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OMC: le pessimisme de Joseph Deiss

Le ministre de l'économie tire un bilan mitigé de la réunion de Montréal. Keystone Archive

La réunion informelle de l’Organisation mondiale du commerce à Montréal n’a permis qu’une timide avancée dans le dossier agricole.

Selon le ministre suisse de l’économie, une percée lors du prochain sommet de l’OMC à Cancun demeure peu probable.

«Je crois pouvoir dire que l’ensemble des 25 pays présents à Montréal est conscient de l’importance de la réunion de Cancun pour l’avenir du système commercial multilatéral piloté par l’OMC», avance Joseph Deiss.

«Mais je reste pessimiste sur les chances de succès de ce sommet», poursuit le ministre suisse de l’économie.

Dans six semaines, les 144 pays membres de l’OMC se retrouvent en effet dans la station balnéaire mexicaine de Cancun. Ce sommet doit définir le cadre de négociation du nouveau cycle commercial lancé à Doha en novembre 2001.

Un processus en panne

Or, depuis cette date, le processus de discussion est complètement grippé. Et ce malgré la tenue de plusieurs réunions restreintes – comme celle de Montréal cette semaine – chargées de débloquer les dossiers litigieux.

L’agriculture reste la principale pierre d’achoppement entre les Etats membres de l’OMC.

«La nouvelle politique agricole commune décidée récemment par Bruxelles a bien permis d’avancer sur l’aide interne aux agriculteurs et sur les soutiens à l’exportation de leur produits», précise Joseph Deiss.

«Pour la Suisse, relève au passage le ministre, c’est une évolution acceptable. Notre pays a en effet déjà adopté une bonne partie des mesures décidées par Bruxelles. Mais là où subsiste le blocage, c’est en matière de droits de douane sur les importations de produits agricoles.»

Les grands exportateurs agricoles (Etats-Unis, Australie) ainsi que les pays du Sud veulent en effet un abaissement massif de ces taxes. Ce que refusent l’Union européenne, la Suisse ou le Japon.

Une timide avancée

Une lueur d’espoir malgré tout: les Etats-Unis et l’Union européenne se sont engagés, à Montréal, à présenter les bases d’un accord sur la réduction de leurs subventions agricoles.

Une chose est sûre: les négociations sur l’ensemble des domaines définis à Doha ne peuvent avancer sans un déblocage du dossier agricole.

Mais les autres volets du cycle de Doha sont loin de faire l’unanimité.

«Les travaux concernant les produits non agricoles ont bien progressé, relève Joseph Deiss. Mais les négociations sur la protection des investissements directs ou sur les marchés publics sont dans l’impasse».

«De plus, souligne encore le ministre, on assiste à une certaine érosion des systèmes préférentiels en faveur des pays en développement. Il faut donc aussi se mettre d’accord sur des facilités supplémentaires pour ces pays».

«La Suisse et l’Union européenne, conclut Joseph Deiss, sont prêts à lâcher du lest sur les questions agricoles notamment. Mais il est essentiel pour nous d’obtenir des contreparties dans les autres domaines fixés à Doha».

swissinfo, Frédéric Burnand, Genève

– A Doha, en novembre 2001, les ministres du commerce des 144 pays membres de l’OMC ont lancé un nouveau cycle de négociations commerciales baptisé cycle du développement.

– L’agenda des discussions adopté au Qatar n’a pas été respecté, malgré la tenue de mini-sommet à Tokyo, à Charm El-Cheikh et à Montréal.

– La prochaine conférence plénière de l’OMC aura lieu à Cancun au Mexique du 10 au 14 septembre prochain.

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