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Pékin donne un tour de vis à l’information en ligne

Si Wikipédia est autorisé en Chine, le régime communiste bloque d'autres sources d'information comme Google ainsi que des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, tandis que l'internet est scrupuleusement purgé de tout contenu politiquement sensible. KEYSTONE/AP/PAUL SAKUMA sda-ats

(Keystone-ATS) La Chine a promulgué une nouvelle réglementation qui renforce l’emprise du régime communiste sur les fournisseurs d’information en ligne. Cela à l’approche d’un important congrès du parti au pouvoir en fin d’année.

L’internet est très contrôlé en Chine, dont le gouvernement bloque des réseaux sociaux étrangers comme Facebook et Twitter et censure tous les contenus jugés politiquement sensibles.

Mais une nouvelle réglementation publiée par l’Administration chinoise du cyberespace (ACC) va resserrer encore ce contrôle à compter du 1er juin, a annoncé mercredi l’agence Chine nouvelle.

Permis obligatoire

Les sites internet, applications, forums de discussion, blogs, microblogs, médias sociaux, messageries instantanées et plate-formes de vidéo en direct ou tout autres entités sélectionnant ou publiant des informations devront désormais obtenir un permis avant de diffuser des contenus concernant le gouvernement, l’économie, l’armée, la diplomatie ou les problèmes sociaux, a précisé l’ACC.

Ces fournisseurs doivent “guider correctement l’opinion publique” et “servir la cause du socialisme” tout en “préservant l’intérêt de la nation et du peuple”, a précisé l’organe d’Etat, à quelques mois du Congrès quinquennal du Parti communiste chinois, qui devrait donner un nouveau mandat au président Xi Jinping à la tête du pays.

Les entités qui ne reçoivent pas d’argent public ne seront pas autorisées à effectuer des reportages originaux, selon la même source.

“Evaluation sécuritaire”

Les employés des services en ligne devront suivre une formation et une évaluation sanctionnées par l’Etat, qui leur attribuera une accréditation officielle. Les nominations des plus hauts responsables devront être approuvées officiellement.

Il sera enfin interdit d’établir une coentreprise avec un partenaire étranger sans passer au préalable “une évaluation sécuritaire” validée par le gouvernement central. Les contrevenants s’exposent à des amendes de 30’000 yuans (4300 francs) et à une révocation de leur licence.

“Instiller la peur”

D’après le spécialiste des médias Qiao Mu, ancien professeur à l’Université des études étrangères de Pékin, cette disposition vise à “instiller la peur” chez les médias privés comme le mastodonte Tencent.

“Ils n’oseront pas couvrir des informations sensibles et se contenteront de répercuter les contenus des médias officiels sur ce type de sujets, eux-mêmes se cantonnant à l’actualité financière, à l’industrie du spectacle et au sport”, a déclaré M. Qiao.

Dans un rapport publié la semaine dernière, Reporters sans frontières a classé la Chine au 176e rang mondial sur 180 pays pour la liberté de la presse, juste devant la Syrie. Une liberté qui s’est encore réduite depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping fin 2012.

Wikipedia chinois

Pékin prévoit en outre de lancer l’an prochain une encyclopédie en ligne présentée comme “une Grande muraille culturelle” face aux influences étrangères en général… et celle de Wikipédia en particulier.

La Chine doit publier sa propre encyclopédie afin de guider l’opinion publique, a expliqué le principal promoteur du projet, Yang Muzhi, dans un article publié le mois dernier sur le site internet de l’Académie chinoise des sciences.

A la différence de Wikipédia ou de son équivalent chinois Baidu Baike, qui recourent aux services de bénévoles et dont les contenus en ligne sont révisés en permanence, le nouveau projet sera entièrement rédigé par des professionnels. Plus de 20’000 universitaires ont déjà été recrutés à cette fin.

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