L’UDC minimise la provocation de Maximilian Reimann

Le président du parti, Ueli Maurer, a tempéré mardi l'attaque lancée la veille par l'UDC Maximilian Reimann. Le Conseiller aux Etats argovien proposait, dans un texte aux allures de provocation, de réfléchir à la question du maintien de la Suisse romande au sein de la Confédération.
«Alémaniques et Romands peuvent-ils encore s’entendre?»: c’est sous ce titre que Maximilian Reimann a fait paraître lundi son pamphlet, dans le très officiel service de presse du parti suisse. Un texte qui, à quelques jours de la votation sur l’initiative «Oui à l’Europe», accumule les provocations.
L’initiative va vraisemblablement être nettement rejetée par la Suisse alémanique et italienne, mais acceptée par la Suisse romande, explique en substance le représentant argovien à la Chambre des cantons. Des Romands, continue t-il, qui vont une fois de plus dénoncer l’attitude de nein-sager de leurs compatriotes d’outre-Sarine.
Maximilian Reimann ne veut plus, à cet égard, de sentiment de culpabilité. «Dans une démocratie, écrit-il, ce n’est, jusqu’à nouvel ordre, pas à la majorité de se plier à l’avis de la minorité.» Il se défend de vouloir une Suisse sans la Romandie. Mais si la minorité préfère une autre voie, poursuit-il, «il faut réfléchir aux possibilités constitutionnelles de donner aux Romands les moyens d’échapper au diktat de la majorité.»
«Une opinion absolument individuelle»: c’est ainsi que le président de l’UDC, Ueli Maurer qualifie le brûlot du Conseiller aux Etats argovien. Et le président de poursuivre: «Ce n’est pas la position du parti. Nous n’en avons pas discuté et nous ne pensons pas qu’il faut en faire un sujet de discussion.»
Distanciation, donc, des responsables du parti. Le contraire aurait été très délicat. L’UDC est en effet un parti, contrairement aux autres formations gouvernementales, essentiellement alémanique. Sur les 44 députés démocrates du centre élus fin 1999 au Conseil national, seuls trois sont romands.
Or, comme le rappelle le politologue Pascal Sciarini, professeur à l’IDHEAP, à Lausanne, «jusque là, l’UDC n’a jamais explicitement cherché à mobiliser le clivage linguistique, n’a jamais fait de la défense des intérêts de la Suisse alémanique contre la Suisse romande un enjeu politique.»
Et Pascal Sciarini poursuit son explication: «L’UDC s’est profilée depuis le début des années 90 comme le parti conservateur par excellence: défense des traditions, repli sur soi, refus de l’ouverture à l’Europe ou au monde. C’est les positions prises par l’UDC sur ces enjeux qui la mettent en porte-à-faux avec la majorité des citoyens de Suisse romande.»
A l’affaire du pamphlet Reimann, il faut ajouter encore la question du choix du successeur de l’actuel secrétaire général du parti, le Fribourgois, bilingue, Jean-Blaise Defago. C’est un Zurichois, Gregor Rutz, qui devrait s’imposer, renforçant ainsi l’influence du parti cantonal, que représentent déjà le président de l’UDC et le chef du groupe parlementaire, Walter Frey.
La présidence nationale a tenté un coup force, en proposant une décision rapide. Mais c’était sans compter la réaction des sections grisonne et surtout vaudoise, qui ont demandé que le choix de Gregor Rutz soit confirmé par le comité central du parti, comme le prévoient les statuts. La réunion devrait avoir lieu à la fin de la semaine prochaine.
Pierre Gobet, Zurich

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