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Ombres et lumières de la canicule

Deux mois de canicule ont asséché le fleuve du Doubs entre la Suisse et la France. RTS

Vague de chaleur exceptionnelle et absence prolongée de pluie: la Suisse vit une période de sécheresse historique.

Une situation qui ravit certains secteurs et qui en fait souffrir d’autres.

La pluie a été particulièrement discrète durant le premier semestre de cette année. Il faut remonter à 1976 pour rencontrer un niveau de précipitations plus faible.

Dimanche, les températures ont atteint de nouveaux records en Suisse. Le mercure a grimpé jusqu’à 37,8 degrés à Genève. Il faut remonter à 1983 pour trouver une température supérieure: il avait fait 38 degrés à Bâle.

La canicule fait le bonheur de certains secteurs: le tourisme de montagne, les producteurs de glace, bière et eaux minérales, ainsi que les producteurs d’électricité.

En revanche, l’absence de pluie fait souffrir les maraîchers et les agriculteurs. L’Union suisse des paysans (USP) estime à plus de 100 millions de francs les dommages à l’agriculture.

Plus assez d’herbe pour le bétail

L’herbe vient à manquer pour nourrir le bétail. Et, si la sécheresse perdure, les importations de foin en provenance de France et d’Allemagne coûteront de plus en plus cher. En compensation, le niveau des taxes douanières pourrait être réduit.

L’Office fédéral de l’agriculture décidera des mesures à prendre au début du mois d’août. Mais un soutien financier direct n’est pas envisagé. En attendant, des mesures ont été prises dans différentes régions.

Plusieurs cantons ont décidé d’ouvrir des prairies normalement interdites au pâturage pour des raisons écologiques. Certains agriculteurs ont envoyé leurs vaches en montagne. Des paysans vaudois ont, par exemple, emmené leurs troupeaux en Valais.

Pour sa part, le canton des Grisons propose des subventions plus importantes à tous les paysans qui désalperont et abattront leur bétail plus tôt que prévu.

Les récoltes souffrent

L’impact de la sécheresse est aussi important sur les récoltes. Les moissons ont entre 15 jours et un mois d’avance, mais les rendements sont inférieurs à la moyenne, de 10 à 30% selon les cultures et les régions.

«Les pommes de terre sont en train de germer. Récoltés un mois plus tôt, les abricots suscitent aussi des inquiétudes, explique à swissinfo Martine Bailly, directrice d’Agir, agence d’information agricole. Seuls les prunes, les pruneaux et le raisin apprécient la canicule.»

La récolte des prunes et des pruneaux devrait, en effet, atteindre quelque 3000 tonnes cette année, soit 30% de plus que l’an dernier, selon l’Union suisse des paysans (USP).

Un excellent millésime 2003

La vigne, elle, est dans un très bon état sanitaire. La chaleur et l’absence d’humidité ont empêché le développement des maladies fongiques. Et la récolte devrait intervenir avec au moins deux semaines d’avance.

Toutefois, la sécheresse impose aux vignerons d’être très attentifs à l’irrigation de leurs parcelles. Les jeunes vignes, encore peu enracinées, sont particulièrement fragiles.

Tous à la montagne!

Autre secteur qui profite de la vague de chaleur: le tourisme. «Le temps incite les gens à s’offrir de petites escapades d’un week-end», précise pour swissinfo Silvia Devito, porte-parole de Suisse Tourisme.

Et c’est surtout vers la montagne qu’ils se tournent, le plus souvent pour de petites excursions d’une journée. Une affaire pour les propriétaires de télécabines et de funiculaires.

L’électricité vaut de l’or

Les producteurs d’électricité ont également le sourire. Les centrales hydrauliques tournant à la moitié de leur capacité, l’électricité est devenue une denrée rare. Et donc chère… Certains jours, les prix de vente ont été multipliés par dix.

Les centrales nucléaires, qui ont des problèmes avec leurs systèmes de refroidissement, doivent aussi réduire leur puissance. En raison de la température élevée de l’Aar, la centrale de Mühleberg (BE), par exemple, a dû réduire sa capacité à 80%.

swissinfo, Alexandra Richard

L’USP estime à plus de 100 millions de francs les dommages à l’agriculture.
Les moissons ont 15 jours à un mois d’avance.
Mais les rendements sont inférieurs à la moyenne, de 10 à 30% selon les cultures et les régions.

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