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Recherche politiciens au profil libéral et pro-européen

NGO Operation Libero members cheer result of the 2016 vote on a hardline initative
Le mouvement Opération Libero, notamment Flavia Kleiner (avec le manteau rose), s'est fait connaître en faisant campagne contre une initiative de la droite conservatrice, il y a deux ans. Keystone/Lukas Lehmann

Une offre d’emploi publiée dans deux grands journaux suisses a attiré l’attention et laissé perplexes beaucoup de lecteurs. Un mouvement politique recherche activement des candidats en vue des élections fédérales de l’an prochain.

Le mouvement politique Opération Libero a publié ses annonces dans le journal alémanique zurichois Neue Zürcher Zeitung (NZZ) et le quotidien édité à Lausanne Le Temps. L’organisation non partisane essaie de trouver des candidats potentiels désireux de promouvoir et de défendre ses valeurs d’ouverture politique et de libéralisme. Elle s’intéresse aux personnes qui aiment s’engager dans des débats sur les réformes politiques et sociales au-delà des clivages partisans.

Opération Libero est satisfaite des réponses à l’offre d’emploi publiée le 19 octobre, selon son porte-parole Silvan Gisler. «Nous avons eu pas mal de réactions de la part de gens qui se sont montrés intéressés», affirme ce dernier.

Aucun parti politique

Silvan Gisler assure qu’Opération Libero n’a pas l’intention de devenir un parti politique. «Nous ne voulons pas cannibaliser les partis existants», explique-t-il. Au lieu de cela, le mouvement cherche des alliés pour porter ses idées sur la scène parlementaire et les intégrer directement dans le processus politique au niveau national, dans l’espoir de sortir de ce qu’il perçoit comme une impasse.

«Le Parlement n’a pas été en mesure de faire avancer des réformes indispensables au cours des trois premières années de l’actuelle législature», estime Silvan Gisler. Il fait indirectement référence aux tentatives infructueuses de trouver un compromis dans la controverse de longue date autour du futur des relations avec l’Union européenne, de la réforme du système des retraites et de l’imposition des entreprises.

Opération Libero fera le point avant la fin de l’année et décidera des prochaines étapes, indique son porte-parole. «Nous ne pouvons pas en dire plus à ce stade. Toutefois, notre approche a toujours été et restera axée sur les enjeux et non sur les lignes politiques des partis», affirme-t-il.

Questions ouvertes

L’offre d’emploi publiée dans les journaux a déconcerté les observateurs et les analystes politiques. «Les gens semblent hésitants face à notre approche en dehors de la structure des partis», commente Silvan Gisler.

Le politologue Mark Balsiger suppose qu’Opération Libero est en train d’élaborer une stratégie en vue des élections parlementaires fédérales de 2019. «ll se pourrait que le mouvement soit en train de tâter le terrain avec cette annonce, dans le but de faire valoir très tôt leur point de vue sur ce qu’il considère comme l’échec de la ligne politique officielle à l’égard de l’UE», dit-il.

Difficile toutefois de déterminer si la ligne de conduite adoptée par Opération Libero est un changement par rapport à son approche politique habituelle. «On ne sait pas très bien quelles seraient les conséquences s’ils renonçaient à leur position non partisane», note Mark Balsiger. «Au cours des quatre dernières années, Opération Libero a acquis la réputation d’être un acteur fortement indépendant qui milite de façon intelligente. Cela l’a rendu attrayant pour de nouveaux membres et donateurs potentiels.»

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D’autres experts soupçonnent que le plan initial du mouvement était de présenter ses propres candidats. Cette démarche aurait toutefois alarmé certains partis politiques, notamment les Verts libéraux (centre), qui auraient facilement pu perdre des sièges dans des circonscriptions urbaines au profit de candidats d’Opération Libero. Ainsi, rechercher des candidats en dehors du sérail traditionnel des partis pourrait constituer une alternative. «Ce serait sans doute un atout de pouvoir promouvoir des candidats individuels, mais à quel prix?», se demande Mark Balsiger.

De son côté, l’analyste politique Claude Longchamp considère cette offre d’emploi comme un coup de pub intelligent pour Opération Libero. Il permet de faire passer un message clairement visible au public. Le politologue convient toutefois qu’il y a une certaine ironie dans le fait qu’un mouvement qui a été parmi l’un des premiers à utiliser les médias sociaux pour faire campagne ait désormais recours à la publicité imprimée.

Opération Libero a été lancée en 2014 à la suite de l’acceptation par le peuple de l’initiative populaire controversée de l’Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) dite Contre l’immigration de masseLien externe. Pour mémoire, le texte prévoyait que la Suisse «gère de manière autonome l’immigration des étrangers», en réintroduisant «des plafonds et des contingents annuels».

Il y a deux ans, Flavia Kleiner, l’une des principales membres d’Opération Libero, a acquis une certaine notoriété dans la lutte contre une autre initiative de l’UDC visant à expulser les criminels étrangers. Le mouvement se bat aussi pour l’ouverture du mariage aux homosexuels. Il a contribué avec succès à contrer les attaques de la droite contre la politique d’asile du gouvernement et du Parlement et s’est battu contre l’initiative «No Billag», qui voulait supprimer tout financement public de l’audio-visuel en Suisse.

(Traduction de l’anglais: Katy Romy)

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