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Le vélo est «sain» mais l’arrêté fédéral sur les voies cyclables est «inutile»

Rédaction Swissinfo

L’inscription des pistes cyclables dans la Constitution susciterait de nouveaux problèmes, affirme Thomas Hurter. Opposé au contre-projet à l’initiative vélo, le conseiller national de l’Union démocratique du centre (UDC) estime que le système actuel, où les communes et les cantons coordonnent et construisent ces voies, fonctionne bien. Selon lui, la modification constitutionnelle ne ferait qu’enfler l’administration fédérale et les dépenses.


Personne ne conteste que le vélo soit sain et plaisant. Il ne s’agit pas non plus de mettre en concurrence différents modes de transport. Mais pourquoi faudrait-il inscrire le contre-projet à l’initiative vélo dans la Constitution? Une fois encore, on se met à transférer au niveau fédéral quelque chose qui fonctionne très bien comme ça. Ce contre-projet est inutile!

La Suisse est un pays du vélo. Celui qui en doute ferait mieux de regarder dans les pays voisins ou à l’autre bout du monde. Le vélo représente un complément utile à notre système de mobilité et il a un effet positif sur la santé. Jusqu’à présent, les communes et les cantons ont fourni un bon travail. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin de modifier la Constitution. Le fédéralisme fonctionne et il est inutile d’enfler encore l’administration.

Problèmes juridiques et coûts supplémentaires

Jusqu’à présent, ces tâches ont été assumées par les communes et les cantons. Cela est juste parce que ce sont les instances qui connaissent le mieux les particularités et les besoins locaux. La topographie à elle seule requiert des solutions locales spécifiques qui demandent des connaissances que la Confédération n’a pas. Mais maintenant, les associations cyclistes veulent qu’elle assume un rôle de coordination. On sait très bien ce qui va se passer. Il y aura des démêlés juridiques et finalement des problèmes de répartition au niveau du financement!

Les cyclistes empruntent des routes et des pistes cyclables qui jusqu’à présent sont financées par la collectivité, les communes, les cantons et les programmes d’agglomération de la Confédération (donc également avec des fonds destinés au trafic routier). Si le contre-projet est accepté, la Confédération devra payer davantage. Parce qu’il est normal que celui qui participe aux décisions assume sa part. Il est aussi clair que les communes et les cantons gèrent en général leur argent de manière plus économe parce que le contrôle des électeurs est bien plus direct. En plaçant maintenant sur un pied d’égalité les chemins pédestres et les voies cyclables, on oublie que ces dernières coûtent beaucoup plus cher, tant à la construction qu’à l’entretien.

Thomas Hurter mentre parla alla tribuna del Consiglio nazionale.
Pilote de ligne, Thomas Hurter siège depuis décembre 2007 au Conseil national comme représentant de l’Union démocratique du centre (UDC). Ce Schaffhousois âgé de 55 ans préside la Fédération faîtière de l’aéronautique et de l’aérospatiale suisses AEROSUISSE, la Commission fédérale pour les affaires spatiales et l’Automobile Club de Suisse. Il est aussi membre de la Commission des transports du Conseil national et a combattu fermement le contre-projet à l’initiative vélo durant le travail parlementaire. © KEYSTONE / ANTHONY ANEX

Dans ce contexte, un rapport récent de l’Office fédéral du développement territorial est intéressant. Il montre que le vélo occasionne chaque année des coûts de 100 millions de francs qui ne sont pas couverts par ses usagers. Les accidents sont malheureusement à l’origine de près de la moitié de cette somme. Et ce chiffre ne prend en compte que les accidents occasionnés par les cyclistes! Il n’inclut pas non plus les vélos électriques pour lesquels les statistiques d’accidents augmentent massivement. On pourrait ici tout de même une fois se demander pourquoi les cyclistes n’apporteraient pas leur contribution au financement des voies cyclables et des routes qu’ils utilisent.

Cyclistes indisciplinés

Il est certainement sensé de séparer les vélos du reste du trafic. Mais ce n’est malheureusement pas possible partout parce qu’il n’y a pas assez de place. Les partisans du projet affirment qu’il incitera la Confédération à mieux prendre en compte les voies cyclables lors de la planification des routes. Ils vont tout de même chercher un peu loin. C’est déjà le cas aujourd’hui et le monde politique procède aussi à des consultations ou des auditions sans que ce soit inscrit dans la Constitution.

Le lobby cycliste ferait mieux de s’engager davantage pour le respect des règles de circulation. Aux feux, on voit souvent des cyclistes traverser les passages pour piétons alors que le signal est au rouge. Ou alors pour davantage de respect là où on trouve à la fois des piétons et des cyclistes. Un comportement correct à vélo renforce l’acceptation des cyclistes et donc la défense de leurs intérêts. Il y a aussi un sujet que le lobby cycliste laisse totalement de côté, c’est l’augmentation massive des accidents avec des vélos électriques.

En résumé, on peut dire que nos communes et nos cantons maîtrisent bien la coordination et la construction des voies cyclables. Une modification n’apporterait pas d’amélioration, poserait de nouveaux problèmes de répartition des tâches et il faudrait revoir qui paie quoi.

Ce que les initiants demandent est clair. Ils veulent plus de voies cyclables financées par la Confédération ou par le Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération. Mais qui est-ce qui l’alimente? Certainement pas les cyclistes.

La Suisse a un très bon réseau cycliste qu’elle continue de développer. Le vélo est sain, plaisant et constitue un élément de notre mobilité. Mais une inscription dans la Constitution n’apporterait aucun avantage!

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne correspond pas forcément à celui de swissinfo.ch. 

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