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Les étrangers ne seront pas éligibles à Neuchâtel

C'est raté. Neuchâtel ne sera pas le premier canton suisse à voir des étrangers siéger à son parlement ou à son gouvernement. Keystone

Neuchâtel a refusé aux étrangers le droit de siéger au gouvernement ou au parlement du canton, ce qui aurait constitué une première suisse. A part quoi on votait également dans de nombreux cantons et communes ce week-end, sur l’immigration, l’école ou l’énergie éolienne…

A Neuchâtel, le projet visait à offrir à quelque 23’000 personnes la possibilité de se porter candidates au Conseil d’Etat (exécutif), au Grand Conseil (législatif cantonal), voire au Conseil des Etats (Chambre des cantons du parlement fédéral). Mais les citoyens ont refusé dimanche de modifier la constitution cantonale en ce sens, par 54% des voix.

La gauche avait déposé ce projet en 2015. Selon ses partisans, cet élargissement des droits civiques allait favoriser le sentiment d’appartenance, de responsabilité et d’intégration des étrangers par rapport à leur canton de domicile. Le Conseil d’Etat y était favorable, de même que la majorité du Grand Conseil. Du côté des opposants, l’UDC (droite conservatrice) et la majorité du PLR (droite) jugeaient que les étrangers souhaitant briguer une fonction cantonale devaient passer par la naturalisation.

Les partisans du projet y voyaient une suite logique dans la tradition neuchâteloise d’intégration. C’est déjà le seul canton de Suisse, avec le Jura, à octroyer le droit de vote au niveau cantonal. Et il fait partie des quatre cantons (avec le Jura, Vaud et Fribourg) qui accordent aux étrangers aussi bien l’éligibilité que le droit de vote au plan communal. Le canton de Genève donne lui aussi le droit de vote communal, mais pas l’éligibilité. Et en Suisse alémanique, trois cantons autorisent leurs communes à introduire le droit de vote pour les étrangers: Appenzell Rhodes-Extérieures, les Grisons et Bâle-Ville.

«Les nôtres d’abord»

Les Tessinois, quant à eux, ont adopté dimanche une initiative de l’UDC et un contre-projet du gouvernement à un texte de la gauche. La première s’appuie sur la préférence indigène, le second renforce les mesures d’accompagnement, le tout en vue de combattre le dumping salarial.

L’initiative de l’UDC «Les nôtres d’abord» a séduit 59% de l’électorat. Elle vise à trouver une solution urgente pour le marché du travail au Tessin, dans l’attente des mesures prévues au niveau fédéral, en application de la fameuse initiative (UDC) dite «Contre l’immigration de masse». Mais rien ne dit que cette solution soit réellement plus rapide. La modification constitutionnelle, qui pourrait contrevenir au droit international, doit encore recevoir la garantie des Chambres fédérales.

S’agissant des mesures d’accompagnement, les votants ont fait confiance (à 58%) aux autorités, qui se sont engagées à améliorer la formation, le nombre et l’efficacité des contrôles, ainsi qu’à augmenter la qualité des interventions et la sévérité des peines aux employeurs qui ne respectent pas les limites salariales. L’initiative du Mouvement pour le socialisme, appuyé par les syndicats, allait beaucoup plus loin, demandant notamment un net renforcement de l’inspectorat cantonal du travail.

Oui aux éoliennes de la discorde

Sur les crêtes du Jura vaudois, le parc de sept éoliennes prévu à la vallée de Joux, peut aller de l’avant. Les électeurs de la commune du Chenit l’ont approuvé dimanche à 62% des voix. Mais des recours sont encore pendants devant la justice.

La construction de sept mâts d’une hauteur maximale de 210 mètres se prépare depuis plus de dix ans, en partenariat avec le canton. Voté en novembre dernier par le législatif du Chenit, il était soumis au référendum spontané et les électeurs l’ont approuvé. Les partisans se réjouissent de la victoire d’un projet développé «par la région pour la région».

Les opposants quant à eux, qui craignent que les hélices ne «défigurent» la Vallée de Joux, n’ont pas dit leur dernier mot. Ils comptent maintenant sur le recours au Tribunal cantonal de cinq associations environnementales, qui ne veulent pas d’un «précédent inacceptable» sur un alpage inscrit à l’Inventaire fédéral des paysages. Sans compter l’opposition déclarée des Français du village voisin, qui risquent d’avoir des éoliennes à 700 mètres de leurs habitations.

Dialecte vs. «bon» allemand

Dans le canton de Zoug, le dialecte alémanique ne s’imposera pas à l’école, comme l’exigeait une initiative de l’UDC. La droite conservatrice voulait que le dialecte soit la langue exclusive d’enseignement à l’école enfantine et dans certaines branches de l’école primaire et secondaire (sport, musique et travaux manuels). Elle a été rejetée par 60% des voix.

Par contre, les citoyens ont accepté (à 62%) le contre-projet du parlement, qui prévoit que les enseignants de l’école enfantine s’adressent aux élèves en dialecte, en règle générale. Pour l’école primaire et secondaire, le dialecte cède ensuite la place à l’allemand.

L’enseignement en dialecte suscite le débat en Suisse alémanique depuis quelques années. L’UDC en a fait son cheval de bataille pour l’école enfantine. Elle estime que l’enseignement en dialecte renforce l’intégration. Le parti a lancé des initiatives dans plusieurs cantons, avec plus ou moins de succès.

Autre cheval de bataille de l’UDC dans le domaine scolaire: le concordat Harmos, accepté par 15 cantons sur 26, qui définit notamment la durée et les objectifs des degrés scolaires, de l’enseignement des langues, ainsi que des horaires blocs et des structures de jour. La droite conservatrice s’oppose à Harmos notamment en raison de l’enseignement des langues au primaire, qu’elle juge trop précoce.

Ce dimanche, St-Gall était, après Schaffhouse, le deuxième canton à voter sur sa sortie d’Harmos. Et comme Schaffhouse, St-Gall a choisi, et même assez nettement (69%) de rester dans le concordat.

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