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«La France et la Suisse se ressemblent»

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Le mouvement francophone est divers, composés de pays du Nord et du Sud. Et de voisins aussi, comme la Suisse et la France. Deux membres unis par une relation d'amitié, assure Alain Joyandet, le Secrétaire d'Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie.

Nicolas Sarkozy restera moins de 24 heures à Québec pour le XIIe Sommet de la Francophonie. Il ira ensuite s’entretenir de la crise financière avec le président Bush à Camp David. Son premier ministre restera néanmoins à Québec.

Nicolas Sarkozy vient quand même, c’est cela qu’il faut retenir, a martelé Alain Joyandet pour calmer la frustration naissante dans les couloirs du sommet.

Car oui, la France tient à la Francophonie, selon le Secrétaire d’Etat français chargé de la Coopération et de la Francophonie, qui évoque ici ses voisins suisses…

swissinfo: La Suisse est-elle un pays francophone?

Alain Joyandet: Oui, la Suisse est un pays francophone. Multiculturel, pas seulement francophone mais, en tout cas, partiellement francophone, et de manière importante.

swissinfo: Mais quelle est la différence entre la Francophonie de France et la Francophonie de Suisse?

A.J.: En France, on parle le français sur l’ensemble du territoire. Ce n’est pas le cas en Suisse. C’est à peu près la seule différence, me semble-t-il.

Par contre, nous sommes assez ressemblants en matière de diversité culturelle. La Suisse est un pays qui représente bien ce principe. Et malgré le fait qu’on y parle le français partout, la France a aussi sa diversité culturelle, sous d’autres formes. La France et la Suisse se ressemblent.

swissinfo: En Suisse, les Francophones sont minoritaires. Estimez-vous qu’elle en fait assez pour le mouvement de la Francophonie?

A.J.: Chacun fait à l’aune de ses possibilités et de ses moyens. En tant que ministre en charge de la Francophonie pour la France – le mouvement de la francophonie dépasse très largement la France – je n’ai pas de souci particulier sur ce que fait ou ne fait pas la Suisse. J’ai l’impression que la Francophonie suisse est assez enracinée et fonctionne plutôt bien.

swissinfo: Mais n’y a-t-il pas la volonté en France de pousser les pays du Nord à injecter plus de financement dans la Francophonie?

A.J.: Nous l’avons dit. La France n’a pas du tout envie de se retirer ou de financer moins, elle dit simplement qu’il faudrait plus de financement multilatéral pour donner plus de capacités aux organisations francophones. Le but est qu’elles puissent promouvoir plus fortement le français. Mais ce message s’adresse à l’ensemble des partenaires de la Francophonie, puisque la France finance, à elle seule, une très grande partie du mouvement.

swissinfo: Sur la relation entre la France et la Suisse maintenant, Nicolas Sarkozy n’a pas pris le temps de rencontrer le président de la Confédération Pascal Couchepin lors de la récente conférence d’Evian. Une partie de la presse suisse s’en est ému. La Suisse est-elle quantité négligeable pour la France?

A.J.: La Suisse et la France ont des relations, et pour cause, de voisinage et d’amitié. Et beaucoup plus que cela. Il y a énormément d’échanges entre les deux pays. Ne serait-ce qu’au niveau des travailleurs frontaliers.

Il était prévu que le président français rencontre le président de la Confédération à l’occasion du Sommet de la Francophonie. Ce dernier n’est pas là, mais ce n’est que partie remise [Pascal Couchepin a renoncé à se rendre à Québec en raison de la crise financière].

swissinfo: Dans le cadre de la Francophonie, un des problèmes entre la Suisse (et d’autres) et la France a été TV5 (avec la volonté française de rapprocher la chaîne de RFI, RFO, France 24). Un dossier clos?

A.J.: Oui. Je crois d’ailleurs qu’avec la Suisse, la Belgique et le Québec, la discussion s’est particulièrement bien passé. Le dossier est bouclé, TV5 en sort renforcée. Nous sommes des partenaires tout à fait loyaux au sein de TV5, qui va garder son identité – c’est à cela que tenaient ses différents partenaires. C’est l’exemple-type d’un excellent dossier, dont la France finance la très grande majorité du budget – tout près de 80%.

swissinfo: Question d’actualité enfin: face à la crise financière, qui a sa place à Québec, la Francophonie peut-elle agir ou est-elle condamnée à la passivité?

A.J.: La Francophonie a une spécificité dans la crise financière. Elle rassemble à la fois les pays du Nord et ceux du Sud.

On a au Nord des démocraties économiques et financières dont on dit qu’elles sont, en général, développées. Et au Sud, un certain nombre de pays en voie de développement. Les conséquences de la crise pour les uns et les autres ne sont pas les mêmes.

Mais le Nord est en relation avec le Sud. Ce qu’il ne faudrait pas, c’est que le Sud soit la variable d’ajustement du règlement de la crise financière. Ce n’est pas du tout ce qu’ont envie de faire les pays du Nord. Mais je sens ici une forte inquiétude de la part des Etats du Sud.

C’est à nous, Etats du Nord, de rassurer nos collègues chefs d’Etat et de gouvernement pour leur dire que, malgré la crise financière à laquelle les Etats industrialisés doivent faire face, nous n’oublierons pas notre partenariat avec les pays en voie de développement. C’est dans l’intérêt du monde.

Interview swissinfo, Pierre-François Besson à Québec

Les délégations de plus de 60 Etats et gouvernements ont rendez-vous à Québec entre le 17 et le 19 octobre pour le 12e Sommet de la Francophonie.

Au menu des discussions, la crise financière et la situation politique internationale mais aussi la démocratie et l’État de droit, la gouvernance économique, l’environnement et la langue française.

Plus haute instance de la Francophonie, cette conférence réunit les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Fondée sur le partage du français, l’OIF compte 55 États et gouvernements membres et 13 observateurs, totalisant une population de 803,44 millions de personnes.

Fondée sur un ensemble de valeurs universelles, l’OIF mène une action politique en faveur de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme et anime dans tous les domaines une concertation entre ses membres.

Membre de l’OIF depuis 1989, elle participe à plusieurs organisations comme l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), l’Association internationale des Maires francophones (AIMF), TV5 Monde, l’Université Senghor d’Alexandrie.

La Suisse est aussi représentée au sein de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (AUF), de la Conférence des ministres de la Jeunesse et des sports des pays francophones (CONFEJES) et de celle des ministres de l’éducation des pays francophones (CONFEMEN).

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