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Premier test fédéral pour les bourgeois démocrates

Le premier soucis de Hans Grunder est que son parti fasse un bon score en octobre. EQ Images

Parti gouvernemental, le Parti bourgeois démocratique prendra part cet automne à ses premières élections fédérales. Le PDB n’a en effet été fondé qu’en 2008, suite à une scission de l’aile modérée de l’Union démocratique du centre. Interview avec son président, le député Hans Grunder.

swissinfo.ch: Quelles sont les priorités de votre parti pour la prochaine législature?

Hans Grunder: Nous devons en premier lieu passer les élections et les gagner. Ensuite seulement, nous pourront essayer d’apporter notre contribution pour dépassionner la politique et faire en sorte que cette polarisation cesse.

swissinfo.ch: Dans quels domaines la Confédération devrait-elle réduire ses dépenses et dans lesquels investir plus?

H. G. : Il est important de trouver un bon équilibre en matière d’investissements. Les investissements font aussi partie d’une bonne politique financière.

Au niveau des dépenses, la nécessité d’agir demeure. Nous aimerions contribuer à rendre l’Etat plus svelte. Je pense ici au personnel que l’on pourrait réduire. Nous pourrions en outre examiner la privatisation de certains organes de l’Etat. Concrètement, je pense à l’Office fédéral de topographie, mais aussi à toute l’informatique qui engloutit des milliards. Il y a là une nécessité d’agir et un grand potentiel d’économies.

swissinfo.ch: Quelle voie doit suivre la Suisse dans ses relations futures avec l’Union européenne?

 

H. G. : Je suis convaincu que nous devons tenter de poursuivre sur la voie bilatérale. Pour nous, une adhésion à l’UE n’entre absolument pas en ligne de compte. C’est une tâche difficile. Je suis d’avis qu’il est très important d’agir et pas uniquement de réagir.

Cela signifie que nous ne devons pas pratiquer une politique de l’isolement et – ainsi que le fait un certain parti – refuser le dialogue. Il faut beaucoup plus essayer de gagner la confiance grâce à des propositions innovantes.

On demande donc au gouvernement de soigner son réseau, afin rendre possibles des solutions qui, sinon, ne pourraient pas être mises en œuvre.

swissinfo.ch: La Suisse doit-elle construire de nouvelles centrales nucléaires ou viser plutôt sur les énergies renouvelables?

H. G. : Nous sommes depuis le début de l’avis qu’il est impératif de sortir de l’énergie nucléaire à moyen ou à long terme. Mais les événements au Japon ont accéléré notre calendrier. Il est pour nous clair qu’il n’y aura pas de nouvelles centrales nucléaires.

Il y a deux raisons à cela. Il existe d’une part des risques résiduels qui ne faut pas sous-estimer. D’autre part, un projet de nouvelles centrales n’est plus susceptible de trouver une majorité auprès du peuple. C’est pourquoi nous sommes d’avis que la sortie du nucléaire doit être prise en main maintenant.

Nous misons en premier lieu sur l’énergie hydraulique. La Suisse présente encore un grand potentiel dans ce domaine. Mais à moyen terme, nous entendons également promouvoir massivement d’autres énergies renouvelables.

swissinfo.ch: A quoi devraient correspondre la mission et les effectifs de l’armée suisse de demain?

H. G. : Je pense que l’armée est sollicitée, car l’image de l’ennemi a complètement changé. Je pense ici également aux grands dangers de la communication via Internet. Une modernisation est nécessaire.

Je suis fermement convaincu que nous avons toujours besoin d’une armée de milice, mais il y aura de plus en de tâches dans le domaine de la collaboration en Europe. Nous aurons probablement besoin de davantage d’alliances à l’avenir. Nous ne pouvons en effet pas continuer à nous isoler et prétendre que nous pouvons résoudre tous les problèmes seuls en Suisse.

Je n’irais pas jusqu’à un rapprochement avec l’OTAN, mais je pense à une collaboration plus étroite avec nos voisins directs, par exemple pour la formation ou la création d’infrastructures dans le cadre des forces aériennes.

swissinfo.ch: Comment se positionne votre parti par rapport à l’immigration et à l’intégration des étrangers en Suisse?

H. G. : Pour nous, la politique migratoire a beaucoup à voir avec la politique climatique. C’est pourquoi nous sommes de l’avis que nous devons tenter de maîtriser cette politique climatique, afin d’apporter une contribution directe pour les flux migratoires ne deviennent pas plus importants encore. De plus, par le biais de l’aide au développement, nous devons essayer des créer les conditions nécessaires pour que ces flux restent le plus limités possible.

swissinfo.ch: Quelles sont les propositions de votre parti pour améliorer la politique de la Confédération envers la Cinquième Suisse?

H. G. : Je suis d’avis qu’il faut soigner les contacts. Il faut par ailleurs améliorer les conditions nécessaires pour que les Suisses de l’étranger aient de meilleures possibilités de participer activement à ce qui se passe au niveau politique et qu’ils puissent être élus à des postes politiques.

C’est un domaine que nous devons essayer de promouvoir. Pour nous, il ne revêt cependant pas une importance capitale.

Le Parti bourgeois démocratique (PDB) a été officiellement fondé en novembre 2008. Il est issu d’une scission au sein du plus grand parti du pays, l’Union démocratique du centre (UDC).

L’origine de cette scission remonte à l’élection par le Parlement d’Eveline Widmer-Schlumpf au gouvernement à la place du leader de l’UDC, Christoph Blocher. La nouvelle ministre n’ayant pas refusé son élection, elle avait été exclue du groupe parlementaire UDC. Les démocrates du centre qui lui étaient favorables ont alors créé un nouveau parti, le PDB.

Le PDB est surtout présent dans les cantons des Grisons et de Berne. Mais il compte également des élus dans les cantons de Glaris et d’Argovie. Au niveau fédéral, le parti compte une ministre, cinq députés et un sénateur.

Né en 1956 dans le canton de Berne, Hans Grunder est marié et père de 5 enfants. Ingénieur diplômé, il est entrepreneur.

Au niveau politique, il a été membre du législatif de sa commune, puis du parlement du canton de Berne.

Au niveau fédéral, il y été élu à la Chambre basse du Parlement en 2007 sous les couleurs de l’Union démocratique du centre, avant de rejoindre le nouveau Parti bourgeois démocratique dont il est le président national depuis le 1er novembre 2008.

Il est membre de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie.

(Traduction de l’allemand: Olivier Pauchard)

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