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Nouvelle offensive contre l’obésité infantile

En Suisse, quelque 20% des enfants présentent un surpoids. Keystone

Les enfants suisses sont toujours plus gros. L'Office fédéral du sport prévoit d'inclure dans son programme Jeunesse et Sport, jusqu'ici réservé aux 10- 20 ans, les enfants dès 5 ans.

Parallèlement, une nouvelle campagne nationale destinée à lutter contre la surcharge pondérale sera lancée lundi.

En Suisse, le nombre d’enfants en surpoids augmente constamment. La proportion de jeunes concernés par la surcharge pondérale croît même plus rapidement qu’aux Etats-Unis, à en croire l’Office fédéral du sport (OFSPO).

Si l’obésité touche quelque 37% des adultes, 20% des enfants et des jeunes doivent aussi affronter ce problème, selon des données datant de 2002. C’est cinq fois plus qu’en 1980.

Au total, la population helvétique présente un surpoids cumulé de près de 50 millions de kilos.

Elargir J+S

L’OFSPO a décidé de traiter le problème à la racine et de se pencher sur la situation des plus jeunes. Pour lutter contre l’obésité enfantine, il propose d’inclure les 5-10 ans dans le programme Jeunesse et Sport (J+S), jusqu’ici réservé aux 10-20 ans.

«Nous avons un problème qui va en s’accentuant: toujours davantage d’enfants et de jeunes présentent une surcharge pondérale. Ils ont des déficits au niveau de la motricité et des problèmes de mouvement et de coordination» constate le directeur de l’OFSPO Matthias Remund.

Dans les colonnes des journaux dominicaux alémaniques «SonntagsZeitung» et «Sonntag», il tire la sonnette d’alarme et se prononce en faveur d’une modification de la loi, soumise à l’approbation du Parlement, qui permettrait l’élargissement du programme J+S.

«Nous n’avons pas le droit de continuer à ne rien faire, estime-t-il. Le programme J+S a fait ses preuves. Il doit être étendu aux enfants qui ont entre 5 et 10 ans. Tout ce que nous souhaitons, c’est offrir aux plus jeunes une heure supplémentaire de sport et d’activité physique par semaine.»

Sur le plan financier, cette mesure engendrerait des coûts supplémentaires de l’ordre de 20 millions de francs par an au budget de J+S. «Nous pourrions ainsi mettre en place le tout et atteindre environ 150’000 enfants», précise Matthias Remund.

Coût social de l’obésité

A l’heure actuelle, la plupart des quelque 390’000 enfants qui ont entre 5 et 10 ans ne bougent que très peu en dehors des 3 heures de gymnastique prévues dans les programmes scolaires.

Dans la pratique, le directeur de l’OFSPO estime qu’il sera nécessaire de dispenser une formation ad hoc aux professeurs de gymnastique et aux moniteurs de club afin de pouvoir encadrer les enfants.

Mais il évoque également le rôle des parents, qui, selon lui, devraient se préoccuper davantage de faire bouger leurs enfants. «Il serait faux de légiférer à ce propos, reconnaît-il, mais il faudrait créer davantage de règles en la matière».

Et de mettre en garde contre le coût social de l’obésité, estimé actuellement à près de 3 milliards de francs par an en Suisse. «Si nous poursuivons dans la direction où nous allons, de plus en plus d’enfants et de jeunes devront avoir recours à l’assurance-maladie ou même à l’assurance-invalidité. Ce n’est pas souhaitable», avertit Matthias Remund.

L’été dernier, le parti socialiste a déjà demandé plus de sport pour les enfants des classes enfantines et du primaire. Il a réclamé une hausse de la subvention fédérale annuelle de 60 millions de francs accordée aux programmes de Jeunesse et Sport et leur élargissement à d’autres âges que les 10-20 ans.

Nouvelle campagne

De son côté, Promotion Santé Suisse, la fondation des cantons et des assureurs qui coordonne les mesures destinées à promouvoir la santé, lancera lundi la seconde phase d’une campagne qui a débuté il y a un an.

Intitulée «Poids corporel sain», elle se concentre sur le surpoids des plus jeunes. Sous les slogans «La Suisse prend du ventre» ou «Alors, on se bouge?», elle met notamment en scène des baskets bouffis, une luge à la largeur surdimensionnée ou encore un vélo doté d’une selle géante.

swissinfo

Le programme J+S a vu le jour en 1972 avec l’introduction de la loi fédérale sur la promotion de la gymnastique et du sport.

Le programme a remplacé l’instruction militaire préparatoire volontaire, laquelle soutenait les diverses organisations privées qui offraient des activités de gymnastique et de préparation à l’enrôlement dans l’armée.

L’objectif de cette nouvelle institution – qui n’a aujourd’hui plus de lien avec l’armée – est de donner la possibilité aux jeunes entre 10 et 20 ans de pratiquer de nombreuses activités sportives.

En 2004, près de 105’500 moniteurs étaient en possession d’une reconnaissance officielle dans au moins l’une des 75 disciplines sportives agréées. La même année, 377’200 jeunes garçons et 212’800 jeunes filles ont pris part à l’un des 47’7000 cours et camps organisés. Le football (162’400 participants), les sports d’hiver (137’400) et les camps de vacances/trekking (84’200) ont été les offres les plus prisées.

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