Les socialistes pour un contrat d’intégration

Réuni à Muttenz, le parti socialiste suisse (PSS) a approuvé le principe d'un contrat par le biais duquel les étrangers s'engageraient notamment à mieux connaître la Suisse.
Le PS a en outre décidé de soutenir l’initiative pour une caisse-maladie unique et le référendum contre la 5ème révision de l’assurance invalidité.
En ouverture d’assemblée, le président de la Confédération Moritz Leuenberger a évoqué sur un ton ironique ses propres efforts d’intégration au sein du Conseil fédéral.
Plus sérieusement, il a présenté l’intégration des étrangers comme un élément fondamental de la paix et de la solidarité d’une société.
L’idée d’obliger les migrants à signer un contrat d’intégration a donné lieu à un débat nourri entre les quelques 200 délégués socialistes. Les sections genevoise, vaudoise, neuchâteloise et tessinoise du PS souhaitaient supprimer cette mesure.
Elle prévoit que les étrangers s’engagent, par leur signature, notamment à apprendre la langue locale et prendre connaissance des mœurs et des lois helvétiques. «Nous refusons de lier l’intégration à des mesures coercitives», a dit la déléguée genevoise Valérie Boillat.
«Les déficits d’intégration peuvent concerner tout le monde, même des Suissesses et des Suisses, et évidemment des managers anglais ou français », a-t-elle poursuivi. Exiger des contrats d’intégration pour les seuls ressortissants non européens reviendrait à traiter ces groupes de population inégalement.
Pour un suivi personnalisé
A la place de contraindre les migrants à s’intégrer, les cantons devraient les y inciter, a proposé le PS neuchâtelois. Pour cela, les cantons devraient mettre en place – comme l’a fait Neuchâtel – des structures de suivi personnalisé des étrangers pour les guider dans leur démarche.
Cette proposition a été ajoutée au papier de position. Mais la majorité alémanique de l’assemblée n’a pas voulu renoncer aux contrats d’intégration. Face aux craintes des Romands et des Tessinois, le comité de direction a toutefois précisé son idée.
Si le migrant ne respecte pas son engagement, aucune sanction ne sera prise. Une proposition de renvoi du papier avait été auparavant nettement rejetée. Le vice-président du PS Pierre-Yves Maillard a pour sa part soutenu l’entrée en matière, estimant qu’il était nécessaire de «sortir de l’angélisme à l’égard de Christoph Blocher».
Les délégués ont également longuement débattu de l’interdiction du voile islamique pour les enseignantes. Le groupe zurichois Secondos Plus a plaidé pour que les enseignants aient la liberté de porter des signes religieux, mais sans pouvoir «faire de la propagande» pour leur religion.
Les élections dans 11 mois
Dans la perspective des élections fédérales qui auront lieu dans onze mois, le président du PS Hans-Jürg Fehr a par ailleurs appelé ses troupes à serrer les rangs. Il a réaffirmé la volonté de son parti de devenir le premier parti de Suisse d’ici là.
«Nous placer sous les feux de la rampe et faire de l’ombre à l’UDC», telle est la stratégie qu’il a proposée aux délégués. Dans l’intervalle, deux projets sont prioritaires à ses yeux: l’initiative pour davantage de justice fiscale et celle pour une caisse maladie unique qui sera soumise au vote le 11 mars 2007.
A ce propos, les délégués ont décidé à l’unanimité de soutenir cette initiative. Ils y voient une solution pour freiner la hausse des coûts de la santé.
Co-lancé par le Mouvement populaire des familles, les Verts ainsi que diverses sections cantonales du PS, ce texte exige qu’une seule caisse maladie sans but lucratif gère l’assurance de base pour toute la Suisse.
Surprise sur l’AI
Si le soutien des délégués à cette initiative était acquis d’avance, leur prise de position en faveur du référendum contre la 5e révision de l’AI a par contre créé la surprise.
Ils ont en effet suivi les sections romandes, bâloises et les femmes socialistes. Ces dernières craignent que la 5e révision conduise à un démantèlement de l’AI car le nombre de rentes diminuerait de 30%.
«Ainsi, de nombreuses personnes qui souffrent de handicaps psychiques seraient exclues de l’AI», a indiqué la conseillère nationale genevoise Maria Roth-Bernasconi.
Fin octobre, la direction du parti s’était pourtant exprimée contre un soutien à ce référendum. «La 5e révision de l’AI n’est certes pas bonne, mais nous devons concentrer nos forces sur nos priorités», a plaidé en vain Hans-Jürg Fehr.
swissinfo et les agences

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Référendum
Nombre de membres du PS: environ 37’000 (à fin 2003).
Groupe socialiste 2003-2007: 52 députés/ées à la Chambre basse, 9 sénateurs/trice et 2 conseillers/ères fédéraux/ales.
Pourcentage des voix lors des élections au Parlement: 23,3% (2003); 22.5%(1999); 21,8% (1995); 23,5% (1967).
Le parti socialiste suisse (PS) a été fondé en 1888. Il a fait partie durant plusieurs dizaines d’années de l’opposition.
En 1943, le PS est devenu le parti le plus fort de Suisse et a obtenu un siège au Conseil fédéral.
En 1959, il a obtenu un deuxième siège. Il est malgré tout demeuré dans l’opposition face aux trois autres partis gouvernementaux.
Le parti socialiste se positionne à gauche de l’échiquier politique: pour la justice sociale, la solidarité et une meilleure qualité de vie.
Depuis 1999, le PS est le deuxième parti le plus fort du Parlement. Il possède deux représentants au gouvernement.

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