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Eveline Widmer-Schlumpf accepte d’entrer au Conseil fédéral

Keystone

Elue hier au gouvernement contre la volonté de son groupe, l'UDC (droite nationaliste) Eveline Widmer-Schlumpf accepte son élection. Elle remplacera donc Christoph Blocher.

Du coup, l’UDC passe dans l’opposition et retire le soutien de son groupe parlementaire à ses deux conseillers fédéraux.

Eveline Widmer-Schlumpf a su faire durer le suspense. Presque trois minutes à la tribune pour tout d’abord remercier l’Assemblée de l’honneur qui lui a été fait, puis pour dire quelques mots en romanche, sa langue maternelle et pour enfin dire qu’elle accepte son élection.

«Vous m’avez confié une grand tâche, une lourde responsabilité, et je ne puis l’accepter que si je peux compter sur votre soutien», a notamment dit la nouvelle ministre, dont l’élection porte pour la première fois à trois le nombre de femmes au Conseil fédéral.

Discours très applaudi à gauche et au centre, tandis que les députés de l’UDC faisaient plutôt grise mine.

Dans l’opposition

Sitôt après, le chef de leur groupe Caspar Baader est monté à la tribune pour rappeler ce que le parti a dit depuis avant l’élection: en raison de la non-élection de Christoph Blocher, les deux conseiller fédéraux UDC Samuel Schmid et Eveline Widmer-Schlumpf sont exclus du groupe, mais pas du parti.

Et de relever au passage que la conseillère d’Etat grisonne est une personnalité «qui n’est pas connue de la grande majorité du Parlement».

L’UDC entre donc dans l’opposition. Avec l’élection d’Eveline Widmer-Schlumpf à la place de Christoph Blocher, le Parlement a montré qu’il ne voulait plus que la politique du parti soit représentée au gouvernement, a fait valoir Caspar Baader.

Pour le Bâlois, le choix de l’Assemblée fédérale foule au pied la volonté des électeurs et perturbe le système politique helvétique. L’UDC va donc continuer de combattre les décisions qui ne lui correspondent pas. «Nous ferons pression sur le Parlement et le gouvernement avec des initiatives et des référendums», a averti Caspar Baader.

«Indignation et soulagement»

«Je quitte le gouvernement, mais pas la politique», a ensuite déclaré Christoph Blocher, resté muet depuis la veille. Et de prévenir qu’il ne se privera pas de dire tout ce qu’il n’osait pas jusqu’à présent.

«J’hésite entre l’indignation et le soulagement, a lancé le tribun zurichois. L’indignation en raison de la manière avec laquelle vous ne m’avez pas réélu, notamment parce que vous ne m’avez pas dit les motifs».

Pour Christoph Blocher, ces raisons n’étaient «sûrement pas» les résultats de son travail ou le bien du peuple.

Quant au soulagement, la futur ex-conseiller fédéral le ressent à l’idée de pouvoir «recommencer à dire ce que je pense, à parler de choses dont, pour des raisons comme la concordance et la collégialité, je ne pouvais pas parler».

Ainsi, «le secret de fonction a trop souvent servi à couvrir des choses sales qu’on ne voulait pas voir. Dans l’opposition on pourra les montrer», a encore dit le vaincu.

Quant à son avenir, Christoph Blocher reprendra «très probablement» la présidence de l’UDC, a dit Yvan Perrin, le vice-président du parti.

Merz vice-président

Sa non-réélection prive évidemment Christoph Blocher de la vice-présidence du Conseil fédéral, qui aurait dû lui revenir. Du coup, l’Assemblée a procédé à l’élection à ce poste du ministre des finances radical (droite) Hans-Rudolf Merz, qui obtient 193 voix, alors que la majorité absolue était à 106.

swissinfo et les agences

Ont été élus au Conseil fédéral mercredi:

– Moritz Leuenberger: 157 voix
– Pascal Couchepin: 205 voix
– Samuel Schmid: 201 voix
– Micheline Calmy-Rey: 153 voix
– Hans-Rudof Merz: 213 voix
– Doris Leuthard: 160 voix
– Eveline Widmer-Schlumpf: 125 voix

L’élection d’Eveline Widmer-Schlumpf (51 ans) à la place de Christoph Blocher (67 ans) va quelque peu rajeunir le Conseil fédéral. Le gouvernement reste dominé par les sexagénaires, mais l’entrée de l’UDC grisonne fait passer sa moyenne d’âge en dessous des 59 ans.

Les deux radicaux Pascal Couchepin et Hans-Rudolf Merz ont déjà fêté leurs 65 ans, l’âge légal de la retraite. Les socialistes Micheline Calmy-Rey (62 ans) et Moritz Leuenberger (61 ans) ne sont plus très loin, tout comme l’UDC Samuel Schmid (60 ans). La PDC Doris Leuthard, âgée de 44 ans, reste de loin la benjamine.

Les ministres en place ne sont toutefois pas près de rattraper le conseiller fédéral radical Adolf Deucher. Celui-ci, élu à 52 ans, est mort en fonction en 1912 à l’âge de 81 ans.

Le record du plus ancien élu revient pour sa part au libéral genevois Gustave Ador, entré au Conseil fédéral en 1917 à 71 ans.

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