
Une élection sous le signe de la continuité

Avec Micheline Calmy-Rey élue au gouvernement, c'est la favorite de la première heure qui l'emporte dans la course à la succession de Ruth Dreifuss.
Forte d’une longue expérience au gouvernement du canton de Genève, la nouvelle ministre incarne une Suisse urbaine et multiculturelle.
La stratégie du Parti socialiste pour le remplacement de Ruth Dreifuss était la bonne. Au terme de cinq tours de scrutin, Micheline Calmy-Rey l’emporte mercredi avec 131 voix, alors que la majorité requise était à 100.
Au fil de la matinée, Madame Calmy-Rey n’a cessé d’améliorer ses scores: 80 voix au premier tour, 94 au deuxième, 98 au troisième, 113 au quatrième et 131 au cinquième.
Avec 68 voix au final, la Fribourgeoise Ruth Lüthi – autre candidate officielle du Parti socialiste – est nettement distancée, même si elle faisait encore 78 voix au troisième tour.
L’UDC bien disciplinée
Quant à Toni Bortoluzzi, candidat de l’UDC (Union démocratique du centre, droite dure), il a fait au cours des quatre premiers tours pratiquement le plein des suffrages auxquels il pouvait s’attendre, soit respectivement 69, 58, 56 et 59 voix.
Fort de 50 députés, le groupe UDC a donc été rejoint dans son refus d’une candidature socialiste par quelques autres députés de droite, radicaux et démocrates-chrétiens
Après l’élimination de son poulain à la fin du quatrième tour, le groupe UDC a bien suivi la consigne d’abstention donnée par le parti populiste. En effet, on enregistre au cinquième tour la rentrée de 44 bulletins blancs.
La quatrième conseillère fédérale
Après Elisabeth Kopp (1984-1988), Ruth Dreifuss (1993-2002) et Ruth Metzler (depuis 1999), Micheline Calmy-Rey sera la 4e femme à siéger au sein du gouvernement suisse.
Elle sera également la troisième non-parlementaire à assumer la fonction suprême. Depuis Madame Kopp en effet, les conseillères fédérales ont toutes été choisies hors des cercles du Parlement.
En revanche, on ne sait pas encore quel département la nouvelle élue prendra en charge, même si elle a déjà dit souhaiter reprendre l’Intérieur, que dirige encore Ruth Dreifuss jusqu’au 31 décembre.
Mais ce n’est que le 11 décembre que le Conseil fédéral se partagera les portefeuilles.
Une femme qui aura changé l’histoire
Avant de passer à l’élection, et selon la tradition, Yves Christen, président du Conseil national (chambre du peuple), a entamé la journée par un vibrant hommage à la ministre sortante.
«Ruth Dreifuss fait partie de ces rares femmes qui auront contribué au changement de la société et de l’histoire de notre pays», a dit le radical vaudois.
Le président a mis en évidence l’engagement de la ministre de l’intérieur, «véritable Sisyphe de la politique sociale», dans des dossiers-clés comme les assurances sociales. «Sans elle, la Suisse serait aujourd’hui moins sociale», a proclamé Yves Christen.
Avant la standing ovation de près d’une minute qui a ponctué l’hommage, Yves Christen a encore évoqué l’année présidentielle de Ruth Dreifuss, en 1998. Et en particulier sa «fermeté courtoise» lors de la réception bousculée du président chinois Jiang Zemin.
Le souci des citoyens
Dans son discours d’adieu, longuement applaudi, Ruth Dreifuss a relevé combien les soucis des citoyennes et citoyens ont été au centre de ses préoccupations.
«Il reste beaucoup à faire pour lever ces obstacles qui brident le dynamisme individuel, qui obèrent la réalisation de projets de vie, qui affaiblissent notre capacité collective à faire face à l’avenir», a dit la ministre sortante.
Et de souligner: «Ce qui a animé mon travail est la conviction que la liberté et la créativité de chaque membre de la collectivité, et de la collectivité elle-même, exigent la réalisation de l’égalité des chances».
swissinfo

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