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Or de la BNS: tout est à refaire

Le pavillon de la Banque nationale suisse (BNS) sur l'arteplage de Bienne. Keystone

Quelque 52% des Suisses et l'écrasante majorité des cantons et demi-cantons ont rejeté l'initiative de l'UDC sur l'or et son contre-projet.

Le revenu de la vente de l’or excédentaire de la BNS n’ira donc ni à l’AVS ni à la Fondation Suisse solidaire. Retour à la case départ.

Les sondages l’avaient depuis longtemps montré. Le texte de l’Union démocratique du centre (attribution de tout l’or à l’AVS) n’avait aucune chance de passer la rampe. Des prévisions largement confirmées par le vote du peuple et des cantons.

Pas une déroute

Cette initiative présentait deux défauts majeurs. D’abord, elle ne faisait bénéficier qu’une partie de la population – les aînés – de la fortune nationale. Ce faisant, elle n’accordait rien, par exemple, aux cantons qui ont pourtant un droit constitutionnel sur l’or de la BNS.

Mais surtout – les opposants l’ont dit et redit – cette initiative ne résolvait en rien les problèmes financiers de l’AVS. Bien que la somme soit importante, la vente de l’or excédentaire ou ses revenus n’auraient de toutes façons représentés qu’une goutte d’eau par rapport aux besoins de l’AVS.

Toutefois, les résultats de dimanche ne constituent pas une déroute pour l’UDC. L’initiative a obtenu un score plus qu’honorable, preuve que le financement de l’AVS constitue bel et bien un soucis pour une partie de la population.

Les fonds juifs en arrière-plan

L’échec du contre-projet gouvernemental peut sembler plus surprenant. En effet, la proposition du Conseil fédéral représentait un compromis susceptible de séduire le plus grand nombre de gens possibles.

Mais ce compromis n’a pas permis d’effacer les conditions calamiteuses de la naissance du projet de Fondation Suisse solidaire.

Même si l’actuel projet de fondation n’avait plus grand chose à voir avec les conditions de départ, le peuple s’est souvenu que ce projet était indirectement né de l’énorme pression que les Etats-Unis ont exercée sur la Suisse dans le cadre du dossier des fonds juifs en déshérence.

Autre problème: le projet de fondation était tout sauf concret. Impossible de savoir ce que l’or de la BNS aurait réellement permis de financer. Du coup, ses partisans ont eu la plus grande peine à la vendre.

Enfin, les mauvaises conditions économiques ont certainement joué en défaveur du contre-projet. En cette période d’incertitude où le chômage remonte, bien des Suisses ont dû penser que ce n’était pas le moment de financer des projets de solidarité, surtout à l’étranger…

Jour noir pour les politiques

Pour les politiciens, le double «non» sorti des urnes est le pire des scénarios. Aucun d’entre eux, quelle que soit son opinion, ne voulait d’un tel résultat.

En effet, avec ce vote, ce sont des années de discussions sur l’attribution de l’or excédentaire de la BNS qui se révèlent vaines. Désormais, tout l’ouvrage est à remettre sur le métier.

Le jour est particulièrement sombre pour Kaspar Villiger. Le président de la Confédération s’était fortement engagé en faveur du contre-projet. Un échec d’autant amer qu’il s’agissait certainement de sa dernière grande campagne politique.

swissinfo/Olivier Pauchard, Palais fédéral

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