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Novartis ouvre les négociations avec Aventis

Enfant d'une fusion, Novartis en envisage une nouvelle. Novartis

Le géant pharmaceutique suisse se met officiellement sur les rangs pour une fusion avec le franco-allemand Aventis, lui-même convoité par son rival français Samofi-Synthélabo.

Selon Novartis, une étude de faisabilité doit précéder l’ouverture des tractations proprement dites.

L’étape sera peut-être cruciale. Novartis accepte de négocier une éventuelle fusion avec Aventis. Toutefois, aucun calendrier ni date limite n’ont été fixés, a indiqué jeudi le géant pharmaceutique bâlois.

Ce mariage entre les deux acteurs européens donnerait naissance au numéro deux mondial du secteur pharmaceutique.

Selon le directeur financier de Novartis, la Commission européenne n’est pas opposée à une éventuelle fusion. Raymund Breu a aussi précisé qu’il ne s’agit pas «d’entretiens exploratoires», mais bien de «négociations en vue d’une fusion».

Le même directeur financier a pris soin d’ajouter que le groupe bâlois sera «très diligent dans son approche» et qu’il n’y a «aucune garantie de succès» de ces négociations.

Aventis s’est félicité de la décision du groupe bâlois d’ouvrir les discussions. Le groupe franco-allemand espère en effet contrer l’offre d’achat hostile lancée par le laboratoire français Sanofi-Synthélabo.

Opposition syndicale

Dans un courrier au ministre français de l’économie, les syndicats d’Aventis se disent par contre «franchement opposés» à un éventuel rapprochement avec Novartis, qui ferait notamment perdre à la France son indépendance sanitaire.

La Bourse, elle aussi, a fait la moue devant la nouvelle, infligeant une baisse de 2% au titre Novartis. Les investisseurs semblent craindre que la firme s’empêtre dans cette opération.

Cette annonce a généralement surpris les analystes, qui avaient souvent abandonné l’idée d’une fusion entre Novartis et Aventis, en raison notamment de la position du gouvernement français.

Sur le plan politique justement, Raymund Breu s’est dit «rassuré» par les derniers propos tenus par le chancelier allemand Gerhard Schroeder et le président français Jacques Chirac. Ces déclarations garantissent la neutralité des gouvernements dans ce dossier, a estimé le représentant de Novartis.

En Allemagne, le ministère de l’industrie a confirmé la rencontre entre le patron de Novartis Daniel Vasella et le ministre de l’économie Wolfgang Clement mercredi.

Neutralité affirmée

En France, le gouvernement avait dans un premier temps indiqué préférer une fusion entre Aventis et Sanofi-Synthélabo. Mais le ministre de l’Industrie Patrick Devedjian vient d’assurer que son gouvernement conserverait sa neutralité.

Dans l’édition de jeudi du Financial Times, le patron de Roche (la rivale baloise) a apporté un soutien inattendu à la démarche de Novartis, et demandé au gouvernement français de rester en dehors du dossier.

Selon Franz Humer, la volonté de préserver la nationalité française d’Aventis n’a pas sa place dans une industrie globale.

Actionnaire principal (2,9% par l’intermédiaire d’Emasan SA) de Novartis, la Fondation de famille Sandoz a refusé de commenter l’annonce de Novartis, son président étant aussi celui du Conseil du géant de la pharma…

Mais selon un «insider», les Sandoz ont toujours été francophiles et bien introduits dans les milieux du pouvoir en France. La fusion Sandoz et Ciba-Geigy (1996) n’a certainement rien changé à cet état de fait, indique-t-il à swissinfo.

En santé financière

Ceci dit, selon plusieurs analystes, Novartis fait son annonce alors que le groupe est financièrement plus sain que son opposant Sanofi.

Au premier trimestre 2004, Novartis a poursuivi sa croissance. Le groupe a dégagé un bénéfice net en progression de 22% à 1,293 milliards de dollars (1,7 milliards de francs).

Son chiffre d’affaires a augmenté de 16% à 6,64 milliards de dollars et son résultat opérationnel s’inscrit à 1,494 milliards de dollars, en hausse de 11% par rapport au premier trimestre 2003.

Pour l’ensemble de l’exercice 2004, Novartis prévoit une augmentation de son chiffre d’affaires «dans une fourchette haute, à un chiffre en monnaies locales». Une progression supérieure à celle du marché, cela va sans dire.

swissinfo et les agences

– Une fusion entre Novartis et Aventis créerait le deuxième groupe mondial dans le secteur pharma.

– Le titre de Novartis a perdu plus de 2% après l’annonce que le géant bâlois se lance dans la bataille.

– Novartis, né de la fusion entre Sandoz et Ciba-Geigy en 1999, emploie actuellement 78’500 collaborateurs dans 140 pays.

– Le groupe a enregistré en 2003 un bénéfice net de 5,02 milliards de dollars et des ventes pour 16,02 milliards.

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