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Parlons de l’homosexualité dans les écoles en Suisse!

"J'ai décidé d'en parler, pour ne pas continuer à vivre dans un demi-jour, sans vraiment mentir, mais sans dire la vérité non plus". Témoignage tiré de "A visage découvert". http://www.lambda-education.ch

«En matière d'homosexualité, l´école est loin de remplir sa mission»: c´est le cri du coeur des associations homosexuelles de Suisse. Elles ont placé la Journée du coming out (l´aveu public de l'homosexualité), mercredi, sur ce thème.

C’est en effet ce mercredi qu’a lieu la Journée du coming out. Cette tradition remonte au 11 octobre 1987, date à laquelle 600 000 homosexuels avaient marché sur Washington pour réclamer l’égalité des droits. En Suisse, cette Journée existe depuis 1991.

Pour l’année 2000, le thème choisi est celui de l’école. «L’homosexualité est un tabou dans les cours de récréation et dans les classes», regrette Stéphane Riethauser, membre de l’association Pink Cross, l’antenne suisse des gays.

Selon lui, les jeunes homosexuels sont du coup «laissés sur le carreau» et peinent à s’identifier dans un monde qui ne les reconnaît pas. «Il y a un énorme poids sur les épaules de ces jeunes, et l’école doit fournir les conditions pour qu’ils puissent s’exprimer et être respectés», estime-t-il.

La découverte de l’homosexualité entraîne en effet de nombreuses angoisses. Un quart de ces jeunes ferait en effet une tentative de suicide. C’est une des conclusions d’une étude menée par un psychiatre du CHUV, Pierre Cochand.

La solution? Ce médecin estime que le sujet devrait être mieux abordé à l’école, en particulier dans les cours d’éducation sexuelle. «Les jeunes homosexuels ont déjà de la peine à admettre qu’ils sont différents, souligne-t-il. Leur travail peut encore être compliqué par le sentiment de rejet».

«Une chose est frappante: on tolère extrêmement mal les comportements racistes à l’école, mais on est d’une indifférence crasse face à l’intolérance vis-à-vis de l’homosexualité», ajoute Pierre Cochand.

Du côté de l’école, Jacques Laurent, chef du service de la Jeunesse dans le canton de Neuchâtel, estime que les remarques entendues dans les préaux ne sont malheureusement que le reflet de la société.

«Les revendications des milieux homosexuels sont légitimes, mais elles ont déjà été prises en compte», commente Jacques Laurent. Et le chef du service de la Jeunesse dans le canton de Neuchâtel d’expliquer que, dans la plupart des cantons romands, ces questions sont déjà abordées dans les cours d’éducation sexuelle.

Avec quelques grincements de dents de la part de certains parents… «C’est même un problème régulier, explique Jacques Laurent. Il s’agit de traiter ce sujet de façon subtile pour ne pas heurter les familles».

Mais selon Stéphane Riethauser, de Pink Cross, ces moyens ne sont pas suffisants. «Nous n’allons pas forcer la porte des écoles, mais les sensibiliser», souligne-t-il.

Concrètement, les associations homosexuelles proposent aux enseignants des séminaires de formation, ainsi que du matériel. Elles ont organisé une campagne de lettres adressées aux écoles et aux départements cantonaux de l’éducation. Les gays et lesbiennes souhaitent également distribuer dans les écoles des affiches sur le thème «L’amour ne connaît pas de frontières».

Finalement, un livre «A Visage découvert» est à peine sorti de presse. Stéphane Riethauser, qui en est l’auteur, y présente 30 jeunes filles et jeunes garçons homosexuels.

Caroline Zuercher

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