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ONU: un secrétariat à Genève compatible malgré les exportations

Le chef d'ONU Environnement Erik Solheim a demandé à la Suisse de garantir un commerce de l'or sans lien avec le mercure (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU n’estime pas incompatible un probable secrétariat de la Convention de Minamata à Genève avec les exportations suisses de mercure. Son chef de l’environnement ne fait d’ailleurs une priorité que d’une interdiction de celui qui est dangereux.

Sauf surprise, la Suisse, seule candidate, devrait obtenir le secrétariat de cette Convention entrée en vigueur en août. La décision doit être prise lors de la partie ministérielle de la première Conférence des Etats parties (COP1) qui se termine vendredi à Genève.

Avec la Norvège, la Suisse avait été pionnière dans le processus qui a mené à la signature en 2013 de cet accord. Mais des ONG exigent d’elle qu’elle interdise toute exportation de mercure pour accueillir le secrétariat.

“Nous encourageons fortement la Suisse à trouver des solutions” pour garantir que ce commerce n’a pas de lien avec l’extraction d’or, a dit jeudi devant quelques journalistes le chef d’ONU Environnement Erik Solheim. Un secrétariat à Genève “serait parfait” mais dans d’autres pays aussi, a-t-il expliqué. Il avait auparavant inauguré une exposition de photos de Minamata sous une “bulle de mercure” sur la Place des Nations.

Interpellations au Parlement

La Suisse a exporté 30 tonnes de mercure en 2016, en diminution par rapport à 2015, au travers d’une entreprise qui n’en vend qu’à des clients qui l’utilisent conformément à la Convention. Elle s’est elle engagée à appliquer les restrictions aux exportations qui pourraient être décidées lors de la COP1, “éventuellement assorties de délais” pour certaines situations.

Jeudi, les conseillers nationaux Lisa Mazzone (Verts/GE) et Cédric Wermuth (PS/AG) ont déposé deux interpellations. Celles-ci portent sur la conformité des importations d’or en Suisse ou des activités du négoce suisse de matières premières avec la Convention de Minamata et les droits de l’homme. Au total, 50% du commerce mondial de l’or passe par la Suisse.

Le maire de Genève Rémy Pagani a lui appelé à privilégier les pratiques traditionnelles plutôt que le mercure pour l’extraction de l’or. Et d’enjoindre les multinationales et les groupes armés à changer leur attitude.

“Utile” lorsque pas dangereux

Après une réunion mercredi avec des entreprises actives dans le commerce de l’or, M. Solheim a relevé leur intérêt à collaborer. Plus largement, il souhaite la fin du mercure nocif “dès que possible” grâce à la mise en oeuvre de la Convention. Sans pour autant faire d’une interdiction absolue sa priorité.

“Il y a encore des secteurs où le mercure peut être utile” sans “affecter la santé ni l’environnement”, d’autant plus si les alternatives sont plus dangereuses encore, dit-il.

Selon lui, la Convention de Minamata constitue un “triomphe” pour la “population” de cette ville japonaise touchée par un déversement industriel dans les années 50, pour “l’ONU” et pour “l’humanité”. Et le directeur général d’ONUGenève Michael Møller a lui estimé que toute l’ONU et ses Etats membres sont actifs sur cette question.

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