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Nouvelle formule magique pour le gouvernement

Les sept sages prêtent serment à l'issue de l'élection. swissinfo.ch

L’élection de l'entrepreneur et député de la droite dure (UDC) Christoph Blocher au Conseil fédéral met un terme à la formule magique appliquée depuis 44 ans.

Le nouveau gouvernement opère un net virage à droite. D’autant que le radical Hans-Rudolf Merz succède à Kaspar Villiger.

Ce 10 décembre 2003, l’élection du gouvernement était électrique. Non pas en raison de la succession du ministre des Finances, Kaspar Villiger (PRD/droite), mais à cause de la redéfinition d’une formule magique vieille de 44 ans.

Grand vainqueur des législatives du 19 octobre, l’Union démocratique du centre (UDC/droite dure) affichait son intention de faire élire un second conseiller fédéral (ministre) en la personne de Christoph Blocher. Une volonté nette qui menaçait l’équilibre d’une formule magique chancelante.

Ce mercredi, les choses sérieuses ont commencé peu après 9 heures. L’élection des différents ministres se faisant en fonction de leur ancienneté, c’est le socialiste Moritz Leuenberger qui a dû le premier se soumettre au verdict de l’Assemblée fédérale (les deux Chambres du Parlement réunies).

Sans surprise, le ministre des Transports, des Communications et de l’Energie a été confirmé dans ses fonctions par 211 voix sur 234. Il a obtenu un score qui va nettement au-delà des 118 voix indispensables à sa réélection.

Un peu avant 10 heures, la réélection de l’actuel président de la Confédération et ministre de l’Intérieur n’a pas posé de problèmes non plus. Pascal Couchepin a été reconduit dans ses fonctions avec 178 voix alors qu’il lui en fallait 116.

Trois tours pour Blocher

A partir de 10 heures, la tension est montée d’un cran. L’affrontement tant attendu entre le Parti démocrate-chrétien (PDC/centre droit) et l’UDC pouvait commencer.

Ruth Metzler (ministre de la Justice) et Christoph Blocher (candidat à une place au Conseil fédéral) se retrouvaient face à face. Et, dès le premier tour, dos à dos.

En effet, les deux candidats recueillaient chacun 116 voix alors qu’il en fallait 121 pour pouvoir être élu.

A 10 heures 22, le candidat de la droite dure prenait un léger avantage avec 119 voix contre 117 à la candidate démocrate-chrétienne, mais sans toutefois parvenir à recueillir les 121 voix nécessaires à une élection.

Dès lors, la ministre de la Justice Ruth Metzler était clairement en péril. Pire, pour la troisième fois en 155 ans, un conseiller fédéral en exercice était menacé par l’Assemblée fédérale.

Formule magique revisitée

Finalement, il aura fallu une vingtaine de minutes supplémentaires et un troisième tour de scrutin pour que tombe le couperet.

A 10 heures 38 exactement, sur un ton solennel, le président de l’Assemblée fédérale s’adressait à ses pairs en ces termes: «Est élu, le conseiller national Christoph Blocher, avec 121 voix».

Une élection sur le fil, étant donné que la majorité absolue se situait à 119 voix pour 237 bulletins valables.

Composée de deux socialistes (PS), de deux radicaux (PRD), de deux démocrates-chrétiens (PDC) et d’un représentant de l’Union démocratique du centre (UDC), la fameuse formule magique de 1959 était morte.

A dater de ce désormais célèbre 10 décembre 2003, le Conseil fédéral comptera en effet un représentant de l’UDC en plus et un du PDC en moins.

Restait à savoir si l’autre ministre du PDC allait, lui, être confirmé dans ses fonctions. La réponse est arrivée vers 11 heures. En charge du ministère de l’Economie, Joseph Deiss était réélu par 138 voix sur 241.

Des adieux très dignes

Déjà battue par Christoph Blocher, Ruth Metzler recueillait malgré tout encore 96 voix. L’occasion pour la ministre sortante de monter à la tribune.

Dans un discours très digne, et salué comme tel à l’unanimité, elle déclarait se plier à la volonté de l’Assemblée fédérale, même si son éviction lui faisait mal.

Et Ruth Metzler d’appeler à une coopération constructive entre le Parlement et le Conseil fédéral nouvelle formule.

Par la suite, les réélections des ministres de la Défense et des Affaires étrangères n’étaient plus que de simples formalités. L’UDC Samuel Schmid décrochait 167 voix sur 204. Et la socialiste Micheline Calmy-Rey 206 suffrages sur les 226 exprimés.

Enfin, ne restait plus qu’à connaître le nom du successeur du grand argentier Kaspar Villiger.

Un ultime virage à droite

Alors que beaucoup voyaient une élection de Christine Beerli après l’éviction de Ruth Metzler, les résultats du premier tour de scrutin suscitaient quelques remous.

Avec 115 voix sur 241, le candidat radical le plus à droite, Hans-Rudolf Merz, prenait un net avantage sur sa concurrente féminine qui ne recueillait que 83 voix.

La majorité absolue de 121 voix n’étant pas atteinte, un nouveau tour de scrutin était donc nécessaire. Mais le suspense n’aura duré qu’une petite vingtaine de minutes.

A 12 heures 09, Hans-Rudolf Merz emportait la décision avec 127 voix, contre 96 pour Christine Beerli.

A 12 heures 14, la messe était dite. L’élection au Conseil fédéral 2003 aura consacré un net virage à droite de l’exécutif, confirmant ainsi les résultats des législatives du 19 octobre.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

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