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Pas de test VIH obligatoire pour les réfugiés

Les centres d'enregistrement des requérants d'asile (ici celui de Bâle) n'imposeront pas de test HIV. Keystone

Finalement, les requérants d'asile ne seront pas soumis à un dépistage systématique du sida à leur entrée en Suisse. En revanche, les autorités envisagent de leur proposer des tests volontaires.

L’Aide suisse contre le sida salue le rejet de ce projet qui avait suscité la controverse.

«Il n’y aura pas de test obligatoire, ni pour les requérants d’asile, ni pour d’autres groupes de population.» L’Office fédéral de la santé publique et l’Office fédéral des réfugiés (ODR) abandonnent donc, dans un communiqué commun, le projet éventé en janvier dernier par la NZZ am Sonntag.

Selon l’hebdomadaire zurichois, l’OFSP envisageait d’introduire le test VIH dans les cinq centres suisses d’enregistrement de requérants d’asile. Il s’agissait, par cette mesure, de prendre en compte une réalité incontournable : un grand nombre de personnes en quête d’asile proviennent de régions durement frappées par le sida, comme l’Afrique subsaharienne.

Suite à cette révélation, plusieurs organisations – dont l’Aide suisse contre le sida – ont souligné les effets pervers d’une telle mesure.

Certes, ce programme de dépistage n’était pas présenté comme obligatoire. Mais les associations concernées doutaient de la liberté réelle d’un demandeur d’asile qui se trouve – à son arrivée en Suisse – en position de faiblesse.

Un choix indépendant

Pour justifier l’abandon du projet, les deux offices mettent en avant les conclusions d’un groupe de travail commun qui milite pour une action de prévention.

«Cet abandon n’est pas dû à des pressions extérieures», ajoute le porte-parole de l’ODR.

«De plus, lance Dominique Boillat, l’ODR n’a jamais envisagé que des tests obligatoires puissent être applicables dans les faits.»

Rappelons toutefois que lors de la campagne pour les élections fédérales de 2003, l’UDC (Union démocratique du centre / droite dure) avait préconisé le renvoi pur et simple des demandeurs d’asile séropositifs.

Quoi qu’il en soit, l’Aide suisse contre le sida (ASS) salue aujourd’hui ce revirement. L’association se réjouit également de la piste choisie par les deux offices, fondée sur la consultation et le libre choix.

Viser la coopération

Mais tout programme de dépistage devra se plier aux exigences de la protection des données personnelles. «C’est à cette condition seulement que la coopération des personnes concernées pourra être garantie et que des tests de dépistage du VIH auront l’effet souhaité », souligne l’ASS.

Même son de cloche du coté de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés.
«Nous saluons cette décision qui va dans le bon sens. Elle correspond d’ailleurs à l’avis formulé par le Conseil fédéral, lors de la dernière session parlementaire», se félicite son porte-parole.

L’OSAR approuve également les mesures de prévention proposées par l’ODR et l’OFSP. «Il est très important d’informer les requérants d’asile, explique Jurg Schertenleib, et de leurs offrir des tests volontaires. Reste à définir précisément la manière dont ce test sera proposé.»

«La nouvelle ligne proposée par les deux offices, ajoute le porte-parole, est cohérente avec l’ensemble de la politique suisse à l’égard du sida. Elle coûtera également moins chère qu’un programme de tests systématiques.»

Les nouvelles pistes



Concrètement, l’ODR et l’OFSP veulent toujours renforcer la prévention du sida chez les requérants d’asile. Et cela dans le cadre du contrôle sanitaire des frontières.

Mais désormais, le maître mot est sensibilisation. «Il est notamment prévu de réaliser de nouveaux matériels audiovisuels qui indiquent les principales voies de transmissions en tenant compte des aspects culturels », détaillent les deux offices.

«Pour ce faire, il convient d’élaborer rapidement les moyens, dossiers, brochures et supports d’information nécessaires et de planifier, d’ici à l’automne 2004, les mesures à mettre en œuvre.»

Dans le même temps, les deux offices vont plancher sur la meilleure manière de proposer des tests volontaires aux requérants d’asile.

swissinfo avec les agences

– Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), un maximum de 2144 tests VIH positifs a été atteint en 1992.

– Depuis, le nombre annuel de tests positifs a continuellement baissé, avant d’enregistrer une hausse en 2001.

– Ce revirement s’est clairement confirmé en 2002: 789 tests positifs ont été enregistrés, soit une augmentation de 24,8% par rapport à 2001.

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