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Payerne fête sa peinture en musique

"Oubangui", de Jean-Michel Atlan. Jean-Michel Atlan

C'est à la lueur des chandelles que l'abbatiale de Payerne fêtait, samedi, le vernissage de son exposition de 70 toiles géantes de peinture abstraite, sur des musiques de Pachelbel, à l'orgue, et de Chopin, au piano. Quand ce n'était pas en danse contemporaine.

Sous le haut patronage du conseiller fédéral Joseph Deiss, du président du Conseil d’Etat vaudois Charles Favre, de l’ambassadeur de France en Suisse Régis de Belenet et du Conseil général de France en Suisse Antoine Frasseto, l’exposition «peinture et musique» a pris son envol, ce week-end en l’abbatiale de Payerne, pour dérouler ses fastes jusqu’au 1er septembre.

Le moment le plus fort fut assurément la performance en direct du peintre et musicien de 80 ans Roger Lersy, qui esquissa sur la toile un piano forte. Inspiré par sa propre partition contemporaine, interprétée par le pianiste Damien Nedonchelle, et par la Compagnie de danse moderne de Pascale Perakis.

Mais c’était sans compter le récital de Chopin de la pianiste Elza Kolodin qui, de ses quatre Nocturnes et Ballades, devait toucher du doigt le divin. La plus grande église romane de Suisse ne pouvait être mieux honorée en ce dernier jour de mars. Qui coïncidait d’ailleurs avec le retour du soleil.

C’est dans ce haut lieu de l’architecture du Xe siècle (première pierre de l’abbatiale payernoise) que nous avons plus particulièrement remarqué «La lumière crépusculaire» (1959) du peintre Alfred Manessier (1911-93), où s’entrelacent les couleurs déclinantes du soir.

Jusqu’aux deux tableaux «Chants de l’Aube» du peintre Jean Balzaine (1904-2001), où le pointillé d’un orange rosé rivalise avec celui d’un bordeaux violacé. En passant par «la sauterelle verte» (1984) de Jean Messagier (1920-1999) qui se noie dans un bouton d’or!

«Libérées de l’anecdote (de la réalité), toutes ces toiles de peinture abstraite vous renvoient immanquablement à vos paysages intérieurs. Elles feront jouer des musiques en vous», explique le critique d’art et commissaire de l’exposition, Jean-Pierre Jornod. «C’est une symphonie des formes et des couleurs».

L’exposition n’a pas pour rien comme leitmotiv: «L’œil écoute et l’oreille voit». Encore que, lors de sa visite, le quidam sera aidé (conditionné?) à entrer dans son intériorité par des musiques de Wagner, Liszt, Chopin ou encore des compositeurs contemporains, dont le précité Roger Lersy.

A titre d’initiation, le tableau «Oubangui» du peintre français d’origine algérienne, Jean-Michel Atlan (1913-1960). Chez le grand kabbaliste juif, ses formes dansent sur la toile et chantent nos forces authentiques intérieures. Pour échapper à la mort, Atlan s’était fait passer pour fou durant la Seconde guerre mondiale. L’artiste peintre devait déclarer: «Si abstraction implique essentiel, j’acquiesce!»

Emmanuel Manzi

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