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Petit match entre «amis»

Fatih Terim: «Je souhaite que tout se déroule parfaitement pendant l'Euro, en toute amitié. Les événements de 2005 sont oubliés. Il faut aller de l'avant.» Keystone

Deux ans après les débordements intolérables d'Istanbul lors du match de barrage au Mondial allemand, la Suisse retrouvera la Turquie lors du second match de son Euro. Un match à haute tension... mais entre «amis», assure l'entraîneur turc Fatih Terim. Interview.

Une gueule! Surnommé «l’Empereur», Fatih Terim a d’ores et déjà marqué de son empreinte le football turc. En tant que joueur, puis comme entraîneur du club de Galatasaray qu’il a mené à la victoire en Coupe de l’UEFA.

Les images de cet homme hors de lui après le barrage perdu contre la Suisse en 2005 à Istanbul ont fait le tour de la planète: cravate détachée, en sueur, encourageant ses joueurs à s’attaquer physiquement aux adversaires helvétiques.

Sorti presque blanc comme neige de ce scandale, Fathi Terim est un personnage adulé dans son pays. Il est plus que jamais aux commandes de l’équipe nationale.

Fatih Terim, seriez-vous prêts si l’Euro démarrait la semaine prochaine?

Fatih Terim: Comme les quinze autres équipes qualifiées, nous avons notre lot de problèmes avec les blessures de plusieurs joueurs comme Hamit Altintop Emre ou Gökhan Zan. L’Euro se rapproche à grands pas et nous devrons être prêts quand cela comptera.

La quête du titre européen est l’objectif de l’Association suisse de football. Qu’en est-il du côté turc?

F.T.: Les gens ont toujours eu des attentes élevées en ce qui concerne l’équipe de Turquie. Cette dernière a terminé 3e de la Coupe du monde 2002, Galatasaray a remporté une Coupe de l’UEFA et une Supercoupe.

La Grèce a créé la surprise en s’adjugeant le dernier EURO. Les espoirs du peuple turc sont donc très grands. Je ne peux pas envisager de parler d’un autre objectif que du titre.

La Suisse connaît quelques difficultés lors de ses matches de préparation. Que pensez-vous de cette Suisse?

F.T.: Je crois que la Suisse profitera du fait qu’elle joue à domicile. C’est un avantage très important. C’est une bonne équipe et les résultats des matches amicaux n’ont pas d’impact sur la façon d’aborder un grand événement. Ces matches sont là pour reconnaître des tendances, pour corriger des erreurs. De nombreux joueurs suisses évoluent à l’étranger. Mon assistant était présent à Bâle pour le match face à l’Allemagne. Il ne faut pas noircir le tableau ou se montrer trop négatif. La Suisse a de nombreuses raisons de se montrer positive.

Le groupe A comprend également le Portugal et la République tchèque. Que pensez-vous de ces adversaires?

F.T. Le Portugal était en finale de l’Euro 2004 et la République tchèque est présente à pratiquement tous les grands rendez-vous. Certains pensent qu’un groupe ne comprenant pas la France, l’Italie ou l’Allemagne est automatiquement plus facile à négocier. Mais les Tchèques et les Portugais doivent être pris très au sérieux. De toute façon, il n’y aura aucune équipe faible à l’Euro. Avant le tirage, tout le monde voulait se retrouver dans le groupe de l’Autriche. Mais n’a-t-elle pas mené 3-0 face aux Pays- Bas lors d’un de ses matches amicaux?

La Suisse avait sorti la Turquie en barrage de qualification pour la Coupe du monde 2006, après un match retour tumultueux à Istanbul. La Turquie a-t-elle souffert de cet événement?

F.T.: Nous avons entamé les éliminatoires de l’Euro 2008 avec un très gros handicap. En raison des sanctions de la FIFA, nous avons dû jouer à l’extérieur et à huis-clos. Je me souviens encore que nous entendions l’écho de nos propres voix à Francfort.

Cette situation n’était pas facile. A cela se sont ajoutées les critiques de la presse. La pression était énorme sur le plan mental. A ce moment, les entraîneurs, les joueurs et la fédération se sont beaucoup rapprochés. Mes joueurs se sont comportés en gentlemen pendant les éliminatoires de l’Euro, où nous n’avons reçu aucun carton rouge direct en douze matches.

Les relations entre Suisses et Turcs se sont détendues depuis novembre 2005. Je souhaite que tout se déroule parfaitement pendant l’Euro, en toute amitié. Les événements de 2005 sont oubliés. Il faut aller de l’avant.

Interview réalisée par Sven Schoch de Sportinformation à Zurich

Ancien capitaine du club de Galatasaray dont il a été le capitaine, Fatih Terim a été sélectionné à cinquante reprises en équipe nationale de Turquie.

Une fois sa carrière de joueur terminée, il dirige différents clubs (Ankaragücü et Goztepe Izmir) avant de prendre la direction des espoirs nationaux turcs. En 1993, il dirige une première fois l’équipe nationale turque et qualifie son équipe pour l’Eurofoot 1996 en Angleterre, mais y perdra ses trois matches (Croatie, Portugal et Danemark).

Fatih Terim quitte ses fonctions et rebondit à Galatasaray. Avec «son» club, il remporte quatre fois le championnat et deux fois la Coupe de Turquie. En 2000, il réussit l’exploit de battre Arsenal en finale de la Coupe de l’UEFA.

Cela lui vaut d’être engagé coup sur coup par deux clubs italiens (Fiorentina et AC Milan). Mais son aventure dans la Péninsule tourne court et il retourne à Galatasaray avant de retrouver l’équipe nationale en 2005.

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