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Patrick Gyger, un pont entre réalité et imaginaire

Patrick Gyger, historien du futur? Keystone

La Maison d'Ailleurs à Yverdon-les-Bains propose un voyage en voiture volante... L'occasion de faire le point avec le directeur des lieux, Patrick Gyger.

La Maison d’Ailleurs, musée de la science-fiction, de l’utopie, des voyages extraordinaires, qui n’est pas sans rapport pour autant avec la réalité: l’Agence spatiale européenne ne s’y est pas trompée.


Dès le 2 octobre, ce sont de drôles d’engins que le visiteur pourra découvrir à la Maison d’Ailleurs. Les voitures volantes, une thématique que le maître des lieux, Patrick Gyger, traite également dans un ouvrage publié aux Editions Favre, «Les voitures volantes – Souvenirs d’un futur rêvé».

swissinfo: Est-ce à force de vivre «ailleurs» que vous est venue l’idée de cet ouvrage sur les voitures volantes?

Patrick Gyger: L’idée est venue d’une discussion avec l’éditeur Pierre-Marcel Favre, qui se demandait ce qu’il y avait sur le sujet dans la SF. Comme je suis historien, j’ai été gratter un peu et j’ai été surpris de voir le nombre de projets réels de voitures volantes qui ont existé. C’est cette interaction entre réel et imaginaire qui m’a intéressé dans le thème.

L’idée peut paraître un peu farfelue ou anecdotique dans un premier temps, mais la voiture volante est le symbole (double) d’une quête impossible (parce que tout le monde est persuadé que c’est infaisable, ce qui n’est pas du tout le cas, puisqu’elles ont été réalisées à plusieurs reprises), ainsi que celui d’un futur grandiose qui nous avait été promis dans les années 1930-1950.

Le XXIe siècle est beaucoup moins glamour et incroyable en fin de compte que ce que nos parents ou grands-parents imaginaient.

swissinfo: Avez-vous d’autres livres ou albums prévus sur des projets aussi fous?

P.G.: Il y a divers projets, en collaboration avec l’Université de Lausanne sur le thème des «peurs à Hollywood», ou encore des catalogues d’expositions. J’ai également des idées pour des albums à venir, mais c’est encore un peu tôt pour en parler. Je pense que ça dépendra de l’intérêt pour cet ouvrage, un peu décalé également.

swissinfo: De quoi traite exactement la publication intitulée «Innovation technologies from SF for space application» pour l’ESA, l’Agence Spatiale Européenne, dont vous êtes également l’auteur?

P.G.: C’est un projet conduit par le musée pour l’ESA qui traite d’idées trouvées dans la SF destinées à inspirer les ingénieurs de l’Agence. Évidemment, plus que les idées elles-mêmes, c’est la démarche conjecturale qui est intéressante, qui conduit à voir plus loin que ce qui est juste là devant nous.

Le projet a également fait pas mal parler de l’Agence. Comme quoi la SF fait encore rêver beaucoup, et permet de communiquer les technologies actuelles à un vaste public, tout en nous mettant en garde (et en nous faisant espérer).

swissinfo: Bref, quel a été votre parcours pour en arriver là… c’est-à-dire «ailleurs»?

P.G.: Je suis né le 8 février, comme Jules Verne, donc on peut dire que je suis marqué, d’une certaine façon! Mais plus sérieusement, l’intérêt pour la SF est venu avec la lecture (Ray Bradbury, Silverberg, Vance…).

D’autre part, j’ai suivi une formation académique d’historien de l’art et d’historien, principalement intéressé par le Moyen Age.

swissinfo: La «Maison d’Ailleurs» se porte-t-elle bien?

P.G.: Le musée est sorti d’une période très délicate entre 1995 et 1999. Il va donc mieux, beaucoup mieux, mais reste encore un peu instable à mon avis; le fait de n’avoir pas d’exposition permanente nous force à courir après les expositions temporaires.

On ne peut pas avancer sur les collections aussi rapidement que nous le souhaiterions, par exemple. Mais tout ceci évolue positivement, je crois. Même si cela demande un peu de patience. À l’heure actuelle le musée a peut-être enfin trouvé sa place à Yverdon, et c’est essentiel.

swissinfo: Faudrait-il davantage d’aide, et de qui?

P.G.: Une aide cantonale serait plus que souhaitable. Le musée n’a pas seulement un intérêt régional. Il ne semble pas totalement juste que ce soit seulement à la ville d’Yverdon de nous soutenir. Bon, à l’heure actuelle, nous trouvons 50% de notre financement à l’extérieur, mais auprès de fondations ou de sponsors privés…

swissinfo: Quelles sont les expos auxquelles vous travaillez pour les temps à venir?

P.G.: Une exposition autour de la photographie, pour tenter de montrer comme un média sensé représenter le réel peut plonger au cœur de l’imaginaire. Et une exposition avec un architecte qui travaille sur des utopies mêlant villes et milieux naturel. Entre autres…

swissinfo: Avez-vous des projets qui vous tiennent à cœur et que vous avez du mal à mettre en œuvre?

P.G.: Le projet le plus important à l’heure actuelle est d’accueillir la très belle collection de Jean-Michel Margot (10’000 documents liés à Jules Verne) et de la mettre en valeur. Nous avons un lieu, mais il nous faut encore l’aval du Conseil communal et des soutiens financiers (publics et privés). Je suis confiant, mais cela prendra du temps et passablement d’énergie.

«Les voitures volantes – Souvenirs d’un futur rêvé» de Patrick J. Gyger, aux Editions Favre.
L’exposition sera à voir à La Maison d’Ailleurs, Yverdon-les-Bains, du 2 octobre 2005 au 23 avril 2006.

– A 34 ans, Patrick Gyger est directeur de la Maison d’Ailleurs depuis 1999. Il est le 4e responsable du musée après Pierrre Versins (le fondateur), Pascal Ducommun, et Roger Gaillard.

– Depuis cinq ans, il dirige aussi les «Utopiales», Festival international de science fiction à Nantes, en France.

– Après l’échec de l’Espace d’Ailleurs – qui devait accueillir une antenne de l’Agence spatiale européenne sur la structure du nuage artificiel Blur créé pour Expo.02 – Patrick Gyger est engagé dans un projet d’Espace Jules Verne.

– Il est le co-fondateur de la société spaceOp.

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