourrait obliger la BNS à devoir augmenter ses taux d’un quart de point en décembre prochain, pour redonner des couleurs à sa monnaie. D’autant plus que la Banque centrale européenne (BCE) entend continuer à se montrer toujours plus restrictive et que la Réserve fédérale américaine (Fed) elle-même pourrait poursuivre le mouvement haussier.

Ce n’est toutefois pas son scénario privilégié. L’institut d’émission devrait en principe serrer la vis d’un quart de point dans trois mois puis à nouveau d’un quart en mars.

A la banque Gonet & Cie, Roland Duss privilégie aussi la poursuite d’une normalisation des taux par étape de 25 points de base. L’économiste dit néanmoins commencer à douter que la BNS serre encore une fois la vis en mars, car de son point de vue, la tendance de l’économie mondiale est plutôt à l’affaiblissement.

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Ce contenu a été publié sur La banque nationale suisse (BNS) est la banque centrale de la Suisse. Elle est indépendante du gouvernement. Cela signifie qu’elle fixe les taux d’intérêt de manière autonome. Son objectif prioritaire est la stabilité des prix, condition importante à la croissance économique. La BNS base sa politique monétaire sur une prévision d’inflation à moyen terme, son…

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La croissance continue, mais…

La BNS a aussi livré, lors de son appréciation trimestrielle de la situation économique et monétaire en Suisse, ses dernières prévisions conjoncturelles. Elle table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de presque 3 % cette année, contre un pronostic de 2,5 % encore en juin.

Le dynamisme s’affaiblit toutefois avec une hausse du PIB pour 2007 un peu inférieure à celle de 2006. Les exportations devraient augmenter, tout en perdant en rythme.

Côté investissements, la progression sera toujours au rendez-vous dans les biens d’équipement grâce à une utilisation élevée des capacités. En revanche, les dépenses dans la construction devraient faiblir, estime la BNS.

Consommation «robuste»

L’accélération de l’économie suisse, en cours depuis des mois, rejaillit pleinement sur le marché de l’emploi. Un facteur qui favorise une consommation «robuste».

Sur le front des prix, la banque centrale prévoit un taux d’inflation de 1,3 % en moyenne cette année. En donnant un tour moins expansionniste à sa politique, elle dit assurer la stabilité dans ce domaine.

Dans le détail, la BNS a porté la marge de fluctuation du Libor à trois mois, à 1,25-2,25 %, en visant désormais une valeur médiane de 1,75 %.

swissinfo et les agences

La BNS revoit ses prévisions de croissance économique à la hausse pour 2006.
Elle anticipe une hausse du Produit intérieur brut (PIB) de 3%, contre 2,5% précédemment.
L’inflation devrait atteindre 1,3% cette année, la dernière prévision chiffrant la hausse des prix à 1,2%.
En 2007, la croissance économique devrait ralentir tout en restant élevée à l’échelle suisse.
Et l’inflation atteindre 1,1%, contre 1,2% attendus jusque-là.

Le Libor est l’un des instruments de base de la Banque nationale suisse (BNS) et d’autres grandes banques centrales.

Le Libor (abréviation de ‘London Interbank Offered Rate’) est la moyenne des taux d’intérêt des plus importantes banques opérant sur le plan international.

Ce taux est communiqué chaque jour à 11h00 (heure de Londres) par la British Banker’s Association.

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