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Vague verte et poussée nationaliste en Europe

Bureau de vote à Dresde
De manière un inattendue, le premier vainqueur de ces élections européennes, c'est le taux de participation. Ici, les votants se pressent à l'entrée d'un local à Dresde, en Allemagne. Keystone / Robert Michael

Alors que démocrates-chrétiens et socialistes, les deux familles politiques qui ont fait l’Europe, reculent, les droites dures et les Verts avancent. Que réserve le nouveau parlement européen? Analyses dans la presse suisse.

La nouveauté est peut-être dans le «ou». Les européennes sont souvent dominées par les thèmes nationaux. «C’est dans la nature de l’exercice», écrit ‘Watson’. Les citoyens se sentent d’abord français, allemands, polonais ou grecs avant de se sentir européens. «Pourtant, poursuit le site d’informations alémanique, il s’agissait cette fois bien d’une élection européenne. Car jamais auparavant, depuis la première édition en 1979, il n’y avait eu un débat aussi intense sur l’avenir de l’idée européenne».

«L’Europe est au milieu du gué», écrit le ‘Corriere del Ticino’. «Elle n’est probablement pas assez forte pour sortir des difficultés dans lesquelles l’ont plongée les crises [finances, dettes migrations], mais pas suffisamment faible pour imploser sous la pression des partis contestataires ou souverainistes».

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Polarisation

Les crises justement. Elles devaient faire le lit des formations d’extrême-droite eurosceptiques, voire europhobes. Mais comme le remarque la radio-télévision publique alémanique ‘SRF’, «elles ont profité aux sceptiques, qui rendent l’UE responsable, mais en même temps, elles ont renforcé les enthousiastes de l’UE, pour qui l’Union fait partie de la solution à de telles crises. De quoi raviver le débat sur les vices et les vertus de l’institution, ce qui est toujours bon pour la démocratie».

«Ce ne fut ni le choix du destin, ni Stalingrad», résume la NZZ à propos de la poussée des droites dures. Pour le quotidien zurichois, le débat s’est «inutilement focalisé» sur les scores prévisibles de ces formations, alors qu’il eût été beaucoup plus judicieux de se demander comment le nouveau parlement va faire avancer l’Europe. Mais hélas, sa composition ne dit pas grand-chose à ce sujet, et «les politiciens eux-mêmes éludent la question».

Pari gagné?

«Position de force, oui. Capacité à renverser la table de l’Union européenne? Pas sûr», résume ‘Le Temps’, détaillant les progrès de l’extrême-droite. En France, par exemple, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen pavoise avec ses 23,5 % des voix, mais n’en recule pas moins par rapport à 2014, où il frôlait les 25%.

En outre, prédit le quotidien romand, «rien ne dit que toutes ces formations pourront peser sur les affaires, en dehors de peser vocalement dans l’hémicycle».

«Pour notre pays, ces résultats sont plutôt une mauvaise nouvelle dans la lutte autour de l’accord-cadre avec Bruxelles»
Watson

‘La Tribune de Genève’ commente elle aussi le résultat en France, où Emmanuel Macron et sa République en marche arrivent seconds derrière le RN. «Mais est-ce vraiment une surprise?, interroge le journal. Exposé à une fronde populaire depuis plus de six mois, le locataire de l’Élysée pouvait-il ignorer qu’il n’avait aucune chance de gagner à ce jeu-là?»

«Vague verte et en même temps désert vert»

La formule du Tages-Anzeiger peut surprendre au vu des résultats de écologistes en Allemagne, en France ou en Irlande. Mais en même temps, les Verts perdent en Suède, le pays de Greta Thunberg. Au total, le groupe écologiste au parlement européen devrait passer de 52 à 67 sièges.

«Mais le fait que ce ne soit pas plus, rappelle le quotidien zurichois, tient à ce que les Verts ne sont pas forts partout. Dans certains pays d’Europe, ils ne jouent d’habitude pratiquement aucun rôle. Et cette élection n’y a pas changé grand-chose».

Et la Suisse?

«Pour notre pays, ces résultats sont plutôt une mauvaise nouvelle dans la lutte autour de l’accord-cadre avec Bruxelles», relève ‘Watson’. En effet, si Jean-Claude Juncker a pratiquement fait du dossier helvétique une affaire personnelle, il n’est pas du tout sûr que cela sera le cas pour celle ou celui qui lui succédera cet automne à la tête de la Commission.

«La Suisse risque bien de reculer dans la liste des priorités européennes. Et la question est de savoir si nous entendrons ce message. Nous avons l’art d’interpréter les développements internationaux totalement faux, jusqu’à ce que le marteau s’abattre sur nous. Le secret bancaire vous salue», conclut sèchement le site d’informations.

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