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OMC: un casse-tête agricole pour Berne à Cancún

Joseph Deiss conduira la délégation suisse à la Conférence ministérielle de l'OMC de Cancún. Keystone

Jeudi, le gouvernement a fixé le mandat de négociation pour la Conférence ministérielle de l'OMC à Cancún, au Mexique.

Le ministre de l’Economie, Joseph Deiss, prend au sérieux les menaces de référendum brandies par les paysans, les syndicats et les ONG.

«Pour la Suisse, il n’est pas imaginable de ne pas être partie d’un consensus final qui serait atteint par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) », lance le ministre de l’Economie, Joseph Deiss.

En clair, la Suisse doit être partie intégrante de toute forme de résolutions ou décisions qui seront prises sur place à Cancún, entre le 10 et le 14 septembre.

«Quant aux organisations agricoles, précise Joseph Deiss – qui conduira la délégation suisse à ce sommet – elle doivent bien réfléchir aux conséquences d’un éventuel référendum».

La position des anti-OMC

Mardi, les agriculteurs, appuyés par les syndicats et de nombreuses organisations non gouvernementales suisses (ONG), ont rappelé leur position, deux semaines avant la Conférence de l’OMC: la libéralisation des échanges ne doit pas se faire au détriment des pays pauvres, de l’agriculture et de l’environnement.

Les représentants du collectif qui regroupe une trentaine d’organisations ont exprimé le peu de confiance qu’ils accordaient à la conférence ministérielle de Cancun.

«Nous ne remettons pas en question le commerce en tant que tel», a dit Bastienne Joerchel, de la Coordination Suisse-OMC. Elle voit surtout un problème dans la rapiditié avec laquelle les pays pauvres sont invités à ouvrir leurs marchés à la concurrence étrangère.

Les organisations non gouvernementales accusent aussi les nations industrialisées de mener un double jeu.

Elles exigent d’une part des pays en développement l’ouverture de leurs marchés, mais protègent d’autre part par des droits de douane ou des subventions leurs propres marchés indigènes dans des domaines sensibles comme le textile ou l’agriculture, dénoncent-elles.

Pour leur part, les syndicats – et leurs associations faîtières Union syndicale suisse (USS) et Travail Suisse – craignent les menaces que font peser sur les services publics l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), un des accords de l’OMC.

Ils demandent que les services fondamentaux – éducation, santé, eau, énergie en particulier – en soient exclus.

Trouver un compromis équitable

La réponse, formulée mercredi par Joseph Deiss, met en exergue les risques encourus. «Si la Suisse était exclue d’un accord, cela serait préjudiciable à l’ensemble de l’économie, et donc aux paysans aussi», souligne le ministre de l’Economie.

Car, dit-il «pour pouvoir verser des paiements directs, il faut une économie florissante et des finances saines». Il s’agit donc d’ici là de trouver un compromis équitable.

D’après Joseph Deiss, la Suisse est prête à poursuivre la libéralisation de l’agriculture selon le rythme fixé pour 2004-2007 également au-delà de cette période.

Plus précisément, quelque 2000 exploitations disparaissent chaque année, et ceci depuis 10 ans déjà.

Pour Joseph Deiss, toujours, la marge de manœuvre est assez large en ce qui concerne une réduction de l’aide à l’exportation de produits agricoles.

En revanche, il est pratiquement impossible de réduire les aides (subventions aux paysans) à l’intérieur de la Suisse.

La Suisse ne voit en revanche pratiquement pas de possibilité de modifier les droits de douane.

Au final, pour le gouvernement helvétique, l’amélioration de l’accès au marché est importante, mais il faut aussi tenir compte des aspects non commerciaux, comme les protections géographiques des produits agricoles.

A ce titre, une liste de produits à protéger est en cours d’élaboration. Elle comprendra notamment divers fromages, la viande des Grisons et certains spiritueux.


swissinfo et les agences

– La Coordination Suisse-OMC exige que la Suisse s’engage en faveur des pays pauvres lors de ce sommet. Elle voit surtout un problème dans la rapiditié avec laquelle les pays pauvres sont invités à ouvrir leurs marchés à la concurrence étrangère.

– Les organisations non gouvernementales (ONG) suisses accusent les nations industrialisées de mener un double jeu. Elles exigent d’une part des pays en développement l’ouverture de leurs marchés, mais protègent d’autre part leurs propres marchés indigènes.

– Les syndicats, Union syndicale suisse (USS) et Travail Suisse, craignent les menaces que font peser sur les services publics l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), un des accords de l’OMC. Ils demandent que les services fondamentaux – éducation, santé, eau, énergie en particulier – en soient exclus.

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