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Mobilité et ouverture, facteurs d’innovation

Curiosity, le nouveau Rover que la NASA vient de poser sur Mars, a quelque chose de suisse. La firme Maxon Motors, dont les moteurs ont déjà foulé deux fois le sol de la planète rouge, a fourni cette fois des systèmes de contrôle de la mobilité. Reuters

Quand on parle de percées scientifiques et de succès industriels, innovation, mobilité et ouverture vont de pair. Chacun avec ses mots, un Prix Nobel, un ministre et un inventeur de montre révolutionnaire sont venus le répéter samedi à Lausanne, au Congrès des Suisses de l’étranger.

Après le Conseil, le Congrès. C’est la tradition des réunions d’été de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Alors que la journée du vendredi est réservée aux délibérations du «Parlement de la Cinquième Suisse», celle du samedi se veut journée de réflexions et de débats sur un thème. Au menu cette année: innovation et mobilité.

«La science ne peut pas rester innovante sans être en réseau», note le conseiller fédéral (ministre) des Affaires étrangères Didier Burkhalter. Traduisez: pas une université, pas un laboratoire de renom ne peut travailler sans l’apport de cerveaux étrangers. En Suisse, selon le ministre qui dirigeait encore récemment la formation et la recherche, les publications scientifiques faites par des équipes internationales sont plus nombreuses que partout ailleurs dans le monde.

«Tous nos professeurs sont fortement intégrés sur la scène internationale. Nos deux Ecoles polytechniques fédérales sont à la hauteur des Anglais d’Oxford et de Cambridge», confirme Stephan Morgenthaler, doyen des relations internationales de l’EPF de Lausanne. Oui. Mais les Américains sont devant…

«Cessons de nous comparer aux Etats-Unis, plaide Xavier Comtesse, directeur romand d’Avenir Suisse. Nous sommes huit millions dans ce pays. Comparons-nous donc avec quelque chose de comparable, le Massachusetts par exemple. Ils ont deux hautes écoles de pointe: le MIT et Harvard. Nous les avons aussi».

Tours de Babel

Et ici comme là-bas, ces usines à innovations de pointe sont de vraies Tours de Babel. Simplement parce que toutes les compétences nécessaires ne se trouvent pas sur place. «80% des profs des EPF ne sont pas nés en Suisse», précise le Prix Nobel de chimie Kurt Wüthrich, qui a lui aussi fait une partie de sa carrière à l’étranger. Et comme nombre de lauréats de la récompense suprême, il a mené ses travaux avec des collègues étrangers: le Japonais Kōichi Tanaka et l’Américain John B. Fenn ses co-lauréats en 2002.

Il en va évidemment de même des étudiants. Arrivé à un certain niveau, un jeune chercheur ira faire sa thèse ou son post-doc dans l’école qui correspond le mieux à ses talents et à son projet scientifique. D’où un brassage perpétuel, qui voit les étrangers former jusqu’à 50% des effectifs estudiantins en Suisse. Ce qui au passage met de l’ambiance et de la couleur dans les villes universitaires comme Lausanne. De leur côté, de nombreux jeunes Suisses deviennent très tôt des Suisses de l’étranger.

«Il est bon que les Suisses se forment à l’étranger et que les étrangers se forment en Suisse», confirme le Prix Nobel Wüthrich. «La Suisse est une grande nation de la science, et pour rester parmi les grandes, elle doit rester ouverte», ajoute le ministre Burkhalter..

Malgré le niveau d’excellence de leurs écoles, les Suisses restent toutefois assez timides. «Ils n’osent pas s’afficher avec fierté, parfois même, ils ne sont pas assez ambitieux», relève Stephan Morgenthaler, faisant écho à la formule de Didier Burkhalter: «la Suisse est un pays innovant et ouvert, mais qui ne le sait pas toujours».

Les cahiers des charges tuent la liberté créative

Innovante, la Suisse peut l’être aussi en matière industrielle. Dans les années 80, la Swatch a sauvé l’industrie horlogère de la débâcle totale. Elmar Mock, un des pères de la petite montre raconte les prémisses de cette «succes story».

«Il fallait être gonflés pour proposer une montre en plastique, une montre qui ne se répare pas. Mais on n’avait pas le choix. Si on voulait une vraie montre suisse de qualité pour le tiers du prix, on ne pouvait pas se contenter de changer un truc par ci-par-là. Quand il n’y a plus d’évolution possible, il faut faire une révolution. L’innovation ne peut pas être une simple rénovation».

Très enthousiaste, l’ingénieur biennois qui anime aujourd’hui Creaholic, sa propre société d’ingénierie et de consultations, techniques, juge aussi «qu’une de nos forces vient de l’acceptation de cultures différentes». Et s’agissant de l’innovation, celle-ci doit se faire dans la liberté, «sans cahier des charges». Mais avec responsabilité bien sûr.

«Nous aussi devons innover, mais nous avons des cahiers des charges. Et ils sont une des choses qui menacent la compétitivité de nos hautes écoles», lui répond Kurt Wüthrich. Avant d’ajouter que quant à lui, personne ne lui a fixé de cahiers des charges.

Le réseau social de l’OSE, véritable «facebook des Suisses de l’étranger», compte déjà 13’200 membres. C’est bien, mais peut mieux faire. Plus nombreux sont les membres, plus riches sont en effet les possibilités de contact.

Ariane Rustichelli, cheffe de la communication et du marketing de l’OSE, a donc créé un DVD avec présentation power point et film vidéo qui sera prochainement envoyé à tous les présidents des clubs et associations qui composent l’organisation. Charge à eux de s’en servir pour convaincre leur membres de rejoindre le réseau.

Le congrès a également été l’occasion pour Jacques-Simon Eggly, président de l’OSE, de remettre au conseiller fédéral Didier Burkhalter une pétition pour l’introduction rapide et généralisée du vote électronique, une revendication de longue date des Suisses de l’étranger.

Muni de 15’000 signatures, le texte prie notamment la Confédération et les cantons de «créer les conditions nécessaires pour que toute personne habilitée à voter puisse le faire en toute sécurité depuis l’étranger via Internet lors des élections fédérales de 2015».

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