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Pas d’excuses pour Nessim Gaon

Selon un sondage, une majorité de Genevois appuyaient l'idée des excuses. Keystone Archive

Considérant qu’il ne porte aucune responsabilité dans les ennuis judiciaires du financier Nessim Gaon, le gouvernement genevois ne lui présente pas d’excuses.

Pour Nicolas Giannakopoulos, fondateur de l’Observatoire du crime organisé (OCO), il aurait été inconcevable d’offrir un traitement de faveur à l’ancien patron de Noga Hilton.

Le Conseil d’Etat genevois (gouvernement) ne présentera finalement pas d’excuses à Nessim Gaon, blanchi la semaine dernière des accusations de gestion fautive et de banqueroute frauduleuse, lancées contre lui en 1993.

Les élus n’ont pas suivi les Genevois qui, à 52 %, selon un sondage publié dans l’hebdomadaire ‘Le Matin Dimanche’, estimaient que leur gouvernement devait faire amende honorable.

La crainte de devoir lui verser un demi-milliard de francs, en réparation des torts que Nessim Gaon aurait subis pendant cette longue procédure judiciaire, a vraisemblablement pesé de tout son poids dans ce sondage.

Une ardoise à la BCGe

Nicolas Giannakopoulos, qui organise en octobre prochain le deuxième Forum de Genève sur le crime organisé, était totalement opposé à cette demande de pardon.

«Et puis quoi encore? Il ne faudrait pas oublier que Nessim Gaon laisse une ardoise de plus de 100 millions de francs à la Banque cantonale de Genève (BCGe). Et ce sont les Genevois qui doivent l’éponger», constate-t-il.

Toutefois, le chercheur n’est pas hostile au principe des excuses, à condition que tout le monde puisse en profiter, «y compris Rodriguez, qui a perdu son travail après une erreur judiciaire», ajoute-t-il.

Pour le fondateur de l’Observatoire du crime organisé, le climat qui entoure l’affaire Gaon est dangereux. «Quand un magistrat ouvre une enquête, il n’est jamais certain du résultat final. Agiter ainsi d’éventuelles réparations financières conduit à la paralysie du système judiciaire».

159 sociétés du groupe Gaon

D’autant que les grosses affaires financières sont toujours incroyablement complexes. Le groupe Nessim Gaon ne compte-t-il pas 159 sociétés dispersées dans le monde entier?

Or, chaque commission rogatoire internationale prend des mois, sinon des années. Les paradis fiscaux ne collaborent généralement pas. Enfin, les hommes d’affaires bénéficient en Suisse des compétences de brillants avocats, capables de bloquer les dossiers en multipliant les recours.

«Malheureusement, la coopération judiciaire réclamée par des magistrats comme Bernard Bertossa n’avance guère. Et que peut faire la justice suisse seule dans les affaires Mikhaïlov ou Borodine lorsque la Russie refuse de coopérer?», commente Nicolas Giannakopoulos.

swissinfo, Ian Hamel

Nessim Gaon fonde la Compagnie Noga en 1957.

Dans les années 80, il est à la tête d’un empire financier estimé à près de 4 milliards de francs suisses.

Au début des années 90, il vole au secours de la nouvelle Russie. Et perd près de 680 millions de dollars.

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