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Nouveaux remous autour de la Commission Bergier

Le professeur Jean-François Bergier. swissinfo.ch

Y a t-il de sérieux accros entre l'UBS et les historiens chargés de faire toute la lumière sur l'attitude de la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale? L'hebdomadaire Facts, dans sa dernière édition, veut le faire croire. La Commission et la banque refusent de commenter et déplorent les fuites qui ont alimenté l'article.

La Commission Bergier se fâche. Dans un communiqué diffusé jeudi, elle «condamne de la manière la plus nette la publication de documents confidentiels». Cause de l’irritation: les informations parues le même jour dans l’hebdomadaire alémanique Facts, qui cite notamment des passages d’un message électronique écrit par l’un des membres de la Commission, Jakob Tanner.

L’historien zurichois se serait ainsi plaint du filtrage effectué par l’UBS. Les collaborateurs de la Commission Bergier n’auraient pas eu accès à certains documents, mis de côté par la banque.

«Nous ne pouvons pas accepter cela, à cause de notre crédibilité», ajouterait même Jakob Tanner, pour justifier sa démarche.

Selon le magazine, il s’agirait de plus de 70 cartons concernant les fonds en déshérence, dont la trace a été découverte par les chercheurs sur un inventaire établi par l’UBS. Et cela alors que la mission de la commission touche à sa fin.

Des informations sur lesquelles on refuse de s’étendre, d’un côté comme de l’autre, mais que l’on ne dément pas. La Commission Bergier «se distancie» de l’article de Facts, en relevant qu’il «n’est pas dans l’intérêt de son travail de discuter publiquement de la collaboration avec les entreprises». A l’UBS, c’est le même «no comment».

Pourtant, si les informations de Facts devaient se révéler exactes, l’affaire serait délicate. La loi garantit en effet aux historiens de la Commission un accès sans entrave à tous documents qui pourraient les intéresser. Elle lève en particulier tout type d’obligation au secret. Des conditions de travail absolument extraordinaires, donc, pour la recherche historique.

Mais elles correspondent, il faut le rappeler, à une situation unique. C’est en effet pour répondre aux multiples pressions qui pesaient sur la Suisse, mise en cause à propos de son attitude durant la dernière guerre, que le Parlement a décidé, fin 1996, de nommer cette commission, composée à la fois d’experts suisses et étrangers, présidée par le professeur Jean-François Bergier.

Elle a déjà publié plusieurs études, dont le contenu a parfois été vivement débattu, comme dans le cas du rapport sur les réfugiés, en décembre 1999. La mission de la Commission Bergier doit s’achever à la fin de cette année.

Pierre Gobet, Zurich

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