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Une décision «logique» pour la presse suisse

François Hollande a tiré les conséquences de son impopularité. Keystone

L’annonce de François Hollande de ne pas briguer un nouveau mandat ne surprend qu’à moitié la presse suisse de vendredi. Les commentateurs sont unanimes pour dire que le président français n’avait aucune chance devant les électeurs. 

Pour la presse helvétique, François Hollande a tiré la conséquence somme toute «logique» d’un taux d’impopularité record. S’il s’était présenté une nouvelle fois devant les électeurs, le président français n’aurait certainement eu aucune chance. Il n’aurait peut-être même pas réussi à passer le cap d’une élection primaire à gauche. 

«A six mois de l’élection présidentielle, le locataire de l’Elysée devait prendre acte d’une incapacité à renouer avec son électorat. A gauche, son premier ministre Emmanuel Valls sera plus crédible, alors qu’à droite, François Fillon s’est ouvert un boulevard», note par exemple la «Tribune de Genève». 

«Son mandat était, depuis des semaines, en train de s’enliser dans le pire des marécages: celui du discrédit personnel, des batailles de personnes, des arrangements tactiques à courte vue. Avec le risque, en France comme à l’étranger, d’un affaissement des institutions et du rang occupé par la cinquième puissance mondiale dans le concert des nations», constate pour sa part «Le Temps». 

«Après la brusque fin de carrière de Nicolas Sarkozy, François Hollande aura donc lui aussi été emporté par le discrédit fatal qui frappe, désormais, tout chef d’Etat français pris en flagrant délit de promesses non tenues ou de valeurs reniées», écrit «La Liberté». 

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Courageux ou pathétique? 

Reste que la décision de François Hollande n’allait pas de soi. Tous les commentateurs soulignent d’ailleurs qu’aucun président n’avait encore agi de la sorte sous la Ve République. 

Pour la plupart d’entre eux, en sachant tirer les conséquences de son impopularité, le président a fait un choix courageux. «François Hollande, hier, s’est comporté en président digne et responsable. Cela doit être mis à son crédit», écrit ainsi «Le Temps». 

La correspondante du «Bund» à Paris estime que «sa décision est aussi courageuse qu’inattendue. Le président de la France a probablement regagné auprès de ses compatriotes cette crédibilité qu’il avait auparavant perdue.» 

«Paradoxalement, la décision de François Hollande traduit de sa part un certain courage. Que le président sortant ne se représente pas est une première sous la Ve République. François Hollande aura su braver son ego bien dimensionné. Le bilan extrêmement positif qu’il s’est dressé lui-même hier soir en dit long sur ce qu’il pense de son action», relève le «Quotidien jurassien». 

Mais tous les commentateurs ne sont pas aussi positifs. «La Liberté» a la dent particulièrement dure. «Un peu à l’image de celle de Sarkozy, la sortie de piste de Hollande avait quelque chose de pathétique, hier soir. Rarement un président n’est apparu si seul dans la défense de son bilan.» 

Les avis sont également contrastés quant à l’impact de ce retrait sur l’image de François Hollande. Pour «L’Express», «avec son annonce d’hier soir, accompagnée d’un discours plein d’autosatisfaction sur son bilan, il s’assure une porte de sortie honorable. Quel que soit le résultat au soir du 7 mai prochain, François Hollande n’aura pas à subir l’humiliation d’une défaite électorale.» 

Là aussi, «La Liberté» se fait plus dure. «Celui-ci avait bel et bien le ‘choix’ entre deux moments d’humiliation. L’un immédiat: celui d’hier soir, la voix blanche, avouant son échec à rassembler son propre camp. L’autre eût été plus douloureux encore: à savoir, l’élimination presque assurée lors de la primaire de gauche, en janvier, face à des rivaux aux dents aiguisées comme des banderilles.» 

Cartes redistribuées 

Une chose est sûre, c’est que l’annonce de ce retrait ouvre le jeu en vue des prochaines élections. 

«Les cartes pour les présidentielles d’avril prochain sont ainsi totalement redistribuées. Deux des figures centrales des dix dernières années, François Hollande ainsi que l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy, sont hors-jeu», écrit la correspondante du «Bund». 

Il est cependant difficile pour les commentateurs de prédire si, débarrassée de l’hypothèque Hollande, la gauche réussira à relever la tête pour barrer la route à l’ancien Premier ministre de droite François Fillon. Beaucoup souhaitent en revanche que la France ne cède pas aux sirènes des extrêmes. 

«Avec la sortie des deux chefs de l’Etat, les Français regardent résolument vers l’avenir. Et il est à espérer qu’après la frustration de ‘deux mandats perdus’, ils ne tombent pas dans l’autre extrême avec Marine Le Pen», écrit la «Luzerner Zeitung». 

«Il faut surtout espérer que Marine Le Pen, peste brune déguisée en blonde, ne gravira pas les marches du Palais», renchérit la «Tribune de Genève».

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